Dans le sud de l'Orne, à quelques mètres du département de la Sarthe, et en bordure de la rivière éponyme, voici le petit village de Saint-Céneri, au calme absolu, un des plus chouettes villages des environs. Nous sommes dans les Alpes mancelles, une partie du massif Armoricain qui se caractérise par des vallées étroites et encaissées. C'est ici, sur un piton granitique, que se trouve le village. Les quelques ruelles qui le forment sont typiques et agréables. Il ne faut pas manquer de pousser la visite jusqu'au vaste pré formé par un méandre de la Sarthe au coeur duquel se trouve la chapelle de Saint Céneri, dont l'histoire peu commune est racontée plus bas.
Une vue du village, avec la rivière Sarthe et le pont de pierre.
L'histoire du village est, comme souvent, bien ancienne... et lointaine en l’occurrence, puisqu'elle débute en Italie, à Spolète exactement, une petite ville d'Ombrie. C'est là que naquit Céneri dans la première partie du VIIème siècle qui, très jeune, partit à Rome se mettre au service du pape en compagnie de son frère Cénéré. Après avoir eu une vision lui ordonnant de se mettre en route vers l'Ouest, il arrive à Saulges, où il laisse son frère avant de poursuivre seul. Alors qu'un jour, assoiffé, il arrive en bordure d'une rivière, il se met à prier et une source jaillit, et Céneri s'installera dans le creux tranquille de la rivière, s'aménageant une hutte. C'est au XVème siècle que la chapelle fut édifiée à l'emplacement même. La réputation du Saint grandissant, des gens affluent et bien vite une communauté de 140 moines bénédictins est fondée. Vers la fin de sa vie, Céneri fit construire une église au sommet du mont rocheux, dans laquelle il est aujourd'hui enterré.
Vue depuis le pont cette fois-ci, avec la Sarthe enveloppant le piton rocheux en haut duquel fut édifiée l'église.
Cette église voulue par Saint Céneri sera brûlée au Xème siècle par les Normands. Celle que l'on visite de nos jours remonte au XIème. L'intérieur est surprenant de contraste, entre une nef dépouillée et un choeur décoré de fresques pour la plupart du XIIIème et XIVème siècle. Durant longtemps, elles étaient cachées par une couche de plâtre et de chaux, avant d'être de nouveau visibles en 1856.
Vue du choeur avec un Christ en majesté entouré du tétramorphe : "les quatre vivants" sont la représentation des quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel. Les Pères de l'Eglise y verront les symboles des quatre évangélistes. On retrouve donc le lion pour Marc, la taureau pour Luc, l'aigle pour Jean et l'Homme pour Matthieu.
vue d'ensemble de l'intérieur
Vierge au manteau (voir explication ci-après)
plafond en bois
La Vierge au manteau est une représentation assez rare de l'iconographie catholique. Elle tire son origine du songe que fit au XIIIème siècle un moine cistercien, qui, admirant le ciel de gloire, voit tous les représentants (anges, martyrs, prophètes...), mais pas ceux de son ordre. La Vierge lui sourit en écartant son manteau, lui assurant que les moines de Cîteaux, bien au contraire, lui sont si importants qu'elle les garde toujours auprès d'elle. D'autres ordres monastiques, comme les Dominicains, tentèrent par la suite de s'approprier cette légende de la Vierge de Miséricorde au manteau.
La petite chapelle gothique édifiée à l'emplacement où Saint Céneri aurait construit son abri vaut pour son cadre, au coeur d'une boucle de la rivière Sarthe. A l'intérieur, un menhir couché aurait servi de lit au moine.
le cadre bucolique de la chapelle
la rivière côté aval
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France - le village de Saint-Céneri-le-Gérei
Reviewed by RENOULT
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10 septembre
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