vendredi 19 mars 2021

Malaisie - petite balade sur le lac Chini

Le lac Chini, dans le sud-est de la Malaisie, est le deuxième plus grand lac d'eau douce de la péninsule. Grâce à l'apport des eaux de la rivière Pahang, il s'étend sur plus de 5000 hectares. A son extrémité, un barrage a été construit afin de retenir l'eau pour aider à mieux passer la saison sèche. Pour la richesse de son avifaune et la préservation de cet état en danger (on ne peut pas dire que le gouvernement malais  fasse preuve de beaucoup d'esprit vert...), l'Unesco a classé le site réserve de biosphère. Vous devrez louer un bateau avec pilote pour profiter de ce vaste lac, qui se révèle labyrinthique tant la végétation est dense. Surtout, on vous arrêtera de l'autre côté du lac dans un village traditionnel des plus anciens habitants de Malaisie, les Orang Asli. Pas une grande expérience, on en parle plus bas.

Chini lake Malaysia
Vue générale du lac Chini, avec ses nombreux îlots de végétation. 


Ce réseau de treize pièces d'eau interconnectées a, comme tout endroit qui se respecte, de nombreuses légendes, et Chini ne déroge pas à la règle, puisque les habitants en font le repaire d'un monstre géant, le dragon Seri Gumum. La tribu Jakun, qui habite encore les rives du lac, était en train de défricher la forêt et de cultiver la terre pour s'installer durablement lorsque, surgissant de la forêt, une vieille femme un peu sorcière sur les bords se planta devant eux, les accusant de ne pas avoir demandé la permission aux esprits. Elle planta son bâton dans le sol, en leur demandant de ne jamais le retirer. Un jour, un chien se mit à aboyer contre une bûche de bois toute pourrie qu'il avait déniché au bord de la forêt. Les habitants se sont amusés à jeter des bâtons sur cette bûche, et du sang se mit à en sortir. Des éclairs illuminèrent le ciel et des torrents d'eau s'abattirent. Dans la panique pour se mettre à l'abri, le bâton fiché dans le sol fut renversé et une énorme fontaine en jaillit. Le lac Chini fut créé, eh oui, et les habitants réalisèrent que la bûche désormais sous l'eau était un serpent qui habite désormais le lac. Malheureusement, comme pour Nessie avec qui il est parfois comparé, personne n'a jamais réussi à lui remettre la main dessus.

lac Chini Malaisie
Des habitants des rives du lac s'apprêtent à partir en bateau. 


Au fil de l'eau...



Au niveau flore, les rives sont relativement riches, avec 140 espèces. A la fin de l'été, une grande partie du lac voit les nénuphars fleurir, et la surface se teinte alors de rose pourpre. 

Nelumbo nucifera
Nelumbo nucifera, un superbe lotus rose qui couvre une partie du lac.

Neurothemis fluctuans
Neurothemis fluctuans 

Naja sumatrana
Naja sumatrana - un Cobra cracheur qu'il ne vaut mieux pas approcher...


Lors de votre promenade sur le lac, vous aurez donc un arrêt obligé dans un village traditionnel Orang Asli. Je n'ai jamais aimé ces arrêts voyeuristes dans des pseudo-villages souvent reconstitués, où les gens font la pause pour la photo. Il y a un côté gênant, artificiel. Je ne dis pas que les gens qui vivent ici sont des acteurs, ils vivent depuis des temps ancestraux sur les rives, ils s'inquiètent à juste titre de la multiplication de la déforestation aux abords immédiats de leurs terres (quels territoires ne sont pas menacés par l'huile de palme en Malaisie ?), ainsi que de la pollution qui commence à être un fléau pour l'eau douce même du lac. Même les secteurs boisés dans lesquels ils avaient l'habitude d'aller récupérer des plantes pour leur médecine traditionnelle ont été cédés aux compagnies forestières insatiables. Alors oui, l'écotourisme peut permettre d'apporter de l'argent à ces populations, si tant est d'ailleurs que la manne leur revienne bien en main propre, mais je ne sais pas, là, pour cet arrêt sur les rives du Cheni, on avait vraiment l'impression de ne pas être à notre place et qu'on les gênait plus qu'autre chose. Une sorte de tristesse cette visite, avec l'impression nette qu'ils survivent encore pour argumenter du fait que le gouvernement ne les a pas encore totalement fait disparaître... 

Cheni lake orang asli
Cheni lake orang asli


"Orang Asli" est un terme générique pour désigner les populations indigènes. On peut le traduire par "gens des origines". Ce sont donc toutes les populations qui étaient présentes dans la péninsule avant l'arrivée des malais. Certaines tribus, souvent dans la forêt, ont conservé leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs. Les Jakun, qui habitent autour du lac, sont installés dans les deux Etats de Johor et Pahang, donc dans le sud de la péninsule. S'ils utilisaient des sarbacanes pour chasser jusqu'au milieu du siècle dernier, la modernité a bouleversé leur mode de vie et, si les gestes ancestraux sont toujours connus, ils disparaissent petit à petit. 

Cheni lake orang asli
Fabrication d'un lance-pierres pour la chasse. 

Cheni lake orang asli
Petit village au bord du lac. 
Cheni lake orang asli
Vue du village.


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