Etats-Unis - les Anasazis du Bandelier National Monument
Non loin de Santa Fe, au Nouveau Mexique, se trouve un chouette parc qu'il ne faut absolument pas manquer. Le Bandelier National Monument est, en même temps qu'un bel espace naturel à la riche avifaune, un site archéologique de tout premier ordre, notamment au niveau du canyon de Frijoles. Là, au sein des hautes falaises taillées dans ces montagnes volcaniques, les indiens anasazis, ancêtres des Pueblos, ont vécu à partir du XIème siècle. On peut y découvrir, taillées dans la roche, des mesas, des kivas, des peintures rupestres ainsi que des centaines de logements. L'ensemble reste moins spectaculaire que Mesa Verde, mais le site naturel lui, est plus sympa.
Vue d'une partie de la falaise principale du canyon de Frijoles, percée de milliers d'habitations troglodytiques.
Le site de Bandelier est sauvage, et seule une route permet d'accéder au canyon. Pour le reste, c'est en rando que tout se découvre. L'altitude moyenne du parc est de 2200 mètres, c'est donc un climat particulièrement difficile durant les longs mois d'hiver avec beaucoup de neige. Bandelier est le nom d'un anthropologue américain qui a passé des années à faire des recherches sur les anciens habitants de la région.
C'est aux volcans que l'on doit les falaises de tuf dans lesquelles furent excavées les habitations. Il y a environ un million d'années, dans toute cette partie du Nouveau-Mexique, d'intenses éruptions volcaniques prirent place sur 1500 km² environ, projetant des cendres jusqu'au Mississipi. Une fois la chambre magmatique vidée, le volcan s'effondra sur lui-même, laissant à la place une dépression circulaire appelée caldeira. C'est sur une des pentes de cette caldeira, nommée Valles Caldera, que se trouve de nos jours Bandelier. Ces dizaines de mètres de cendres se sont par la suite solidifiées, donnant le tuf, qui est donc une roche volcanique facile à creuser mais néanmoins suffisamment solide pour y aménager des habitations. Cela a été d'autant plus facile que l'érosion (pluie, gel, vent) a fait une grande partie du travail, en transformant la falaise en un véritable gruyère aux milliers de cavités.
La falaise principale de Bandelier est un immense gruyère, résultat de l'érosion intensive qui s'est faite dans ce tuf volcanique tendre et friable. On comprend que les anciens habitants aient tiré profit de cette topographie pour s'installer dans des cavités déjà formées.
Les monuments
La présence humaine dans la région remonte à plus de 10 000 ans. Mais les vestiges que l'on visite aujourd'hui datent, eux, du XIIème siècle pour les plus anciens. Le principal village, Tyuonyi, est un pueblo circulaire qui abritait autrefois des maisons à trois étages. On a une meilleure vision de son ensemble depuis les falaises. La promenade le long du canyon est super agréable, à l'ombre la plupart du temps, et il faut pousser jusqu'au clou de la visite, Long House, avec toutes ses maisons troglodytiques construites dans la falaise. Un système d'échelles permettait d'accéder aux différents niveaux d'habitations.
Vue d'ensemble de la falaise du canyon de Frijoles.
Sur le chemin en boucle qui longe, à l'ombre, la rivière.
Un chemin longe Long House, avec ses nombreuses habitations au pied de la falaise.
Autre vue de la falaise : un incroyable gruyère !
Arrêtez-vous également à la kiva, haut-lieu cérémoniel chez les indiens anasazis.
Les fameux kivas étaient les chambres cérémoniales souterraines. Au centre de ce cercle, on trouvait un foyer, et presque attenant, un petit trou appelé sipapu, le symbole de l'entrée dans le monde souterrain pour les indiens, le lieu des Origines. Ce trou, recouvert la plupart du temps, est débouché les jours de rituels afin de communiquer avec ceux qui vivent en-dessous, qui sont déjà morts ou qui ne sont pas encore nés. A noter que le même terme sipapu désigne aussi le sexe féminin.
On descendait dans la kiva via une échelle qui donnait sur le sol au niveau du village. Les murs de la petite pièce souterraine représentent symboliquement les parois du monde, tandis que les bancs pour s'asseoir sont les maisons du village. C'est donc un lieu d'une importance capitale pour les indiens, qui s'y réunissaient pour diverses raisons, comme lorsque quelqu'un tombait gravement malade et que l'on souhaitait invoquer des prières, ou bien pour implorer des conditions climatiques clémentes pour favoriser de bonnes récoltes. Certains villages possédaient des dizaines de kivas ! Enfin, signalons qu'ils pouvaient être ronds, ou rectangulaires, petits ou grands, mais toujours avec un toit en argile qui a quasiment systématiquement disparu aujourd'hui lorsque l'on les visite.
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La kiva du Bandelier National Monument.
Vue d'ensemble du Pueblo circulaire, ou Tyuonyi. On estime à environ quatre cents le nombre de pièces pour loger une centaine de personnes. Au centre, la place principale abritait trois kivas.
Un pictogramme au deuxième étage d'une habitation.
Ensemble d'habitations troglodytiques.
Autre détail des falaises.
Sur le sentier principal.
On ne sait pas exactement pour quelles raisons les habitants ont déserté les lieux. Ils se sont installés ici pour la profusion des ressources naturelles, menant une vie de durs labeurs et de moments familiaux. De générations en générations, les villages se sont agrandis, et cela durant plus de quatre siècles. Alors pourquoi partir ? Il y a plusieurs hypothèses : les ressources, d'abord, ont très bien pu s'épuiser. Le gibier a pu déserter la zone, devenue tellement défrichée par les activités humaines. Peut-être aussi les habitants ont-ils subi de plein fouet les effets d'une sécheresse ? Du coup, moins de récoltes, ce qui les aurait poussés à partir ? C'est peut-être un ensemble de plusieurs facteurs simultanés... Quoi qu'il en soit, les pueblos modernes ne considèrent pas ce village comme totalement abandonné, puisque les âmes des anciens habitants y demeurent toujours, incitant au plus grand respect des lieux.
Poussons maintenant un peu plus loin dans le canyon, pour visiter le clou des habitations : Alcove House ! Ce vaste abri naturel est perché à plus de 40 mètres au-dessus du sol et pour l'atteindre, il faut gravir une succession de raides échelles en bois. Dire que la vingtaine d'habitants d'alors devait grimper par là tous les jours ! Là-haut, une kiva a été reconstituée.
Vue d'ensemble d'Alcove House, avec la succession d'échelles pour parvenir à la cavité.
Dans la cavité, avec la kiva en partie reconstituée.
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