A deux pas de la ville d'Arles, l'abbaye de Montmajour témoigne de près de huit siècles d'histoire et d'architecture en Provence, puisque son évolution s'est développée entre les 10ème et 18ème siècles, avant d'être fortement dégradée après la Révolution. L'ensemble que l'on visite aujourd'hui est donc le résultat d'ajouts successifs, et se compose d'un ermitage, d'un couvent médiéval, d'un monastère ancien, d'un donjon défensif et d'un monastère plus récent !
Le cloître de l'abbaye de Montmajour forme un rectangle de 24 mètres sur 27 dont les larges galeries entourent une cour centrale abritant une citerne, accessible par un puits. Toute l'eau de pluie ruisselait sur les toits en pente de l'atrium pour tomber directement dedans. A l'arrière-plan, les ruines du monastère Saint-Maur, du XVIIIème siècle.
Ermitage Saint-Pierre
La partie la plus ancienne de cet ensemble de bâtiments est l'ermitage Saint-Pierre, constitué d'une chapelle semi-troglodytique qui fut installée ici, sur le flanc de la colline, dans la première moitié du XIème siècle. Cette chapelle possède douze chapiteaux corinthiens élégamment sculptés et décorés d'éléments carolingiens mêlés à des motifs romans. Même si les dimensions sont très modestes, il s'agit d'une véritable petite église avec sa nef à voûte en berceau et son abside semi-circulaire creusée dans la roche.
La petite église semi-troglodytique de l'ermitage Saint-Pierre.
Monastère Saint-Pierre
C'est le monastère originel du site, même s'il a connu de nombreuses modifications au fil des siècles. On y trouve, comme dans toutes les abbayes, un cloître, une salle capitulaire, un dortoir, un réfectoire et l'abbatiale, imposante. C'est cette dernière, d'ailleurs, qui est la plus impressionnante. Elle date du XIIème siècle, mais n'a jamais été achevée, soit à cause des difficultés de construction dues au terrain escarpé, soit à cause de problèmes financiers.
Vue d'ensemble extérieure du chevet de l'abbatiale, à droite, et de la tour défensive Pons de l'Orme, à gauche.
L'abbatiale est composée de deux parties : une église haute surmontant une crypte.
L'église haute est caractéristique du style roman provençal du XIIème siècle : sobriété des formes et de la décoration (presque aucun décor), haute voûte en berceau. Il s'en dégage une ambiance pour le moins austère. La nef unique de 14 mètres de largeur possède deux travées et se termine en une abside puissante, aussi large que la nef ! Les murs ne possèdent presque pas d'ouvertures afin de ne pas les affaiblir et de ne pas laisser s'engouffrer le puissant mistral.
Eglise haute de l'abbatiale : l'abside semi-circulaire avec ses cinq nervures descendant de la voûte.
La crypte, quant à elle, est presque entièrement troglodytique sur un de ses côtés. Elle a une forme particulière, concentrique, débouchant sur une rotonde centrale entourée d'un déambulatoire et de cinq chapelles. Impressionnant ! notamment la coupole de la rotonde, en magnifiques pierres appareillées. Il n'y a pas à dire, on savait construire solide !
La crypte, au coeur de l'abbatiale, avec l'autel au centre de la rotonde. Sobre mais efficace.
Le cloître, déjà évoqué plus haut, s'insère dans l'espace formé entre le transept et la nef. Il fut construit entre le XIIème et le XIIIème siècle. Ses chapiteaux sont magnifiques, travaillés avec un détail absolu, et représentant des scènes bibliques.
Vue d'ensemble du cloître avec ses colonnes aux superbes chapiteaux.
Une des galeries du cloître
Détail des chapiteaux.
Le réfectoire des moines, construit en partie sur la roche.
Autre vue de la crypte.
Au pied du chevet de l'abbatiale se trouve une nécropole, datant du début du XIème siècle pour les tombes les plus anciennes. Ce cimetière est à l'origine même de l'abbaye : les moines ensevelissaient les morts et célébraient les messes demandées par les familles. Les tombes sont creusées à même le sol.
Quelques tombes creusées à même le sol, au pied du chevet.
la Tour et les fortifications
La haute tour Pons de l'Orme (nom d'un cardinal) fut édifiée au cours du XIVème siècle. Il s'agit d'un véritable donjon défensif de 26 mètres de hauteur, dont le rez-de-chaussée est occupé par un magasin à vivres, ainsi qu'un puits-citerne. Il fallait se protéger à l'époque des mercenaires qui écumaient les routes de Provence, les Grandes Compagnies, qui vivaient au détriment des populations.
La tour défensive domine les murailles restantes de l'abbaye.
le monastère Saint-Maur
C'est la partie la plus récente de l'ensemble, puisque ce monastère fut élevé au début du XVIIIème siècle par une communauté de religieux de Saint-Maur (un ordre de bénédictins fondé au XVIIème siècle). L'immense bâtiment de cinq étages sur 8000 mètres carrés et 25 mètres de hauteur devait être spectaculaire, avec ses salles richement décorées. Tout cela ne résiste pas à la Révolution, et les pierres sont démantelées, l'édifice servant de carrière à ciel ouvert.
Les ruines du monastère de Saint-Maur.
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France - l'abbaye bénédictine de Montmajour
Reviewed by RENOULT
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26 janvier
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