France - la Roque-Gageac et les châteaux de la Dordogne
Les méandres de la Dordogne autour du petit village de la Roque-Gageac possèdent tous leur citadelle imprenable dominant les eaux. La richesse architecturale de cette partie de la rivière est tout bonnement stupéfiante. Le château de Beynac, dominant le village du même nom, ou la forteresse de Castelnaud, véritable nid-d 'aigle, sont des points de repère bien connus en Dordogne. A deux pas, la Roque-Gageac est à ne manquer sous aucun prétexte. Il serait d'ailleurs impossible de la manquer, accrochée aux falaises ocres qui dominent le cours d'eau. Toutes les maisons adossées à la roche s'intègrent parfaitement bien. Franchement, nous avons adoré cet endroit. Alors bien sûr il est pris d'assaut l'été, et la rivière est encombrée de bateaux, mais en même temps, c'est tellement justifié...
Rivière, château, maisons ocres le long de l'eau, et falaises... un cocktail parfait pour la Roque-Gageac.
Nous sommes à huit kilomètres seulement de la magnifique ville de Sarlat, au bord de la Dordogne et de ses falaises calcaires. Le village remonte à l'époque médiévale, lorsque les habitants vivaient déjà de la pêche, mais il ne reste comme vestige de la période initiale que l'église recouverte de son toit en lauzes. Lors de la guerre de cent ans, la Roque-Gageac accueillit les évêques de Sarlat, dont la résidence à l'extrémité du village a été conservée. C'est également durant ces années troubles que fut édifié le fort troglodytique du village, à-demi enfoncé dans la falaise, et qui domine encore les toits pentus des maisons en-dessous.
Rue basse de la Roque-Gageac, au bord de la Dordogne, sur laquelle l'été naviguent de nombreuses gabares parfaitement restaurées.
La gabare (ou gabarre) est un bateau emblématique de la région, que vous pourrez utiliser lors d'une balade sur la Dordogne. Il s'agit d'un bateau fluvial à fond plat que l'on retrouve dans tous les grands cours d'eau de la façade atlantique : Loire, Garonne, Dordogne ou Charente. Le fond plat, appelé sole, permet de transporter des marchandises avec un faible tirant d'eau. Ils ont des voiles, ce qui permet d'utiliser le vent pour naviguer.
Le manoir de Tarde, avec sa jolie tour ronde qui flanque le bâtiment principal, est au coeur du village. Il appartenait à Jean Tarde, un natif de la Roque-Gageac au XVIème siècle. Une petite anecdote au sujet de cet écrivain mérite d'être racontée : lors d'un voyage à Rome, Jean Tarde a pu rencontrer le célèbre Galilée qui venait d'inventer la lunette astronomique. Ce dernier lui en a offert un exemplaire, qui fut le premier à rejoindre la France. Il n'en fallait pas plus pour exciter la curiosité du religieux (Tarde était chanoine), particulièrement porté sur les sciences depuis son plus jeune âge. Il aménagea un petit observatoire astronomique dans sa propriété de la Roque-Gageac afin d'observer les taches solaires (qu'il avait pris pour de petites planètes qui transitaient devant l'astre).
Le manoir de Tarde, de la même couleur que la falaise.
Le château au bout du village, qui a particulièrement fière allure, est celui de la Malartrie. Il remonte au XIIème siècle, lorsqu'il n'était au départ qu'un hôpital pour lépreux. Il a ensuite, au fil des siècles, bénéficié de nombreuses transformations. Son style Renaissance qu'il arbore de nos jours est, en revanche, très récent, fin XIXème siècle.
Ruelle avec le manoir en arrière-plan.
Passage voûté dans le village.
La profonde excavation qui domine le village est en fait le vestige de l'ancien fort. On devine quelques pans de murs qui subsistent. Il faisait partie d'un plus vaste système défensif mis en place au Moyen-Age. Depuis juin 2020, et après de nombreuses années de travaux (le site avait connu plusieurs éboulements), le fort a rouvert à la visite et on peut y accéder via un escalier en bois pentu.
Le manoir de Tarde est à mi-hauteur ; au-dessus, les restes du fort troglodyte.
A cet endroit eut lieu, en 1957, un énorme éboulement, lorsque toute une partie de la falaise s'est effondrée sur les habitations en contrebas. Trois personnes furent tuées, et six maisons détruites. On voit encore les traces des anciennes maisons adossées au rocher. De nos jours, les risques sont par endroits encore importants, et les roches sont surveillées comme du lait sur le feu, risque inhérent à toute cité construite à même la falaise.
Escalier menant au fort.
Traces de l'éboulement de 1957.
Rue basse.
Vue d'ensemble.
Un peu plus en aval de la Roque-Gageac, le splendide château de Castelnaud domine la rive sud de la Dordogne. Il fait face à celui de Beynac, qui fut son éternel rival durant l'époque médiévale. Un premier édifice fut édifié à cet endroit dès le XIIème siècle, avant d'être totalement détruit durant la croisade des Albigeois. Comme de nombreux châteaux, il a connu une histoire compliquée, étant reconstruit, puis abandonné, servant même de carrière de pierres ! Sa restauration a eu lieu au XXème siècle, afin de le présenter tel qu'il était lors de sa fonction première : une formidable fortification médiévale nichée sur son rocher.
Le château de Castelnaud sur son nid d'aigle.
Autre vue du château.
En face, donc, le château de Beynac surmonte le village éponyme. Lui aussi, bien évidemment, fut élevé au Moyen-Age dans un endroit déjà inaccessible en lui-même, une falaise calcaire dominant la Dordogne (la rivière, durant la guerre de Cent ans, marquait précisément la frontière entre la France et l'Angleterre). Lui aussi fut patiemment restauré au cours du XXème siècle.
Autre style mais même fonction défensive : la forteresse de Beynac.
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