Etats-Unis - le site de Meteor Crater
Visiter le célébrissime cratère d'impact de météorite de Meteor, dans le nord de l'Arizona, c'est un peu faire un aller-retour express sur la Lune, notre satellite, dont le sol en est littéralement couvert, l'érosion n'ayant pu faire son oeuvre. C'est donc l'occasion de se souvenir que malgré notre atmosphère protectrice, notre bonne vieille Terre aussi peut être victime d'impacts de grande ampleur, dont les conséquences, nous ne le savons que trop bien, peuvent être dramatiques pour l'environnement mis en place. L'histoire géologique est pleine de ces crises majeures qui ont vu parfois un renouvellement quasi total des espèces animales et végétales en place. Parfois, les météorites peuvent être les responsables : c'est le cas de la plus célèbre de ces crises, à la fin du Crétacé, qui a vu les grands sauriens laisser leur place prépondérante au sommet de la chaîne alimentaire à d'autres insignifiants petites bestioles comme... les mammifères.
C'est tout ça qui vient en tête lorsque l'on admire ce cratère : un voyage dans le temps, dans l'espace, dans l'évolution.
Meteor Crater possède un autre petit nom : Barringer, en hommage au scientifique qui, au début du XXème siècle, fut le premier à émettre l'idée que ce cratère était d'origine extra-terrestre. Mais avant tout plantons le décor : nous sommes à 1740 mètres d'altitude, sur un vaste plateau inhabité, à 60 km à l'est de la ville de Flagstaff. Ce beau cratère fait 170 mètres de profondeur, pour un diamètre de 1200 mètres.
Rappelons la différence entre météore et météorite : la météorite est un débris d'un objet céleste qui a survécu à son passage dans l'atmosphère pour atteindre finalement la surface d'une planète. Le passage en lui même, fait de frictions intenses, provoque une libération énorme d'énergie : l'objet devient un météore, aussi appelé étoile filante. A partir du moment où on en retrouve un morceau sur le sol, le morceau en question se nommera météorite.
Cratère d'impact en approche... |
On en sait beaucoup plus aujourd'hui sur l'histoire de ce cratère, formé à l'époque du Pléistocène il y a 50 000 ans. A cet endroit, sur le plateau du Colorado, il faisait frais, il y avait de jolies forêts de climat tempéré peuplées de mammouths ou de grands paresseux. Et puis un jour ces animaux ont dû voir passer dans le ciel, à toute vitesse, un bolide non identifié, d'un diamètre d'environ 50 mètres, constitué de fer et de nickel. Le tout à environ 13 km/s... On imagine le choc... Pauvres paresseux, pas sûr qu'ils aient eu le temps de se sauver... RIP. Les scientifiques pensent que l'objet céleste a perdu environ la moitié de son volume lors du passage dans l'atmosphère. Une fois au sol, la puissance de l'impact a littéralement fait se volatiliser quasiment toute la météorite. Le plus gros fragment retrouvé est exposé dans le petit musée attenant.
Alors bien sûr, en 50000 ans, l'érosion sur notre bonne vieille Terre a joué, et on estime que les pentes du cratère ont déjà perdu 15 à 20 mètres de hauteur. A terme, il n'y aura plus de traces de cet impact. D'ailleurs les cratères de ce type sont rares sur Terre, non parce qu'il n'y en a pas eu beaucoup, mais parce que les processus géologiques en oeuvre effacent vite toutes ces traces. Si l'on admire aujourd'hui Meteor Crater, c'est grâce à son jeune âge, et aussi au climat sec actuel de l'Arizona.
Voilà le plus gros fragment retrouvé du responsable de Meteor Crater, exposé sur le site : la météorite Holsinger. |
L'hypothèse formulée par Daniel Barringer au début du siècle dernier ne recueillit que du scepticisme : on ne pouvait croire à une origine extra-terrestre de ce cratère, d'autant qu'il existe un champ volcanique à seulement 65 kilomètres du site ; son origine était, pour tous, claire. Mais Barringer a persisté : il possédait une florissante société minière et demanda à Théodore Roosevelt l'autorisation de forer. Sur la plaine de part et d'autre du cratère, on retrouva rapidement environ 30 tonnes de gros fragments de fer. Barringer était persuadé que le gros de la météorite était profondément enfoui sous le sol. Il installa tout le matériel pour extraire le minerai et passa 27 ans à essayer de trouver le responsable de l'impact !! Le tout jusqu'à 419 mètres de profondeur ! Malheureusement pour lui, il ne se doutait pas que la quasi totalité de la météorite avait été évaporée lors de l'impact...
Restes de l'exploitation minière infructueuse au centre du cratère. |
Personne n'a vraiment cru notre ami Barringer jusque dans les années 1960, grâce au scientifique Shoemaker qui a confirmé ses hypothèses. Cette fois, il apporta la preuve irréfutable de l'origine extra-terrestre du cratère, et non volcanique. Comment ? En trouvant des minéraux rares, des formes de silice, qui ne peuvent être formés qu'à la suite d'un choc extrême suivi d'une surpression. Impossible de trouver ces minéraux dans un volcan... Seule une explosion nucléaire à la rigueur pourrait l'expliquer.
Autre vue du cratère : on devine au centre, dans la partie blanche, la zone minière. |
Dès lors que l'origine du cratère fut connue, une autre question se posa : quelles furent les conséquences environnementales d'une telle collision ? Quand on sait qu'une météorite peut rayer de la carte près de 90% des espèces, c'est une question en effet primordiale. Qui sait, l'Homme subira peut-être un jour le même sort avec un impact similaire... ce n'est pas pour rien que la Nasa et d'autres compagnies travaillent à toutes les possibilités de détourner ou de détruire un astéroïde trop menaçant.
Mais revenons à notre cataclysme qui, s'il était trop faible pour avoir des conséquences à l'échelle planétaire (50 mètres de diamètre pour la taille de l'objet), a eu néanmoins de sacrés effets à l'échelle régionale. Inutile de dire que tous les grands mammifères qui peuplaient la région ont été soufflés par l'explosion. On estime que les vents produits par l'onde de choc s'établirent à 1000 km/h dans un rayon de 5 kilomètres ! Ca décoiffe, et surtout pour un paresseux... Plus aucun arbre dans un rayon de 20 kilomètres ne tenait debout (pour rappel, la zone était couverte de forêts il y a 50000 ans, des genévriers surtout). Au total, une zone de 1500 km² a dû être affectée par la tombée de l'engin. Même si cela reste spectaculaire, il n'y a eu aucune extinction d'espèces. Si un tel objet tombait aujourd'hui sur une grosse ville (on estime qu'il en tombe un de ce type tous les 6000 ans), elle serait détruite.
D'autres menaces en vue ? |
Ce site unique a été utilisé par la Nasa dans les années 1960 comme zone d'entrainement en vue d'aller sur la Lune. Une réplique d'un module de la mission Apollo y est d'ailleurs conservée à l'entrée du musée.
Un module pour amerrir. |
Etats-Unis - le site de Meteor Crater
Reviewed by RENOULT
on
11 décembre
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