Turquie - Ephèse, la perle grecque
L’immense ville antique
d’Ephèse était, à son apogée,
une des plus importantes de
toute l’Asie mineure, et
certainement celle qui pesait
le plus en Ionie (région
occidentale de la Turquie
actuelle, le long de la mer
Egée). Deux raisons à cela :
son emplacement d’abord,
sur le bord de la mer et
entourée de collines
(aujourd’hui la mer a reculé
de plus de 7km, mais c’était à
l’époque un port de tout
premier ordre). Son
importance religieuse ensuite
: Ephèse comptait parmi ses
monuments une des sept
merveilles du monde,
l’Artemision, ou temple
d’Artemis, que l’on venait voir
de toutes les contrées : il n’en reste aujourd’hui rien, malheureusement ; mais tant d’autres beautés à découvrir, comme ses deux
plus beaux atours : le grand théâtre et la bibliothèque. La visite se fait de l’agora supérieure en redescendant vers l’agora basse.
détail de la bibliothèque de Celsus
Sommaire |
Agora supérieure : la partie administrative
Une vue panoramique de l’agora supérieure, vaste place qui desservait les bâtiments administratifs : on aperçoit le mieux conservé d’entre eux,
l’Odéon. A gauche, le prytanée.
Un plan de la cité antique permet de mieux se rendre compte de l’organisation de la ville. Ephèse aurait été fondée au Xème
siècle avant notre ère et le culte d’Artémis, à qui toute la cité est dédiée, instauré dès le départ. Avec l’essor de son activité
portuaire, elle a bien entendu été l’objet de nombreuses convoitises, et est passée entre les mains de plusieurs peuples : Scythes,
Lydiens (et son légendaire roi Crésus), Perses, Macédoniens… C’est sous l’époque hellénistique qu’elle devient un centre
administratif important. C’est la partie haute de la ville, autour de son agora (voir photo cidessous vue d’ensemble) qui abritait les
monuments administratifs. Tôt dans son histoire, Ephèse a connu la démocratie. C’est la boulè qui rend les décrets et assure le
fonctionnement de la ville. Ses membres siègent dans le bouleuterion, qui se situait à l’emplacement de l’actuel Odéon.
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1 - vue d’ensemble de l’agora
2 - une des bordures de
l’agora, avec son péristyle
3 - 23 rangées de gradins :
des pattes de lions
encadrent une rangée de
marches
Cet édifice en demi-cercle, qui date du premier siècle avant notre ère, était une salle de réunion du conseil
municipal ; il pouvait aussi, plus rarement, avoir une fonction civile comme lieu de rencontre pour des
représentations culturelles (conférences, concerts). Contrairement au théâtre, l’Odéon, ou petit théâtre,
possédait un toit en bois. Sa capacité d’accueil est estimée à 1400 personnes.
Du point de vue de l’évolution de l’architecture, Ephèse est un des berceaux de la naissance du style ionique (nous sommes dans la
région de Ionie), qui succède au style dorique et précède le style corinthien (voir la page sur Paestum pour plus de renseignements).
On voit bien sur les photos ci-dessous les chapiteaux plus travaillés avec des volutes et le pied présent en bas du fût.
vue sur l’agora depuis la Basilique, centre d’affaires de la cité, qui possédait une nef et deux ailes, séparées de
rangées de colonnes
2 et 3 - prytanée
A l’ouest de la Basilique (dont on voit certaines colonnes au premier plan de la photo de gauche), voici le prytanée, autre lieu
important de la cité. C’est en quelque sorte l’hôtel de ville, qui servait aux réunions des magistrats et aux représentations des principales cérémonies religieuses. A droite, on voit à l’arrière plan, au niveau des deux fines colonnes, le lieu où se trouvait l’autel
dédié à Hestia (Artémis), où brûlait en permanence le feu sacré. Ce feu était gardé par les courètes, qui ont donné leur nom à la
grande rue de marbre qui part de l’agora haute pour rejoindre le bas de la cité.
Place de Domitien
Le joli monument de Memmius, fils du dictateur Sylla, construit au premier siècle par Auguste. Posés sur un
socle de gros blocs, des hauts-reliefs représentent son père et son grand-père. Sylla était un héros pour les
romains d’Ephèse ! C’est lui qui, avec l’armée romaine, vint à bout de Mithridate, qui voulait, selon sa phrase
célèbre, « l’Asie pour les Asiatiques ». C’est en sa mémoire que ce monument a été érigé.
A gauche, le haut de la magnifique rue des Courètes se termine sur la jolie place de Domitien, avec un… rond-point en son centre
(on le distingue bien à gauche de la photo).
A droite : voici le monument qui a donné son nom à la place : le temple de Domitien. Construit au sud d’une vaste esplanade de
cent mètres de longueur, c’est le premier monument connu à Ephèse à avoir été dédié à un empereur. Il comprenait à l’époque huit
colonnes en largeur pour treize dans sa longueur. C’est l’empereur Domitien lui-même, sous son règne, qui donna son accord pour
l’érection de ce temple dédié pour la première fois à un mortel (quel honneur d’être non loin d’Artémis !). Mais Domitien était très
impopulaire, et une fois assassiné, les habitants d’Ephèse se sont empressé d’effacer toutes les inscriptions où son nom apparaissait.
Le temple, quant à lui, fut laissé intact, mais prit pour nom celui de son père, populaire lui : Vespasien !
Rue des Courètes
C'est une des trois rues les plus importantes d’Ephèse, et certainement celle qui offre le panorama le plus formidable sur la partie sud de la ville et sa fameuse bibliothèque de Celsus, que l’on aperçoit à son extrémité. Elle tire son nom des courètes, ces
prêtres qui gardaient le feu sacré de la ville au coeur du Prytanée. Bordée d’une belle colonnade, elle partait de la porte d’Hercule.
De chaque côté, des monuments, des échoppes, des fontaines et des statues. C’est aussi dans cette partie de la ville que les
archéologues ont assez récemment découvert des habitations de riches citoyens, alors qu’on pensait jusqu’alors que tous les gens
vivaient à l’extérieur de la ville. Les villas, très riches, se visitent en payant un billet à part.
3 - une des nombreuses statues qui
ornaient les bas-côtés de la rue
4 - la belle fontaine de Trajan.
Construite en 104 av.JC
voici une idée des trottoirs somptueux qui bordaient la rue des Courètes à l’époque ! Tout en mosaïque, ils
étaient recouverts d’un toit pour abriter les habitants de la pluie ou du soleil, leur permettant de faire les
boutiques sans se presser…
Le temple d’Hadrien est un des plus beaux monuments d’Ephèse. Toujours sur la rue des Courètes, il fut construit en 138 avant
notre ère et dédié à l’empereur Hadrien, qui est d’ailleurs venu le visiter dix ans plus tard depuis Athènes. Sa belle façade possède
quatre colonnes corinthiennes soutenant un arc. Les deux colonnes extérieures sont carrées. Ce temple est un témoignage unique
pour les archéologues car sa partie intérieure possède de somptueuses frises (photo cidessous qui relatent, de part et d’autre de la
figure centrale de Méduse, l’histoire de la fondation d’Ephèse par Androklos, rien que ça ! Les principaux dieux du panthéon
gréco-romain se succèdent sur la frise.
temple d’Hadrien vue d’ensemble
somptueuses frises
Ces latrines faisaient partie des thermes adjacents et furent construits au premier siècle avant notre ère. L’entrée était payante.
Adossées à un mur les unes à côté des autres, sans cloison, les toilettes, qui possédaient sous le sol d’un ingénieux système
d’évacuation, montrent que les romains n’étaient pas très pudiques…
la bibliothèque de Celsus
La bibliothèque de Celsus est le clou de la visite d’Ephèse ! Construite en 117 av. JC, et dédiée à Celsus (qui y était d’ailleurs
enterré à l’entrée, son tombeau surmonté d’une statue d’Athéna), le gouverneur de la province d’Asie, c’était à l’époque la
troisième plus grande bibliothèque au monde, après Alexandrie et Pergame. Les 12000 rouleaux de papyrus étaient placés dans des
niches protégées de l’humidité par une double cloison. Sa façade magnifique à deux étages et son style corinthien possédait trois
entrées, qui s’alignent sous les trois fenêtres du premier étage. Les architectes ont usé d’une technique d’illusion d’optique pour
donner une plus grande impression de taille à cette façade : les colonnes du coté sont légèrement plus courtes que les centrales. Les
statues visibles dans les niches symbolisent des vertus humaines : l’intelligence, la valeur, la connaissance. A droite de la
bibliothèque s’ouvre une des trois portes de la plus grande agora d’Ephèse : l’agora commerciale.
bibliothèque de Celsus
l’agora commerciale
L'agora commerciale, longue de 110 mètres, et véritable coeur de la cité (photo de droite) était entièrement entourée de
colonnes. On aperçoit au fond la bibliothèque. Cette agora est bordée par la belle et large rue de marbre (Vero sur la photo de
gauche), reliant les deux plus beaux monuments actuels d’Ephèse : la bibliothèque et le Grand Théâtre. Pour la petite histoire, c’est
dans cette rue que les archéologues ont découvert le premier panneau de signalisation de l’histoire, en occurrence un doigt montrant
la direction qu’il fallait prendre pour rejoindre la bibliothèque…
le grand théâtre
Le grand théâtre ! Adossé aux flancs de la colline Panayir, il date de la période hellénistique (IIIème siècle avant notre ère),
sous le règne de Lysimaque. Mais c’est durant l’époque romaine qu’il a été remanié et agrandi. Avec ses 25000 places, 66
rangées de sièges, c’est tout simplement le plus grand de toute l’Anatolie. Comme dans tous les théâtres romains, il y a plusieurs
sections (trois ici) qui séparent différentes classes sociales. Tout en bas, près de la scène, sont les plus riches, assis sur du marbre,
près de la loge de l’empereur. Ces sièges avaient un dossier. Plus haut prenait place le peuple.
Le mur de scène, que l’on voit bien sur cette autre vue, faisait 18 mètres de hauteur et était décorée de niches et de statues. Cinq portes permettaient
d’accéder à l’orchestre. L’utilisation du théâtre était multiple : pièces bien sûr, mais aussi concerts, discussions politiques, philosophiques ou
religieuses, combats de gladiateurs et combats de bêtes sauvages.
autre vue du Grand Théâtre
Turquie - Ephèse, la perle grecque
Reviewed by RENOULT
on
27 novembre
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