Dans le nord-ouest de la Sicile, sur la commune de Castellammare , s'étendent sept kilomètres de rivages intacts, préservés du béton grâce à une petite réserve naturelle, Zingaro, la première de l'île. Ses 1700 hectares furent en effet les premiers, en 1981, à la suite de protestations après des projets immobiliers, à recevoir une protection en Sicile. Et quel bonheur pour le promeneur aujourd'hui ! Deux sentiers permettent de longer la côte, un qui reste au niveau de la mer, et l'autre plus au-dessus dans les collines. Au printemps, les fleurs sont partout, et très diversifiées. Un beau coin de nature sur fond de mer turquoise par endroits, avec des criques enchanteresses. L'été, ce doit être bondé, mais nous avons pu en profiter lors d'une belle journée hivernale. Et en février, de nombreuses fleurs étaient déjà de sortie !
Cala Capreria, une petite crique aux eaux translucides dans la partie sud de la réserve.
C'est donc miraculeux à l'échelle de la Sicile de ne pas avoir de route côtière à cet endroit, et c'est pourtant ce qui a bien failli se faire dans les années 1970. La route avait commencé à être tracée, et il reste même un tunnel dans la partie Sud (photo ci-dessous à gauche). Jusqu'en 1960, date à laquelle s'est éteinte la dernière habitante de cette région restée sauvage, c'est en mulet que l'on parcourait les sentiers. La levée de boucliers qui s'en est suivie a donc permis de protéger en 1981 cet espace remarquable.
Début de la route prévue dans les années 70, avec le premier tunnel.
Méditerranée avec des tapis d'euphorbes au premier plan.
Toute la côte est en calcaire, parsemée de petites grottes, voire même de beaux trous, comme la fameuse grotte de l'Uzzo dont on parlera plus bas. Les falaises sont omniprésentes, entrecoupées de quelques criques. Elles culminent à presque 1000 mètres d'altitude au point le plus élevé.
Autre vue de la Cala Capreria.
Petites rencontres animalières...
Eublemma ostrina - Anthophile pourpée
Podarcis siculus - Lézard sicilien
Pieris rapae - Piéride de la rave
Pararge aegeria - Tircis
Le sentier le plus emprunté (puisqu'il faut obligatoirement marcher pour visiter Zingaro) est le côtier. Il peut se prendre depuis le sud, à Scopello (n'oubliez pas au passage de visiter cette petite marine absolument charmante), ou bien depuis le nord, commune de San Vito Lo Capo. Il faut compter deux bonnes heures l'aller simple pour parcourir les sept kilomètres de sentier. A moins d'avoir placé deux voitures, il vous faudra donc faire demi-tour. Un autre sentier, à mi-pente, vous occupera cinq heures en vous conduisant par des villages pittoresques aujourd'hui désertés. Le circuit haut, plus difficile, nécessite sept heures.
Sur le sentier bas, en marchant vers le Nord. La végétation rase parsemée de palmiers nains est typique de la réserve.
La plus grande cavité de la réserve est la grotte de l'Uzzo, un des sites préhistoriques les plus importants de toute la Sicile. Il y a 10000 ans, des hommes étaient installés ici, et les archéologues ont réussi à reconstituer leur mode de vie d'alors. Bien plus anciens encore, on a retrouvé des restes d'ossements de rhinocéros, de lions et de mammouths !
L'immense porche de la grotte de l'Uzzo se voit de loin !
Cette belle grotte devait servir d'abri pour la nuit à ce petit groupe de chasseurs-cueilleurs, ainsi que de protection contre les bêtes sauvages. On a la certitude qu'ils se sont installés durablement ici, cultivant la terre et se nourrissant de poissons, très abondants à proximité de leur grotte.
Sous le porche de la grotte.
En approche.
Un petit musée aménagé dans une des maisons restaurées.
Vue vers le nord depuis les environs de l'Uzzo.
Sur le chemin direction plein Nord.
La flore de la réserve de Zingaro est très riche, avec environ 670 espèces sur 1700 hectares seulement, et quelques endémiques très rares, comme un magnifique safran que nous avons eu la chance de voir (photo plus bas), ou quelques orchidées. Plusieurs écosystèmes méditerranéens peuvent se côtoyer : forêts de chênes verts, de chênes liège, mais aussi prairies de fougères, de palmiers nains ou de graminées, qui sont les éléments les plus fréquents. D'une manière générale, le maquis est bas, avec quelques oliviers sauvages et de nombreuses euphorbes. Plusieurs espèces non indigènes ont été introduites pour la culture, comme l'amandier, la caroube ou la vigne. Même les écosystèmes plus typiques ont été modifiés par l'intense activité agricole qui était présente durant des siècles sur la côte.
Teucrium fruticans - Germandrée arbustive
Silene colorata - Silène coloré
Romulea linaresii, une magnifique endémique (un safran)
Muscari commutatum
Micromeria graeca - Micromérie de Grèce
Micromeria graeca - Micromérie de Grèce
Matthiola tricuspidata - Giroflée à trois cornes
Lotus tetragonolobus - Lotier cultivé
Iberis semperflorens - Ibéris toujours fleuri
Hedysarum coronarium - Sainfoin d'Espagne
Glandora rosmarinifolia, une autre endémique
Euphorbia spinosa - Euphorbe épineuse
Euphorbia characias - Euphorbe des vallons
Chamaerops humilis - Palmier nain
Cerinthe major - Grand mélinet
Brassica villosa - Chou sauvage velu
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Sicile - Réserve naturelle de Zingaro
Reviewed by RENOULT
on
04 mars
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