Parme, en Emilie-Romagne, mérite la visite pour ses nombreux monuments d'intérêt. Si la ville est d'origine étrusque, elle fut ensuite romaine avant d'être renommée Chrisopoli, la "cité d'or" durant l'époque byzantine. Mais la grande majorité des monuments que l'on visite de nos jours datent de la période entre le XIème siècle, comme la cathédrale, jusqu'au XVIIème siècle. A partir du XVIIIème, avec l'influence des Bourbons d'Espagne, Parme devient une sorte d'"Athènes d'Italie", avec de nombreux artistes qui viennent s'y établir, que ce soit dans le domaine de la peinture ou de la musique. Parme attire, magnifiée par la vision de Stendhal dans sa chartreuse, et qui rendit Proust si pressé de la visiter.
Coupole du magnifique baptistère.
Teatro Regio
Dès le petit matin, nous avons commencé par une visite guidée de l'opéra de la ville, un des plus beaux d'Italie. Parme et la musique, c'est une belle histoire. Dès le XVIème siècle, cet art fut favorisé à Parme par la cour des Farnèse, mais c'est vraiment à la fin du XVIIIème siècle que l'activité musicale prend son envol. De nos jours, le public parmesan est considéré comme un des plus exigeants et compétents au monde et l'opéra de Parme, certes moins connu que la Scala de Milan ou la Fenice de Venise, reste un des hauts-lieux de cet art dans le pays.
La somptueuse salle du Teatro Regio. On voit, au-dessus de la porte d'entrée principale, la loge des ducs de Parme.
Cet opéra a été réalisé au XIXème siècle, sur ordre de la duchesse Marie-Louise d'Autriche. Il peut accueillir, dans ses 112 loges, 1200 personnes au total. Quand on entre, la vision est vraiment impressionnante ! Un énorme lustre descend du plafond peint en 1828 et qui représente les figures des plus grands dramaturges (Sénèque, Euripide, Plaute...). Ce lustre de plus d'une tonne était éclairé au gaz à l'époque. De nombreux petits lustres sont placés le long des loges.
La salle avec vue sur la scène.
Outre cette incroyable salle et ses quatre étages, que vous aurez aussi l'occasion de voir depuis le haut, vous verrez de plus près les loges, ainsi que le vestibule d'entrée avec son plafond à caissons en stuc.
Vestibule aux colonnes ioniques.
Plafond de la salle principale.
Vue depuis une des loges.
Vue de la salle depuis le dernier niveau.
Basilique Santa Maria della Steccata
C'est un bel édifice non loin de l'opéra qui symbolise la Renaissance à Parme. Son nom, "palissade", vient d'une anecdote du XIVème siècle. Un oratoire fut en effet élevé à cet endroit afin de recevoir une image miraculeuse de Saint Jean Baptiste. Mais, afin de la protéger de la foule qui affluait pour se rendre compte des choses incroyables que l'on devait à cette image, on construisit une palissade tout autour. C'est en 1521 que débutent les travaux. Le célèbre architecte Sangallo, de passage à Parme, aurait dessiné le plan de la coupole, qui ressemble beaucoup à celle de Saint-Pierre au Vatican. La forme de l'édifice est une croix grecque.
Vue extérieure de la basilique.
Vue d'ensemble de l'intérieur.
La coupole avec l'Assomption de Bernardino Gatti.
Piazza Garibaldi
C'est le véritable centre de la ville de Parme. Cette agréable place est fermée par le palais des Gouverneurs au nord ; c'est ici, depuis l'époque romaine (le forum était juste ici) que les affaires civiles se jouent.
Place Garibaldi
Duomo
La cathédrale de Parme est un très bel exemple roman, remontant au XIème siècle. L'intérieur est très richement décoré et aucun espace ou presque n'est laissé sans fresque. Si la structure romane a été conservée, toute la décoration est de la période Renaissance. Le long de la nef, le plafond est couvert de représentations de scènes de l'Ancien Testament.
La façade de la cathédrale, de style roman : la partie inférieure possède trois portails, sans aucune décoration. Deux petits latéraux et un grand central, chacun surmonté d'une lunette. Le portail central est précédé d'un porche reposant sur deux colonnes corinthiennes, elles-mêmes posées sur un lion. Au-dessus, une loggia avec une voûte à double pente. La partie supérieure de la façade est, elle, très travaillée, avec toutes ces fenêtres à meneaux. Sur sa droite s'élève le spectaculaire campanile, de 63 mètres de hauteur. Il remonte au XIIIème siècle, dans le style roman lui aussi. A droite enfin, le célèbre baptistère rose, que l'on visitera juste après.
Intérieur de la cathédrale, avec toutes ses fresques. Au fond, sur la contre-façade, Ascension du Christ de Lattanzio Gambara, en 1571. C'est également à ce peintre que l'on doit toute la décoration des murs de la nef.
L'oeuvre la plus célèbre du Duomo est au niveau de la coupole : il s'agit de l'Assomption de la Vierge peinte par le Corrège. 650 mètres carrés de peinture tout de même ! C'est en 1530 que le Corrège acheva cette commande, avec ses centaines d'anges et d'apôtres, tournoyant dans une spirale de nuages. Au centre, la Madone trône, accompagnée d'Adam et Eve. Dieu est présent sous la forme de la grande lumière jaune au centre de la fresque.
Nef, vue depuis l'entrée vers l'abside.
Riche décoration d'une chapelle.
Vue d'ensemble de la croisée avec la coupole.
Détail de la coupole peinte par le Corrège.
Baptistère
Le baptistère de Parme est le monument emblématique de la ville. C'est un peu pour lui qu'on est venus pour tout dire. Il est dédié au rite baptismal bien entendu, mais joue aussi le rôle d'église, possédant un autel. Il remonte à la fin du XIIème siècle, à une période de transition entre roman et gothique. Plusieurs phases vont se succéder, puisque l'architecte principal, un certain Antelami, meurt avant la fin des travaux, alors que l'édifice ne fait que 14 mètres de hauteur. C'est au XIVème que, finalement, la cinquième galerie aveugle est terminée et les clochetons placés sur le toit.
Extérieurement, l'édifice, qui ressemble à une grosse bonbonnière rose, est octogonal, en marbres blancs et roses de Vérone. Trois des huit côtés sont occupés par une porte. Les cinq autres ont un grand arc aveugle. Quant à la frise qui court vers le haut de la première galerie, il s'agit de figures en bas-reliefs qui représentent les principales vertus, mais aussi les vices humains suggérés à l'aide d'animaux et de monstres : afin de reconquérir un comportement vertueux, il faut retrouver la foi et donc redevenir un humain...
le Campanile à gauche, le baptistère à droite ; au centre, le campanile de San Giovanni Evangelista
Portail nord, le principal, dit "portail de la Vierge" ; la porte est encadrée des arbres de Jacob et de Jessé.
Le chiffre 8, qui renvoie ici à la forme octogonale de l'édifice, est sacré dans le christianisme. En effet, il symbolise la Résurrection. C'est le premier jour de la semaine, donc le huitième, après les six jours et le sabbat, et donc un jour de renouveau et de résurrection. Le baptême permet, précisément, la renaissance (la cuve baptismale est presque toujours octogonale).
Le spectaculaire intérieur du baptistère de Parme !
L'intérieur est très impressionnant. Là encore les chiffres ne laissent rien au hasard. De l'extérieur octogonal, on pénètre dans un espace à seize côtés qui se réunissent en un seul point au niveau du ciel. Il se dégage de cet espace une impression de légèreté. Au centre, la cuve baptismale octogonale en marbre de Vérone est surélevée de deux marches, octogonales elles aussi. La décoration murale, quasiment exclusivement en fresques, est insensée ! Un message est raconté en lisant l'ensemble du bas (les murs) vers le haut (la coupole). De l'Ancien Testament, avec des scènes comme la fuite d'Egypte, au Nouveau, avec des épisodes de la vie du Christ.
Exemple parmi les 16 niches du niveau inférieur. Vierge à l'enfant sur son trône au milieu.
Autres niches avec le baptême du Christ à droite.
San Giovanni Evangelista
Il s'agit d'un édifice religieux important, à l'Est de la cathédrale. Cette basilique abbatiale fut reconstruite dès 1490 suite à un important incendie qui détruisit le bâtiment existant. C'est encore une fois à Corrège, alors jeune artiste, qu'est confiée la décoration intérieure.
Façade en marbre de l'église, conçue en 1604, flanquée de son clocher haut de 75 mètres, ce qui en fait le plus important de la ville.
Sur le plan d'une croix latine, la nef est flanquée de deux bas-côtés couverts de voûtes croisées, et d'un dôme au croisement. La longue frise monochrome qui court sur les côtés est signée Corrège et son atelier. Mais l'oeuvre la plus importante est la coupole (photo ci-dessous à droite), toujours de cet artiste, réalisée en 1520, et représentant la vision de Saint Jean, avec l'apôtre admirant les cieux grands ouverts desquels apparaît un Christ éblouissant.
Nef de l'église.
Coupole du Corrège.
Camera di San Paolo
La chambre de San Paolo est une salle de l'ancien monastère de Saint-Paul, dont la voûte est entièrement peinte par Corrège. On doit cette pièce à Giovanna Piacenza, abbesse du monastère, qui se mit en contact avec le jeune artiste. Cette oeuvre de 1520 marqua pour lui le début d'une longue carrière, qui en fit un des plus célèbres peintres de cette époque dans le pays. Durant deux siècles, cette décoration est demeurée quasiment secrète, puisque le couvent empêchait toute visite masculine. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIème siècle que l'oeuvre fut connue du public.
Vue d'ensemble de la chambre de San Paolo, avec Diane en bas, et la voûte décorée par Corrège.
A l'origine, il y avait un complexe de six pièces, formant l'appartement privé de l'abbesse Piacenza. Cette célèbre chambre San Paolo, par ailleurs, a une fonction qui demeure inconnue : simple petit studio, salon ou salle à manger. Depuis une base carrée, une voûte de style gothique s'élève, parfait exemple de peinture illusionniste, puisque l'artiste a voulu imiter une pergola ouverte sur le ciel. Les nervures, peintes, imitent du bambou. Au centre, on trouve le blason de l'abbesse. Dans chaque ouverture de la voûte se trouvent des groupes de puttos, sortes de chérubins potelés, accompagnés de symboles de chasse. Enfin, des lunettes représentent des niches en trompe-l'oeil. Au-dessus de la cheminée, Diane est debout sur son char remorqué par des cerfs.
Chambre des hérauts, peinte par Alessandro Araldi en 1514.
Une autre pièce vaut le coup d'oeil, la chambre des hérauts. Sur un fond bleu foncé, l'artiste a représenté une quantité impressionnante d'angelots musiciens, avec au centre une petite balustrade ouverte sur un ciel dégagé, ce qui n'est pas sans rappeler la célèbre salle des époux peinte par Mantegna à Mantoue.
Autre vue de la Camera di San Paolo.
Palazzo della Pilotta
Le Palazzo della Pilotta tire son nom du jeu de la pelote basque, pratiqué par des soldats espagnols dans une des cours de ce palais. Aujourd'hui, l'immense complexe abrite plusieurs musées, ainsi qu'une vaste bibliothèque et un théâtre en bois très curieux. Il a été construit vers 1580 par Octave Farnèse.
La façade austère du palais.
La bibliothèque palatine occupe toute une aile du palais et fut fondée au XVIIIème siècle. Elle possède plus de 700 000 volumes, dont de précieux manuscrits. La salle de lecture principale, nommée Maria Luigia, s'étire tout en longueur.
La salle de lecture principale de la bibliothèque palatine.
Le théâtre Farnèse était le théâtre de la cour des ducs de Parme et de Plaisance. C'est un édifice magnifique, car il sort vraiment de l'ordinaire ! Il fut construit en 1618 dans une vaste salle de ce palais della Pilotta, d'ordinaire dévolue aux tournois armés. La cavea, ou gradins, en forme de U, permet d'accueillir 3000 spectateurs. Toute la structure est en bois d'épicéa et recouverte de stuc peint afin d'imiter le marbre. Malheureusement, ce n'est pas l'original que l'on voit de nos jours, car il fut entièrement détruit durant un bombardement de la seconde guerre mondiale, avant d'être remonté à l'identique dans les années 1960.
Vue d'ensemble du théâtre.
Cavea pour les spectateurs.
Autre vue des gradins.
La galerie nationale de Parme est le musée de peintures principal de la ville, au coeur du palais. De nombreux maîtres de l'art italien y sont exposés. La collection a débuté grâce à la famille Farnèse, qui fit transférer une partie des oeuvres depuis Naples.
Une galerie du musée de peintures.
La Scapigliata - Léonard de Vinci - 1508. Il s'agit d'une peinture au plomb du maître, sur bois, et sans doute inachevée, ce qui n'étonnera pas venant de Léonard qui avait pour habitude de ne pas achever ses oeuvres. La tête se détache vivement de l'arrière-plan, avec un début d'épaules, et une posture de trois-quarts vers la gauche. Les lèvres de la jeune fille trahissent un léger sourire.
Antonio Canova - Portrait de Marie Louise d'Autriche en robe de Concordia - 1811
Statue d'Hercule, collection Farnèse.
Parmigianino - Esclave turque - 1533
El Greco - la guérison de l'aveugle - 1573
Un immense set de table...
Paolo Veneziano - Triptyque avec crucifixion - 1350
Caneletto - Capriccio avec des bâtiments palladiens - 1756
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