Le parc national des Pinnacles, non loin de Salinas en Californie, doit son nom aux formations rocheuses déchiquetées issues de l'érosion de tout un flanc d'un ancien volcan éteint qui, avec le jeu de la tectonique des plaques, a réalisé en plusieurs millions d'années un voyage de plus de 300 kilomètres pour se rapprocher de la faille de San Andreas. Il existe deux points d'accès pour ce petit parc, l'entrée Est, avec davantage d'ombre, et l'entrée ouest, plus aride et qui permet d'accéder au coeur des parois rocheuses. C'est celle que nous avons privilégiée, avec un accès aisé depuis Salinas, la petite ville bien connue des lecteurs de Steinbeck.
C'est parti pour une petite rando dans le parc des Pinnacles, le Balconies Cave Trail, une boucle qui permet de pénétrer au mieux dans ces formations volcaniques.
Géologiquement, comme toujours, c'est intéressant. Les formations en pinacles que l'on observe ici sont les restes d'un ancien volcan, le Neenach, qui, il y a 23 millions d'années, a été séparé en deux par la faille de San Andreas.
Aujourd'hui, les restes des deux moitiés sont séparées de plus de 300 kilomètres, la plaque Pacifique ayant fait "glisser" sa moitié vers le Nord ! Les pitons rocheux d'andésite et de rhyolite sont le résultat de l'érosion différentielle (les parties les plus tendres partent avant les parties les plus résistantes) qui s'en est suivie. Ce sont les fréquents tremblements de terre et les nombreuses failles qui expliquent aussi les nombreuses grottes d'éboulis que l'on trouve dans le parc, notamment sur le parcours des Balconies Cave. De gros rochers se sont coincés dans des failles étroites avant de pouvoir atteindre le sol, créant donc des grottes en-dessous, ce qui a permis par la suite à plusieurs espèces de chauves-souris d'y élire domicile. C'est donc bien cette particularité géologique étonnante que l'on vient voir dans le parc des Pinnacles, ces grottes qui ne sont pas du tout dues à l'action de l'eau, mais bien à la fameuse faille de San Andreas qui a tout chamboulé !
Sylvilagus audubonii - Lapin d'Audubon, à l'entrée du parc
Vue d'ensemble de ce volcan, dont les pointes ne dépassent pas 1000 m d'altitude.
Parmi les 30 miles de sentiers de randonnée qui sillonnent le parc, il faut faire un choix entre ceux démarrant à l'entrée Est et ceux partant de l'Ouest.
Nous avons opté pour la boucle Balconnies Cliffs-Cave, qui permet de passer dans une des grottes d'éboulis les plus grandes. Il y a peu de dénivelé mais il fait chaud en été ! Pensez à vous munir d'une lampe de poche pour le passage dans la grotte, et prévoyez deux heures pour la boucle.
Peut-être aurez-vous la chance de voir un des animaux les plus rares des Etats-Unis, le Condor de Californie, qui a bénéficié dans ce parc d'un programme de réintroduction depuis 2010, avec aujourd'hui 25 oiseaux qui évoluent en liberté. Nous n'avons pas eu cette chance, mais nous sommes rattrapés le lendemain sur la côte de Big Sur.
Départ depuis le parking. Le sentier, très bien marqué, est en pente douce pour nous conduire vers le système de grottes d'éboulis. Ces beaux arbres sont ornés de Tillandsia, cette sorte de mousse qui donne un air fantasmagorique à tant de forêts américaines.
La végétation du parc est typique de ce biotope californien : le chaparral, qui ressemble à notre végétation méditerranéenne. Les étés, très chauds et secs, sont propices aux immenses feux de végétation qui impriment leur marque à l'ensemble de l'écosystème. On trouve plusieurs espèces de pins et de chênes essentiellement. D'ailleurs, vous trouverez sur le parcours plusieurs panneaux vous donnant le nom des arbres que vous croiserez.
Paysage typique du parc, assez aride, avec cette roche volcanique qui coiffe les collines.
Le parc possède deux zones principales de grottes :Bear Gulch à l'Est, et Balconies Cave à l'ouest, dont certaines peuvent être inondées après de fortes pluies. Les géologues pensent que la plupart d'entre elles ont été formées durant les dernières glaciations, avec des rochers de toutes tailles qui sont venus combler les failles. Le processus d'altération de la roche et de chute de pierres se poursuit bien entendu aujourd'hui : une grande partie des rochers sont maintenus entre eux par une sorte de "colle" naturelle faite de sable et de graviers qui peut "sauter" à la moindre crue éclair et précipiter les roches plus bas. Signalons enfin que quelques légendes font état de bandits qui se sont cachés dans ces failles, mais qu'il n'y a sinon aucune preuve archéologique d'une occupation ancienne par des peuples autochtones.
Quand on voit la taille des blocs qui sont encore coincés entre les falaises, on se dit qu'il ne faudrait pas se trouver en-dessous quand elles iront plus bas...
On progresse dans des failles très étroites : ce sont les blocs qui ont créé les plafonds des grottes en-dessous.
Dans la grotte des Balconies : lampe obligatoire !
Un gros bloc s'est retrouvé bloqué.
Au fond d'un canyon.
Notez les pinacles à l'arrière-plan au sommet.
Bref, nous ne saurons que vous conseiller de vous aventurer quelques heures ou plus au sein de ce joli parc, longtemps monument national depuis sa première protection en 1908 par Théodore Roosevelt avant de devenir un parc national sous l'ère Obama en 2013. A 130 kilomètres seulement de la baie de San Francisco, c'est pourtant un tout autre monde à découvrir...
Sur le chemin principal.
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Etats-Unis - le parc national des Pinnacles
Reviewed by RENOULT
on
01 février
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