Namibie - la colonie d'otaries de Cape Cross
Située à 120 kilomètres au
nord de la ville de
Swakopmund, sur la côte
ouest namibienne, se trouve
le Cap Cross, qui abrite la
plus grosse colonie au monde
d’otaries à fourrure de
Namibie (Arctocephalus
pusillus). Le lieu est
doublement intéressant : pour
les animaux évidemment,
mais historiquement
également car ce Cap nous
renvoie aux grandes épopées
maritimes du XVème siècle.
Otaries à fourrure de Namibie (Arctocephalus pusillus)
Parlons un peu histoire : le Cap Cross fut atteint pour la première fois en 1486 par le navigateur portugais Diogo Cao, alors
sous le commandement du Roi du Portugal. Sans doute attiré par la colonie d’otaries, il érigea en cet endroit une croix (d’où le
nom du Cap), marquant ce qu’il croyait alors être le point le plus au sud du continent africain. Il faut dire que par temps brumeux, le
cap en forme de pointe ne laisse pas apparaître la côte qui continue plus au sud. En réalité Bartolomeu Dias continuera plus au Sud,
toujours sous les ordres du même roi Jean II, et trouvera le cap de Bonne Espérance. La croix qu’il érige fut apportée depuis le
Portugal. En calcaire, elle pesait plus d’une tonne et était constituée de trois parties : une colonne circulaire surmontée d’un bloc
carré et de la fameuse croix. Un blason et quelques inscriptions portugaises et latines complètent l’ensemble. En 1893, alors que la
Namibie est sous contrôle allemand, la croix, montrant des signes de détérioration, est enlevée et amenée à Kiel, avant d’être
exposée dans un musée berlinois. La croix que l’on voit donc aujourd’hui est une réplique en granite. Ci-dessous, une inscription
gravée dans la pierre rappelle la découverte du navigateur Diogo Cao.
2 - pierre rappelant la découverte du site
Les alentours de Cape Cross sont entièrement désertiques, mais on y trouve tout de même des trésors, comme
cet incroyable carabe à gauche : cet insecte du nom savant de Stenocara eburnea est le seul au monde à avoir
les élytres blanches ! Le SEUL ! Il arrive à survivre à l’aridité absolue du Namib grâce à une adaptation
comportementale unique : l’insecte attend le matin, souvent propice à quelques brouillards qu’il va bien
compter récupérer. Il se place contre le vent et laisse les gouttelettes d’eau s’accrocher à l’arrière de ses
élytres. On ne comprend pas encore très bien comment l’insecte réussit à transformer l’humidité ambiante en
gouttes d’eau contre son corps mais toujours est-il qu’il réussit à boire ! Cet insecte incroyable attire même des
chercheurs qui tentent de reproduire sa stratégie pour, par exemple, concevoir des revêtements (une tente par
exemple) qui puissent concentrer le brouillard pour le transformer en eau.
A quelques mètres de la colonie d’otaries, deux Chacals à chabraque (Canis mesomelas) patrouillent sur la plage. Cette espèce de chacal habite deux larges régions distinctes d’Afrique : une au Kenya, et l’autre en Afrique australe, pourtant séparée de 900 kilomètres. Le chacal à chabraque serait, d’après les scientifiques qui ont étudié bon nombre de fossiles, le plus ancien représentant du genre Canis. Son nom anglais « chacal à dos noir » suggère bien sa caractéristique la plus aisément reconnaissable… Le poitrail quant à lui est couleur crème et le reste du corps roussâtre. Les spécimens dans le sud de leur aire de répartition (c’est le cas ici à Cape Cross) tendent à être un peu plus grands que leurs confrères du nord, avec un poids de 11 à 12 kilos pour une hauteur de 40 cm. Les chacals se nourrissent un peu de tout, ils errent aussi autour des campements humains (comme on en fera l’expérience au parc d’Etosha). Le groupe de Cape Cross est bien connu et étudié car 80 chacals mettent parfois leurs efforts en commun pour attaquer la colonie d’otaries et emporter des jeunes ou des individus faibles.
Ce n’est pas un hasard si on les voit en couple sur la photo, car les chacals à chabraque vivent en paire pour la vie, même si on les trouve aussi chassant en groupe lorsqu’il s’agit d’attraper des proies plus imposantes, comme les impalas. Ils sont actifs surtout la nuit, même si comme ce fut le cas ce jour-là on peut les voir patrouiller en plein jour. Très territoriaux, chaque couple occupe un espace précis. Leurs prédateurs, hormis l’homme qui le tue pour sa fourrure ou pour se venger de certaines tueries dans les troupeaux, sont les léopards.
L'Otarie à fourrure australe (Arctocephalus pusillus), possède plusieurs noms
vernaculaires : de Namibie, du Cap, brune, ou d’Australie. Elle possède une tête
large et un museau pointu. Les plus gros mâles peuvent mesurer plus de deux mètres
pour un poids de 350 kilos. Ils ont un ventre clair tandis que les femelles sont plus
sombres en dessous. Ces otaries de Namibie choisissent de préférence des sites
rocheux, mais on trouve quelques colonies d’Afrique du Sud qui se sont installées sur
des plages de sable. Elles vont régulièrement en mer pour pêcher des crustacés et des céphalopodes. Les eaux de la côte occidentale
d’Afrique australe sont très riches, grâce aux remontées de courants d’eau froide (phénomène d’upwelling).
Rappelons que le nom « otarie » vient du grec « otarion » qui signifie « petite oreille » : contrairement aux phoques en effet, qui ont un trou à l’arrière des yeux, les otaries possèdent une oreille externe, très bien visible sur les photos ci-dessous.
Otarie à fourrure australe (Arctocephalus pusillus) |
La colonie du Cape Cross est la plus importante au monde. Une photographie panoramique (voir ci-dessus) permet d’avoir une
petite idée de la population, qui va commencer en octobre la saison nuptiale. Même si tout paraît anarchique, il n’en est rien !
Chaque territoire, durement acquis avec force batailles et combats, est respecté, et le territoire d’un mâle englobe celui de plusieurs
femelles. On considère la taille d’un harem à environ 50 femelles. Les jeunes voient le jour entre novembre et décembre, en plein
été austral.
La parade nuptiale recommence alors juste après et les femelles choisissent un mâle (contrairement à de nombreuses autres espèces
d’otaries, les femelles de celle-ci sont libres de choisir leur partenaire). Les jeunes seront sevrés à quatre mois, grâce aux aller-retour
continus dans l’océan de leur mère. A sept mois seulement, ils sont capables de nager durant trois jours de suite, sans se reposer !
Pour ces otaries, la plus grande menace vient des grands requins blancs, qui font de vrais ravages dans les colonies lorsqu’elles sont
à l’eau. Diverses stratégies sont alors développées pour limiter les pertes : nager en groupe ou s’échapper dans diverses directions
pour créer un mouvement de panique…
un repos bien mérité
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Namibie - la colonie d'otaries de Cape Cross
Reviewed by RENOULT
on
06 mars
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