Le Petroglyph National Monument est un regroupement de dessins sur pierre, un des plus importants du pays, situé au Nouveau-Mexique, dans la ville d'Albuquerque. Les nombreux symboles ont été sculptés par des amérindiens et des colons espagnols il y a 400 à 700 ans pour les plus anciens. Ils ont été réalisés sur une roche volcanique, du basalte, sur un petit escarpement courant à l'ouest de la ville sur une trentaine de kilomètres de longueur. Il y a donc plusieurs sites qui contiennent des pétroglyphes, à divers endroits de cet escarpement. Au total, environ 24 000 dessins ont été dénombrés ! La visite est libre, et les petits circuits très bien balisés.
Les dessins ont été grattés pour retirer la couche oxydée du basalte, qui retrouve sa couleur grise d'avant oxydation - canyon Piedras Marcadas |
Les anciens habitants n'ont pas choisi l'endroit au hasard : la petite falaise de 27 kilomètres de longueur qui longe Albuquerque à l'ouest a été formée il y a 200 000 ans, suite à l'explosion de six cônes volcaniques qui ont généré une épaisse couche de basalte. Ces couches se font faufilées parmi des collines qui, avec l'érosion, ont disparu depuis. Mais le basalte, plus dur, a mieux résisté et la coulée est devenue une petite falaise dominant le terrain environnant. Cette roche est parfaite pour la réalisation des pétroglyphes, car elle est sombre et met donc bien en valeur les dessins. En effet, des milliers d'années de climat sec ont créé à la surface du basalte un "vernis désertique", une sorte de croûte créée par la rouille, une oxydation naturelle des éléments ferreux de la roche par contact avec l'air. Depuis très longtemps les amérindiens se sont aperçu de cette possibilité d'exprimer leur art sur ce support.
Concrètement, un pétroglyphe est une gravure sur roche (on appellera pictogramme une peinture sur roche). Les outils utilisés par les peuples anciens étaient le marteau et un ciseau à pierre, qui permettaient de faire sauter la couche superficielle sombre. 90 % des gravures retrouvées (sur les 24000 on le rappelle) furent l'apanage des ancêtres du peuple pueblo actuel. Ils vivaient originellement dans la vallée du Rio Grande depuis le VIème siècle mais, suite à une forte augmentation de la population au XIVème, de nombreuses colonies ont essaimé dans tout le Nouveau-Mexique. C'est à partir de cette arrivée dans la région, et jusqu'au XVIIème siècle, que furent gravés les dessins que l'on a aujourd'hui sous les yeux.
Une des gravures du monument national. |
On a compris comment ont été réalisées ces gravures, et pourquoi à cet endroit. Mais une question demeure : pourquoi des pétroglyphes ? En fait, il a dû y avoir de nombreuses raisons qui ont poussé les autochtones à graver ces dessins, même si la plupart échappent aux archéologues aujourd'hui, qui sont bien en peine pour reconnaître certains signes ou symboles, totalement ésotériques avec tous ces siècles qui se sont écoulés. Les pétroglyphes ne sont pas un simple langage, ce ne sont pas des mots, comme peuvent l'être les hiéroglyphes, utilisés pour représenter des mots. Ce sont de puissants symboles qui devaient être compris de toute la tribu, voire de la société de l'époque. D'ailleurs, même l'emplacement, ainsi que l'orientation, de chacun de ces symboles ne devaient rien au hasard. Les pierres étaient soigneusement choisies.
Autres gravures du canyon. |
Certaines formes devaient marquer l'appartenance à une tribu, à un clan. D'autres ont une symbolique religieuse. Certaines ont forme humaine (prenons l'exemple des mains plus haut), d'autres mettent en scène des animaux. Il y a également de nombreuses formes géométriques, dont des cercles ou des spirales, avec un sens qui nous échappe totalement. Les indiens Pueblo ont longtemps utilisé ces pétroglyphes pour enseigner à leurs enfants l'histoire de leur peuple, ainsi que leurs croyances. Un véritable livre à ciel ouvert relatant un peuple.
Parmi les différents sites possibles pour visiter le Monument national, nous avons opté pour le Canyon de Piedras Marcadas (les pierres marquées), parce qu'il possède une des plus grandes concentrations de gravures (5000 sur 2 kilomètres d'escarpement). Les abords ne sont pas folichons, car l'entrée est située en limite d'agglomération le long de résidences pavillonnaires. Mais une fois qu'on s'éloigne un peu sur le sentier, le calme revient bien vite, et la nature sauvage est là.
Vers l'escarpement de Piedras marcadas. |
Sylvilagus audubonii - Lapin d'Audubon, un hôte très fréquent dans le Monument, et ça se comprend avec le nombre infini de cachettes sous les blocs de basalte. |
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