Le lac Chini, dans le sud-est de la Malaisie, est le deuxième plus grand lac d'eau douce de la péninsule. Grâce à l'apport des eaux de la rivière Pahang, il s'étend sur plus de 5000 hectares. A son extrémité, un barrage a été construit afin de retenir l'eau pour aider à mieux passer la saison sèche. Pour la richesse de son avifaune et la préservation de cet état en danger (on ne peut pas dire que le gouvernement malais fasse preuve de beaucoup d'esprit vert...), l'Unesco a classé le site réserve de biosphère. Vous devrez louer un bateau avec pilote pour profiter de ce vaste lac, qui se révèle labyrinthique tant la végétation est dense. Surtout, on vous arrêtera de l'autre côté du lac dans un village traditionnel des plus anciens habitants de Malaisie, les Orang Asli. Pas une grande expérience, on en parle plus bas.
Vue générale du lac Chini, avec ses nombreux îlots de végétation. |
Ce réseau de treize pièces d'eau interconnectées a, comme tout endroit qui se respecte, de nombreuses légendes, et Chini ne déroge pas à la règle, puisque les habitants en font le repaire d'un monstre géant, le dragon Seri Gumum. La tribu Jakun, qui habite encore les rives du lac, était en train de défricher la forêt et de cultiver la terre pour s'installer durablement lorsque, surgissant de la forêt, une vieille femme un peu sorcière sur les bords se planta devant eux, les accusant de ne pas avoir demandé la permission aux esprits. Elle planta son bâton dans le sol, en leur demandant de ne jamais le retirer. Un jour, un chien se mit à aboyer contre une bûche de bois toute pourrie qu'il avait déniché au bord de la forêt. Les habitants se sont amusés à jeter des bâtons sur cette bûche, et du sang se mit à en sortir. Des éclairs illuminèrent le ciel et des torrents d'eau s'abattirent. Dans la panique pour se mettre à l'abri, le bâton fiché dans le sol fut renversé et une énorme fontaine en jaillit. Le lac Chini fut créé, eh oui, et les habitants réalisèrent que la bûche désormais sous l'eau était un serpent qui habite désormais le lac. Malheureusement, comme pour Nessie avec qui il est parfois comparé, personne n'a jamais réussi à lui remettre la main dessus.
Des habitants des rives du lac s'apprêtent à partir en bateau. |
Au niveau flore, les rives sont relativement riches, avec 140 espèces. A la fin de l'été, une grande partie du lac voit les nénuphars fleurir, et la surface se teinte alors de rose pourpre.
Naja sumatrana - un Cobra cracheur qu'il ne vaut mieux pas approcher... |
"Orang Asli" est un terme générique pour désigner les populations indigènes. On peut le traduire par "gens des origines". Ce sont donc toutes les populations qui étaient présentes dans la péninsule avant l'arrivée des malais. Certaines tribus, souvent dans la forêt, ont conservé leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs. Les Jakun, qui habitent autour du lac, sont installés dans les deux Etats de Johor et Pahang, donc dans le sud de la péninsule. S'ils utilisaient des sarbacanes pour chasser jusqu'au milieu du siècle dernier, la modernité a bouleversé leur mode de vie et, si les gestes ancestraux sont toujours connus, ils disparaissent petit à petit.
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