jeudi 5 mars 2020

Espagne - le palais de l'Escurial

L'Escurial... voilà un nom que je connaissais comme ça depuis longtemps, mais sans jamais avoir eu l'occasion de mettre des images sur le nom. C'est désormais chose faite... Alors disons-le tout de suite, la visite de ce palais m'a laissé, un peu comme toute la déco d'ailleurs, de marbre. J'ai trouvé les intérieurs d'une froideur assez sinistre, d'une austérité redoutable. Pour être monumental c'est monumental, mais alors ensuite... c'est très subjectif, d'ailleurs la majorité des visiteurs semblent adorer l'Escurial, cet énorme palais royal du XVIème siècle classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Parfois la magie n'opère pas c'est tout, ce qui n'empêche bien entendu pas cet Escurial d'être historiquement un des plus importants monuments du pays.

Escurial Espagne
Vue extérieure du monastère de l'Escurial se reflétant dans une pièce d'eau. 


C'est au roi Philippe II d'Espagne que l'on doit l'édifice pour commémorer la victoire espagnole en 1557 contre les troupes du roi de France Henri II. Le monument devait également servir de nécropole royale afin d'inhumer les restes de ses parents Charles Ier et Isabelle du Portugal, ainsi que ses descendants. Il fallut une vingtaine d'années de travaux pour en voir le bout. Cela fait donc 500 ans que la plupart des rois espagnols sont enterrés ici, les Bourbons et les Habsbourg. 
Vu du ciel, l'énorme édifice a la forme d'un grill et il existe une croyance populaire attribuant cette forme en l'honneur de Saint Laurent, un martyr qui mourut brûlé sur un grill. Mais l'Escurial n'est pas le seul palais au monde à être construit sur cette forme de plusieurs cours intérieures donnant sur des chapelles, comme c'est le cas pour le King's College de Cambridge ou l'Alcazar de Séville

Escurial
Façade Ouest de l'Escurial constituant l'entrée principale. Toutes les pierres utilisées sont du granit gris. Il n'y a aucune ornementation, ce qui apporte encore plus d'austérité et fait ressembler l'édifice davantage à une forteresse qu'à un monastère ou un palais.  


L'Escurial est immense, puisque c'est à la fois un monastère, un panthéon pour les Rois, une basilique, un couvent, une bibliothèque et un palais royal ! Tout ça s'est fait progressivement, en doublant au final la superficie initiale prévue. Au final, un immense quadrilatère de 224 mètres de longueur sur 153 de largeur. A chaque coin, une tour carrée surmontée d'une flèche. Au centre, une autre flèche, celle de la basilique. 

Façade principale à droite ; à gauche, les collines de la Sierra de Guadarrama qui débutent. 


La porte principale vous fera pénétrer dans la cour des Rois, enceinte devant son nom aux statues des Rois de Juda sur la façade de la basilique.

Cour des Rois en façade de la Basilique
Intérieur de la Basilique

La basilique, immense et... austère au possible, tout en granit gris, est le bâtiment central de l'Escurial. En forme de croix grecque, elle se compose d'une longue nef avec deux courts transepts au centre afin que cette croix ait quatre bras égaux. L'immense dôme, s'élevant à 100 mètres de hauteur, est une inspiration de Saint-Pierre de Rome. Mais la comparaison s'arrête là, puisque l'ensemble est soutenu par de larges piliers de granit reliés par de simples arcs sans aucune décoration. Nous sommes dans la rigidité la plus austère...

basilique Escurial
Intérieur de la basilique au niveau du maître-autel, partie la plus décorée avec ce grand retable à trois niveaux. Le Roi souhaitait une décoration réalisée par Michel-Ange ou Titien, mais ils étaient trop vieux désormais, donc... il a dû se rabattre sur d'obscurs artistes locaux.


Les galeries du cloître principal (deux petites photos ci-dessous) sont décorées de fresques de Pellegrino Tibaldi. C'est surtout l'escalier principal qui retiendra votre attention avec son riche plafond voûté décoré de fresques mettant en avant la gloire de la monarchie espagnole, le tout peint par l'artiste Luca Giordano au XVIIème siècle. 




Escurial Luca Giordano
Le magnifique plafond peint de Luca Giordano surplombe l'escalier principal. 

Sacristie de l'Escurial.


Poursuivons par un des endroits les plus importants du palais, le Panthéon, lieu d'inhumation de presque tous les Rois d'Espagne. Il s'agit d'une pièce baroque octogonale, tout en marbre, avec 26 sépulcres des dynasties Habsbourg et Bourbon. Il existe à côté un autre Panthéon, celui des princes, ensemble de neuf chapelles funéraires, également tout en marbre. Encore une fois, c'est d'une austérité... après, vous me direz, pour un Panthéon c'est pas trop gênant. 


panthéon des Princes Escurial
Panthéon des Princes

panthéon royal Escurial
Panthéon royal.


On enchaîne sur la salle des Batailles, immense galerie de 55 mètres de longueur mettant en scène des fresques de victoires espagnoles. Spectaculaire. 

Un petit bout de la galerie des Batailles.


La bibliothèque est très spectaculaire. Elle constituait dès le départ le coeur du projet de Juan de Herrera avec la basilique. Les architectes se sont inspirés de celle du Vatican. La bibliothèque fait le lien entre la zone publique du palais et l'église, et d'ailleurs, les livres ne sont pas rangés n'importe comment (heureusement...) : près de l'entrée les thèmes abordés sont profanes (histoire, géographie, botanique...) tandis que ceux proches de la basilique sont religieux ou abstraits. Le Roi voulait que ces sujets soient ceux qui, étant abstraits, étaient les plus proches de l'origine, donc de Dieu : théologie bien sûr, mais aussi géométrie ou mathématiques. 
Il y a aujourd'hui plus de 40 000 volumes dans cette salle de 54 mètres de longueur, magnifiquement décorée pour les plafonds avec des représentations des septs arts libéraux : rhétorique, dialectique, musique, grammaire, arithmétique, géométrie et astronomie.

la magnifique bibliothèque de l'Escurial


Enfin, si vous avez encore de la force, il y a quelques pièces qui constituent le palais de Philippe II. C'est une visite dispensable. 

Palais de Philippe II


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