Pologne - Auschwitz, un devoir de mémoire
Se rendre à Auschwitz, ce
n’est pas visiter, ce n’est pas
faire du voyeurisme, ce n’est
pas se promener, c’est
effectuer un douloureux
devoir de mémoire dans un
lieu pesant, frappé d’un
silence sidérant, comme
d’autres vont à Oradour plus
près de chez nous afin
d’honorer la mémoire des
civils disparus. Car
Auschwitz est le symbole de
la Barbarie humaine, c’est un
point-martyr sur une carte
qui ne pourra jamais plus
vivre comme avant.
D’ailleurs, en arrivant dans
la ville moderne d’Auschwitz,
nous nous sommes demandé
comment les habitants vivaient le fait d’habiter un endroit si « marqué ». Comme pour Oradour sur Glane, s’est posée la question
de l’après : que faire de cet héritage si terrible ? le détruire ? le conserver ? le détruire conduirait à oublier, à faire comme si rien
ne s’est jamais passé (déjà que certains individus tentent de le faire croire en niant la shoah…). Or, il faut au contraire y venir pour
constater ce que l’Homme a pu faire afin de ne jamais l’enlever de sa mémoire. C’est dans ce sens que l’Unesco a depuis les
années 1970 classé Auschwitz au patrimoine mondial de l’Humanité, car ici (comme dans d’autres camps), chacun y a perdu
quelque chose. Il faut le regagner tout du moins dans la pensée.
Auschwitz fait partie de ces endroits innommables que l’on doit aller voir pour savoir le nommer ; « l’homme
est un loup pour l’homme » a dit le romain Plaute… l’Histoire n’a eu de cesse de le confirmer.
« ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence »
Elie Wiesel, prix Nobel de la paix et rescapé des camps
Auschwitz I
C'était le camp le plus ancien, ouvert dès 1940 en lieu et place d’une ancienne
caserne militaire polonaise, au coeur d’une région annexée par le Reich en 1939..
Les S.S. le veulent comme camp de travail forcé puisque les prisonniers devront
fournir la main d’oeuvre nécessaire à la fabrication de l’essence et du caoutchouc
synthétiques. Les premiers prisonniers à y venir sont ceux que le gouvernement
allemand estime dangereux : opposants politiques polonais, intellectuels, suspects de résistance, etc… mais pas seulement, puisque
les allemands y font également venir ceux qu’ils appellent les « éléments asociaux » : juifs, tziganes, homosexuels, handicapés,
prostituées. On arrive très vite à 20000 détenus, dont la moitié mourront des sévices et tortures infligés par les S.S. Une fois la
guerre déclarée à l’URSS, on voit les prisonniers soviétiques arriver, et ils seront particulièrement brutalisés. Leur extermination par
gazage se fait sur place en URSS, au fur et à mesure de l’avancée des troupes allemandes, et l’on « teste » à Auschwitz de nouvelles
méthodes, comme l’asphyxie par les gaz d’échappement des camions.
La fameuse devise, reprise du camp de Dachau, « Arbeit macht frei » / le travail rend libre » est inscrite au-dessus du portail d’entrée et c’est au son de l’orchestre de détenues femmes que les hommes partent travailler chaque matin.
la tristement célèbre entrée d’Auschwitz I et sa devise : « le travail rend libre »…
Ces détenus vont travailler de six à sept jours par semaine, marqués d’un tatouage et surveillés de manière continue par les kapos,
les prisonniers allemands les plus violents. Tous ceux qui tombent malades ou sont trop faibles pour travailler sont
exécutés. Le tournant a lieu lorsque Adolf Hitler exige que l’on teste à Auschwitz de nouvelles techniques d’ « exterminations
massives ». Afin d’accélérer les mises à mort qui se faisaient le plus souvent à l’arme à feu, on trouve l’impensable : le Zyklon B,
puissant pesticide utilisé pour désinfecter les baraquements. Les premières chambres à gaz datent de cette époque. On bascule
encore plus dans l’Horreur.
Auschwitz II – Birkenau
En 1943, le premier camp ne suffit plus devant l’ampleur du « travail » exigé par Hitler. A trois kilomètres plus à l’ouest, dans
des marécages, on construit à toute vitesse Auschwitz II Birkenau, gigantesque camp d’extermination et de travail, dans lequel vont périr 1,1 million de personnes… Il y a une section pour les hommes, une autre pour les femmes, quasiment
exclusivement juifs ou tziganes. Le tout est entouré de lignes barbelées électrifiées à haute tension. Birkenau devint vite le symbole
de la solution finale au problème juif voulu par le Reich, et les détenus arrivaient de toute l’Europe par trains directement dans le
camp. L’image de ces rails pénétrant par la porte d’entrée est une des pires de l’imaginaire collectif de l’humanité. Les plus faibles,
les femmes enceintes et les enfants étaient directement gazés : les autres plus valides partaient pour le travail.
Les détenus, lors de la phase finale de l’agrandissement de Birkenau, arrivaient directement par trains dans le
camp, au plus proche des chambres à gaz.
Auschwitz Birkenau a été laissé dans l’état, sans rien changer, pour, encore une fois, que l’on se souvienne à tout jamais de ces
millions de victimes et de prisonniers, des plus connus comme Anne Franck ou Simone Veil aux anonymes. Devant ce qui constitue
le plus grand cimetière de l’humanité a été installée une plaque traduite dans de nombreuses langues ; on peut y lire :
« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. Auschwitz – Birkenau 1940 – 1945 »
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Pologne - Auschwitz, un devoir de mémoire
Reviewed by RENOULT
on
17 mars
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