Calatanazor est un minuscule village de Castille-et-Leon, dans la province de Soria, qu'il ne faut surtout pas manquer. L'ambiance médiévale dans les rues est vraiment extra, et on déambule dans un village qui, mine de rien, a eu une importance capitale dans l'histoire de la Reconquista espagnole face aux musulmans. Tout commence au niveau de la forteresse, au bout de la rue principale, du haut de laquelle vous aurez un super panorama sur le village et le paysage aux alentours, avec en prime la possibilité d'admirer des vautours fauves, nombreux dans le coin. C'est ici qu'eut lieu une victoire restée légendaire, celle du roi de Navarre sur le célèbre Almanzor, en 1002. Bilan : 50 000 morts au pied de la colline et l'Histoire qui bascule. Aujourd'hui, il reste le plaisir de se promener dans ce super village qui a conservé de très belles maisons.
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Rue principale, toute en montée, de Calatanazor, qui s'élève vers la forteresse. L'harmonie architecturale est totale, on a adoré ! |
Le château de Calatanazor domine le village. C'est lui qui aurait donné son nom au lieu, puisqu'en arabe, Qalat al-Nasur signifie "le château des aigles". Des aigles et des vautours, dans cette vallée de la Sangre, il y en a. Mais l'édifice fut apparemment construit après la célèbre victoire chrétienne contre les troupes d'Almanzor. On pense en effet que c'est au cours du XIIème siècle que la première pierre aurait pu être posée. Il a appartenu à des personnalités notables de Castille. Il subsiste aujourd'hui la belle tour de l'Hommage, qu'il est possible de gravir pour jouir du panorama (voir plan ci-contre). Une fenêtre gothique a été préservée. On peut également observer les douves qui l'isolaient et le défendaient du côté de la population.
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Ce qu'il reste du château de Calatanazor, avec la tour de l'Hommage qui fut remontée. |
Nous sommes en 1002 : Almanzor, général des armées du calife de Cordoue Hisham II, véritable souverain d'Al-Andalus (Andalousie), est posté dans le secteur avec ses troupes, ayant ravagé avec succès depuis deux décennies le vaste secteur chrétien situé entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Barcelone. Il est néanmoins affaibli et malade. Sancho Garcia, comte de Castille, qui avait déjà affronté Almanzor deux ans auparavant, se dit que le moment serait peut-être venu de profiter de cette faiblesse des armées mahométanes jamais observée alors. C'est ainsi qu'eut lieu la bataille de Calatanazor, à cheval entre le fait historique et la légende. Une légende raconte qu'Almanzor aurait perdu un tambour qu'il portait toujours avec lui et qui lui apportait son invincibilité. Les troupes de Sancho Garcia ont chargé dans la vaste plaine qui s'étale aux pieds du village. Almanzor est mort peu de temps après, et fut enterré à Medinacelli.
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Du sommet de la tour, belle vue sur le village et la plaine environnante. |
Observer le village depuis le haut de la tour permet de bien voir son organisation toute simple, avec une rue escarpée qui constitue l'axe principal conduisant à la place, lieu névralgique avec le château et le rollo (rouleau juridictionnel, voir plus bas) que l'on peut d'ailleurs observer sur la photo, au centre de la place triangulaire. Tout le village témoigne de cette époque médiévale : les rues pavées de pierres, les maisons enduites de boue et de paille, ou de pierre brute, les charpentes en bois de genévrier, les anciennes cheminées coniques... Une muraille défensive entourait l'ensemble.
| Autre vue depuis le sommet sur le reste du système défensif. |
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| Un vautour fauve survole le village. Calatanazor, c'est "le château des aigles" en arabe. |
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Se promener dans les ruelles de Calatanazor, c'est donc effectuer un vrai bond dans le passé, tant l'architecture vous y replonge. Les habitants ont su profiter des ressources naturelles de leur environnement pour y prendre les matériaux nécessaires à la construction du village. La pierre, l'argile et le bois de genévrier se trouvent abondamment aux alentours, et c'est tout naturellement qu'ils se retrouvent dans chaque habitation. Notez aussi les belles maisons à arcades qui sont soutenues par d'épaisses poutres.
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Ruelle principale du village avec ses maisons à arcades. |
| Une rue toute en montée. |
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| Enseigne en fer forgé. |
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| Vers le haut de la rue. |
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| Vue d'ensemble permettant d'apprécier les murailles. |
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Apparemment en été il y a beaucoup de monde. Nous, nous étions seuls en février, ce qui a aussi son charme ! Cela participe encore plus à la plongée dans le passé.
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Rue principale tortueuse conduisant à la place. |
Au milieu de la place se dresse une curieuse colonne : c'est le rouleau de justice. Il s'agit d'une colonne de pierre généralement surmontée d'une croix ou d'une boule, élevé systématiquement dans les villages pour marquer les limites territoriales. Surtout, il partageait avec le pilori des fonctions liées à l'exécution des peines de mort. On les trouve donc dans les juridictions qui disposaient d'un maire, qui avait le pouvoir de juger, et donc de condamner à mort. Le rouleau servait aussi à punir des malfaiteurs condamnés à des peines plus légères : après avoir été fouetté, la victime était attachée et exposée contre la colonne, à la vue de tous.
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Le rouleau des peines de la place principale. Notez, sur le toit des maisons en arrière-plan, les cheminées typiques du village en forme conique. |
Calatanazor possède bien entendu une église, Notre-Dame, un édifice à nef unique d'origine romane, bien qu'il ne reste pratiquement rien de cette époque, excepté la rosace circulaire et le portail.
| Autre vue du rouleau. |
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| Ruelle donnant sur l'église Notre-Dame. |
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| Portail roman de l'église Notre-Dame. |
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| Eglise de Calatanazor avec la face romane et son oculus (rosace). |
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