Vatican - un état-musée, de Saint-Pierre à la chapelle Sixtine
Le Vatican, avec ses 0,44 km²,
est le plus petit Etat au
monde. Il fut crée en 1929
pour représenter le Saint-Siège,
devenant ainsi la ville la
plus sacrée du christianisme.
Entièrement enclavé dans
Rome, il est ceint de
murailles, comme voulu par
les accords de Latran qui l’ont
créé. Le Vatican est composé
de la place et de la Basilique
Saint-Pierre, du palais
apostolique, des jardins et
musées du Vatican. Le Saint-Siège
possède également
quelques territoires hors
Vatican, comme les trois
autres basiliques majeures,
dans Rome.
Visiter le Vatican, c’est
admirer des merveilles
artistiques inouïes, car bien entendu, avec onze musées pour 800 habitants, c’est un record absolu.
l’Apollon du Belvédère est une des pièces maîtresses du musée Pio-Clementino
la place Saint-Pierre
La place Saint-Pierre est une des plus célèbres au monde, étant un lieu de rassemblement de dizaines de milliers de personnes
lors des cérémonies papales. Magnifique esplanade baroque de 200 sur 150 mètres, on la doit au Bernin qui trouva une
solution théâtrale pour mettre en valeur la basilique. La double colonnade s’éloigne puis se rapproche de la foule, comme pour
l’enserrer. La place s’ouvre à l’Est sur une large perspective, laissant apercevoir Rome et le château Saint-Ange.
Parlons tout de suite de la façade de la Basilique, puisque c’est d’ici qu’on la voit le mieux. Probablement
l’élément le moins réussi de Saint-Pierre, elle fut conçue par Carlo Maderno et s’étend sur 144 m pour 45 de
hauteur. Le fronton central est surmonté des statues du Christ et de onze des apôtres.
1 - L'obélisque que l’on voit au centre de la place marquait à l’origine le milieu de la spina (terre plein central) du Circus Vaticanus, ou cirque de Neron. On rapporte que la crucifixion de Pierre eut lieu au pied de l’obélisque. En marbre rouge d’Assouan, il a été rapporté d’Heliopolis à Rome par l’empereur Caligula. Il ne possède aucune inscription hiéroglyphique.
2 - la double colonnade du Bernin
3 - Entrée du palais apostolique, résidence des papes depuis leur retour d’Avignon. Avant Avignon, ils habitaient
dans le palais du Latran, accolé à la basilique du même nom. Plus grand palais habité au monde, avec 1400 pièces, il comprend les
appartements du pape, la bibliothèque, la Curie romaine et une partie des musées. La porte que l’on voit sur la photo est la
principale : la porte de Bronze. Elle est surveillée en permanence par un poste de la garde-suisse pontificale, composée d’un
sergent et de deux hallebardiers.
Vue de la place depuis le haut de la Basilique, avec la vue qui s’étend jusqu’au château Saint-Ange et tout Rome.
la basilique Saint-Pierre
La Basilique Saint-Pierre est un mastodonte : plus grand édifice religieux du monde chrétien, elle mesure 219 mètres de
longueur pour 136 de haut. Située à l’emplacement de l’ancienne basilique construite sous Constantin, c’est un des monuments
les plus visités au monde, et un choc visuel dès l’entrée. Il faut dire que trois des plus grands architectes de leur temps se sont
partagé la tâche : Bramante, le Bernin et Michel-Ange ! Abritant la sépulture de Saint Pierre, premier évêque de Rome, elle
accueille au minimum, sur la place, 150 000 fidèles chaque dimanche.
L’immense nef repose sur des doubles pilastres massifs. A vrai dire, on a du mal, en entrant dans la Basilique, à
se faire une idée des dimensions globales, car tout est à l’échelle, c’est-à-dire démesuré. C’est en avançant et
en levant la tête vers la coupole que l’on prend conscience d’être dans un endroit gigantesque. Les anges
survolant les piliers font plus de deux mètres chacun.
1 - détail du haut de la nef
2 - dans les chapelles latérales, on peut admirer de jolies coupoles
3 - le choeur de la basilique
4 - le portail central de la basilique
est en bronze et date de 1455
5 - vue depuis le haut de la
basilique sur les jardins et
musées du Vatican
histoire de la construction... La Basilique actuelle date d’un concours d’architecture lancé par le pape Jules II au début du XVIème siècle. C’est Bramante qui le remporte et qui propose une grande Croix grecque. Une fois mort, il est remplacé par trois architectes successifs, dont Raphaël, qui fit un changement important en proposant une nef à cinq baies. Mais c’est surtout à Michel-Ange que l’on doit l’agencement du monument tel qu’on le voit aujourd’hui. Contraint de finir la Basilique par le pape Paul III, c’est à contre-coeur qu’il s’y engage. C’est le choeur de Saint-Pierre qui est l’oeuvre de Michel-Ange, puisque la nef sera terminée plus tard.
Le chef-d’oeuvre de Saint-Pierre est la coupole principale. Avec 137 mètres de hauteur (!!),
c’est le plus haut dôme du monde, et c’est pour surpasser celui de Florence, créé par Brunelleschi, qu’il fut
conçu, bien que son diamètre (41 mètres) soit légèrement inférieur à ce dernier, ou encore au Panthéon,
mais supérieur à Sainte-Sophie de Constantinople. Michel-Ange, à qui l’on doit l’achèvement du dôme, le fait
tenir par un tambour à quatre piliers. On ne peut imaginer la taille de cette coupole tant que l’on y est pas
monté. C’est immense. Pour avoir une idée, les lettres sur le pourtour interne du dôme mesurent deux mètres
de haut ! Voici d’ailleurs ce qu’on peut y lire : « TU ES PETRUS ET SUPER HANC PETRAM AEDIFICABO ECCLESIAM
MEAM. TIBI DABO CLAVES REGI CAELORUM » (Tu es Pierre et sur cette pierre je construirai mon église. Je te
donnerai les clefs du royaume des Cieux).
C’est au Bernin que l’on doit l’immense baldaquin de 29 mètres de haut, entièrement en bronze, qui surmonte
le maître-autel. Lorsqu’on le voit depuis le haut de la coupole, il semble minuscule, mais ce baldaquin est aussi
grand qu’un immeuble de dix étages, ce qui permet de se rendre compte, une fois encore, des dimensions hors-norme
de cette basilique. Malheureusement, pour se procurer tant de bronze, il fallut aller le piquer ailleurs…
et ce sont les canons du château Saint-Ange, mais surtout le bronze du portique du Panthéon, qui furent coulés
! La tradition de placer un baldaquin au-dessus du maître-autel est fréquente, afin de constituer un espace
sacré autour du lieu où est réalisée l’eucharistie. Le Bernin a voulu des colonnes torses afin de rappeler sans
doute la forme de celle où Jésus fut lié avant d’être crucifié.
Pièce maîtresse de la statuaire vaticane, la pieta de Michel-Ange, protégée derrière une vitre, est le type même de la
Mater dolorosa, la « Vierge Marie douloureuse », portant dans ses bras son fils crucifié. Cette scène biblique se situe donc juste
avant la mise au tombeau. C’est un cardinal français, ambassadeur auprès du pape, qui en fait la commande pour orner la chapelles
des Rois de France dans l’ancienne basilique Saint-Pierre. Michel-Ange l’achèvera en 1499. L’artiste tranche avec les autres Mater
dolorosa de la même époque : il insiste sur la beauté et la jeunesse de la mère de Dieu, autant que sur sa souffrance. Le Christ
semble même plus âgé que sa mère, et plus petit, allongé sur ses genoux, un bras tombant vers le sol. La main gauche de Marie,
avec la paume ouverte et l’index tendu, exprime sa douleur et son pardon. La Pieta est le chef-d’oeuvre de Michel-Ange : quand on
pense qu’il l’a réalisée dans un seul bloc de marbre, rendant toute erreur impossible à rectifier… C’est également la seule sculpture
qu’il ait jamais signée, gravant son nom sur le bandeau de la Vierge.
les Musées du Vatican – Cortile della Pigna
Les Musées du Vatican, au nombre de onze, forment un ensemble d’une richesse inouïe, accumulée au fil des siècles par les
papes. C’est Jules II, au début du XVIème siècle, qui rassembla le premier noyau autour de la Cour des Statues (aujourd’hui la
Cour octogonale). Les Papes décidèrent rapidement de mettre à disposition du public leurs oeuvres privées. Sous la volonté de
Clément XIV et Pie VI, au XVIIIème siècle, naissent les galeries pontificales, accessibles au grand public (d’où le nom du Musée le
plus célèbre, le Pio-Clementino). Les pièces antiques du Chiaramonti sont ajoutées par Pie VII, qui agrandit considérablement
l’ensemble. Le musée Etrusque sera fondé en 1837, l’Egyptien deux ans plus tard. Mais les Musées du Vatican, ce sont encore : la
galerie des cartes géographiques, des tapisseries, les salles de Raphaël, les appartements Borgia, la bibliothèque apostoline,
la Pinacothèque, le musée d’art moderne, et, clou de la visite, la célébrissime chapelle Sixtine ! Alors pour avoir un aperçu des
trésors du Vatican, mieux vaut avoir de bonnes chaussures !
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1 - entrée principale des
Musées
2 - vue, depuis la terrasse
des Musées, sur la
coupole de Saint-Pierre
3 - une partie des jardins du
Vatican et la façade de la
Pinacothèque
4 - Cortile della Pigna
5 - vue globale de la cour
vers le sud
Le coeur névralgique des musées est la belle cour à la pomme de pin, Cortile della Pigna, coeur des Palais du
Belvédère, ancienne résidence papale. La pomme de pin en bronze, entourée de deux paons, est située au pied
d’un double escalier de Michel-Ange. La pomme de pin date du Ier siècle.
Détail de la pomme de pin de quatre mètres de hauteur, qui aurait été située devant l’ancienne basilique Saint-Pierre.
Puis, à l’époque classique, elle fut transférée devant le Panthéon. Elle est maintenant située devant une
grande niche à trois niveaux, le Nicchione, réalisée en 1565.
Musées du Vatican – galerie des Candélabres et des Tapisseries
La longue galerie des Candélabres fut construite en 1761, et les plafonds peints à la fin du XIXème siècle. Elle abrite une belle
collection de statues romaines, des copies d’originaux grecs de la période hellénistique et deux grands candélabres datant du
IIème siècle après JC.
2 - détail du plafond décoré au
XIXème
3 - vue d’ensemble de la galerie des
Candélabres
4 - la galerie des tapisseries
possède des exemplaires
flamands réalisés à l’époque de
Clément VII
Musées du Vatican – galerie des Cartes Géographiques
C'est la plus belle galerie des Musées, avec ses quarante cartes géographiques peintes à fresque, représentant les régions
d’Italie et les possessions de l’Eglise à l’époque du pape Grégoire XIII (XVIème siècle). Elles ont toutes été réalisées entre 1580
et 1585 d’après les cartons d’un célèbre géographe de son temps. Le plafond est plus récent et de style maniériste. La galerie
mesure 120 mètres de longueur pour six de large.
La galerie dans son ensemble.
Musées du Vatican – la chapelle Sixtine
La chapelle Sixtine est un des hauts-lieux de l’Art dans le monde : imaginez entrer dans une chapelle entièrement peinte par
les plus grands artistes de la Renaissance. Une chapelle dont certaines fresques sont devenues, telle la Création d’Adam par
Michel-Ange, des symboles de la peinture.
Sous le patronage du pape Jules II, le célèbre Michel-Ange peignit, seul, luttant jour après jour, 1 100 m² de fresques ! On lui doit
l’intégralité du plafond, ainsi que le Jugement dernier sur un des côtés. Voulue, d’où son nom, par le pape Sixte IV, elle sert
aujourd’hui de site pour le conclave papal qui est chargé d’élire tout nouveau pape.
L’intérieur de la chapelle Sixtine répond aux proportions antiques ; sa longueur fait exactement trois fois la
largeur et deux fois la hauteur. La célèbre voûte en berceau part du haut des fenêtres latérales. A l’origine,
avant l’intervention de Michel-Ange, elle était peinte en bleu avec des étoiles d’or. On distingue bien sur la
photo l’écran en marbre qui sépare la chapelle en deux parties : à l’origine au centre, il laissait une partie égale
pour les pèlerins et les gens de la ville, ainsi que pour les membres du clergé. Mais avec le nombre grandissant
des assistants du pape, l’écran a été déplacé pour donner un espace plus réduit pour les fidèles laïcs.
Les murs sont divisés en trois parties :
– partie basse : elle est ornée de fresques couleur or et argent représentant des tentures murales.
– partie centrale, la plus importante : elle possède deux cycles de peintures, sur les deux murs se faisant face. Ce sont des peintres
florentins, Sandro Botticelli, Perugin ou Ghirlandaio, qui se chargèrent d’évoquer, d’une part, la vie de Moïse, et, d’autre part, celle
de Jésus.
– partie haute : elle même séparée en deux parties avec, autour des fenêtres, des fresques des différents papes et à leur sommet, de
petites lunettes représentant les ancêtres du Christ, peints par Michel-Ange.
Le plafond, lui, commandé par le pape Jules II, fut peint en quatre ans, de 1508 à 1512, par Michel-Ange. Il
dispose d’une série de neuf tableaux montrant diverses scènes bibliques de la Genèse. Sur les grands
pendentifs qui soutiennent la voûte sont représentés des personnages bibliques et des Sybilles, femmes-prophètes
qui ont annoncé l’envoi sur la Terre de Jésus-Christ pour sauver l’humanité.
Il n'y a pas de fumée sans pape... C’est donc dans la Sixtine que se réunit le conclave, chargé d’élire un nouveau pape. Une cheminée est alors installée dans la chapelle, signal pour la population qui attend les résultats à l’extérieur : si c’est de la fumée blanche qui en sort, issue de la combustion de tous les bulletins de vote, c’est signe qu’un nouveau pape a été élu ; en revanche, si la fumée est noire – combustion des bulletins auxquels on ajoute de la paille – c’est qu’aucun des candidats n’a encore obtenu la majorité des suffrages.
Voici un plan du fameux plafond peint par le maître Michel-Ange. La peinture la plus célèbre de l’ensemble est, quasiment au centre
quand on lève la tête, la Création d’Adam. Quand on lui demande de réaliser ce plafond, jusqu’alors peint en bleu, il manqua refuser,
tant l’entreprise était énorme. Michel-Ange pensait aussi qu’il était meilleur sculpteur que peintre, et c’est en pestant qu’il signa le contrat. La littérature est nombreuse à relater les difficultés énormes, et la fatigue, rencontrées par le peintre pour réaliser son
plafond. Il créa un vaste système échafaudages pour accéder aux moindres recoins, et durant quatre ans il travailla comme un
diable, couché, afin de sublimer la chapelle. Au final, il créera plus de 300 personnages, utilisant des couleurs vives, bien visibles
depuis le sol.
Laissons la parole à Goethe : « Sans avoir vu la chapelle Sixtine, on ne peut former aucune idée de ce qu’un homme est capable de
réaliser ».
C’est une des peintures les plus célèbres au monde, autant que la Joconde de Vinci. Qui n’a jamais vu les
représentations de ces deux doigts prêts à se toucher ? Michel-Ange montre ici, dans la partie centrale de son
plafond, et comme l’explique la Bible, la Création d’Adam par Dieu qui, sur la droite, insuffle la vie au premier
être humain. Dieu est représenté comme un vieil homme à la barbe blanche, enveloppé dans un manteau
tourbillonnant, tandis qu’Adam, en bas à gauche, est complètement nu. Le bras droit de Dieu est tendu, et fort,
afin de donner l’étincelle de vie qui se propagera dans le bras encore inerte et mou d’Adam. Les deux bras,
alignés dans le même axe, sont un rappel intelligent que « Dieu a créé l’Homme à son image ».
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1 - Autre fresque célèbre du
plafond, toujours faisant partie
des neuf scènes de la Genèse, la
chute de l’Homme et l’expulsion
du Paradis.
2 - Vue d'ensemble de la chapelle.
3 - Série de fresques représentant
des épisodes de la vie de Jésus.
4 - vue du plafond
5 - Sur ce détail, deux autres éléments de la Genèse sont représentés, la Séparation de la Lumière et des Ténèbres (bas de la photo) et la Création du Soleil de la Lune et de la Terre (haut de la photo). Ces moments renvoient au premier chapitre de la Genèse : « Et Dieu dit « que la lumière soit », et la lumière fut ». Puis : « Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres ». Bien qu’en terme de chronologie cette scène soit la première, Michel-Ange termina ses fresques par ces épisodes. Il prend soin d’encadrer Dieu de quatre ignudi, athlètes nus qu’il place dans le plafond.
Michel-Ange, exténué par le plafond, n’en n’avait néanmoins pas encore fini avec la chapelle… En effet, vingt ans plus tard,
il est rappelé pour remplacer des peintures existantes sur le mur du maître-autel, afin d’y créer une fresque monumentale. Il lui faudra là encore quatre ans de dur labeur : ce sera l’immense Jugement dernier. L’artiste fut accusé de manquer de décence et les
parties génitales de nombre de personnages furent recouvertes d’un linge par un peintre maniériste, une hérésie aujourd’hui !
L’ensemble mesure 17 mètres de hauteur pour 13 de large, sous forme d’une double lunette. En haut de chacune d’entre elles les
anges tiennent les objets de la Passion : la Croix et la colonne de la flagellation. Au centre se trouve un Christ en majesté, levant la
main en signe de Jugement : entouré de sa mère et des Saints tenant leurs instruments de supplice, il gère le va-et-vient des morts
ressuscitant, en bas à gauche, emmenés vers lui par des anges, et des damnés, en bas à droite, poussés par les démons vers les
tourments de l’Enfer.
Détail d’une des fresques relatant la vie de Jésus. Ici, la remise des clefs à Saint-Pierre, par le Perugin (1482). Il s’agit
d’une scène biblique : Jésus remet à Saint-Pierre, accompagné des autres apôtres – Judas est la cinquième personne à la gauche du
Christ- deux clefs, une en or pour le Salut des âmes, et l’autre en argent pour ouvrir le Paradis. La foule représentée par le Perugin
est importante : les deux personnages à l’extrême droite sont en pleine discussion, l’un tenant une équerre l’autre un compas (ce
sont les deux architectes de la chapelle Sixtine). Une large esplanade à grands carreaux conduit le regard vers plusieurs monuments
à l’arrière-plan, deux arcs de triomphe encadrant une coupole. Quelques arbres typiques de la peinture du Perugin marquent le
paysage.
Musées du Vatican – galerie Alexandrine
Les sublimes galeries de la Bibliothèque vaticane, qui possède 1 600 000 ouvrages, dont certains manuscrits
parmi les plus rares au monde.
2 - Et on enchaîne d’autres galeries,
toutes plus belles les unes que
les autres : Alexandrine,
Chiaramonti, bibliothèque…
3 - Musée chrétien.
Musées du Vatican – Pio Clementino
Des onze musées, le Pio-Clementino est de loin le plus riche. Il fut voulu par les papes Clément XIV et Pie VI afin d’accueillir les
plus belles statues grecques et romaines du Vatican. C’est bien simple, on passe de merveilles en merveilles, et chaque
statue est merveilleusement mise en valeur.
Il faut s’arrêter devant l’Apoxyomène, d’après le sculpteur grec Lysippe. Il s’agit d’une copie romaine d’un type
répandu dans l’Antiquité : un athlète nu se racle la peau à l’aide d’un strigile, ustensile permettant d’enlever la
sueur et les peaux mortes. Lysippe travaillait à la cour d’Alexandre le Grand, en 330 avant notre ère. Si l’original
en bronze a aujourd’hui disparu, nous connaissons sa description grâce à Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle, qui raconte l’histoire de l’Apoxyomène, installé dans les thermes d’Agrippa, à Rome, avant d’être
enlevé par Tibère pour le mettre dans sa chambre. Trouvée en 1849 dans le quartier romain du Tratevere, la
statue est légèrement plus grande que nature, et répond au nouveau canon imposé par Lysippe : une tête
légèrement plus petite (1/8ème du corps contre 1/7ème dans le canon de Polyclète) et des membres fins et
longs. L’athlète est présenté en vrai contrapposto (hanchement) c’est-à-dire que l’un des deux pieds est fléchi
et supporte le poids du corps, afin de donner une impression de mouvement. D’ailleurs, le bras tendu invite le
spectateur à tourner autour du personnage afin de l’admirer sous divers angles.
1 - Le coeur du musée est la Cour
octogonale aménagée en 1772.
Véritable musée en plein air,
chaque alcôve abrite des chefs-d’oeuvre de la statuaire.
2 - Les Romains ne connaissaient
pas le savon et se servaient
donc du strigile, ce racloir
inventé par les Etrusques, afin
d’enlever la sueur et l’huile des
massages.
On enchaîne avec une autre statue mythique : l’Apollon du Belvédère, copie romaine du IIème siècle (période d’Hadrien) d’un
original perdu en bronze, attribué à Leocharès au IVème avant JC. De tous temps admiré, sans cesse imité, l’Apollon du Belvédère
représente le Dieu, d’une honorable taille de 2,24 mètres, en tant qu’archer. Ce qui a impressionné les visiteurs, c’est le travail
complexe du contrapposto : en effet, la divinité est présentée à la fois de face et de profil, permettant de l’admirer en divers angles.
On pense avoir reconnu le moment narratif mis en scène par l’artiste : l’archer Apollon vient de décocher une flèche et tuer le
serpent Python, lui permettant de s’installer dans ce qui deviendra son sanctuaire, Delphes. Le haut de sa chevelure est ceint d’un
bandeau que l’on trouve souvent chez les rois et les dieux. Entièrement nu – mis à part ses sandales et sa robe lancée sur son bras
gauche – il lève le regard vainqueur vers sa victime.
On pense que l’Apollon fut trouvé au cours du XVème siècle. C’est Jules II qui le fera placer dans son palais du Belvédère, dans la
cour où il se trouve toujours. Il devient très vite populaire dans le monde entier, et des demandes de copies affluent : en effet,
beaucoup le considèrent comme l’idéal de la statuaire grecque.
Le Laocoon… la Venus de Milo du Vatican, une des sculptures grecques les plus célèbres au monde, que nous
voulions admirer depuis fort longtemps. Elle date du premier siècle avant JC et devait orner la maison d’un
riche romain. Elle fut découverte en 1506, non loin du Colisée, dans les thermes de Trajan. Exposée au Vatican
dès l’année suivante par Jules II, elle fait l’objet d’un véritable engouement : François Ier la demande au pape,
en vain. Le groupe (Laocoon, ses deux fils et le serpent) étant incomplet, et le bras droit du prêtre est complété
en une immense diagonale. Ce fameux bras ne sera retrouvé qu’en 1905, et il n’est pas du tout étiré comme on
l’avait imaginé, mais replié : le Laocoon le retrouve dans les années 50.
un visionnaire puni... Qui était Laocoon ? Avec ce personnage de la mythologie grecque, nous sommes plongés dans la guerre de Troie : fils du roi Priam et d’Hecube, Laocoon est prêtre d’Apollon (ou de Poséidon selon les variantes). Un matin, les troyens découvrent un grand cheval de bois sur une plage, tout proche de la ville. Ce serait un cadeau des grecs à Poséïdon pour leur garantir un voyage sauf. On se dispute pour savoir qu’en faire : le faire entrer dans la ville en signe de victoire, ou le brûler sur place. Laocoon, sentant le danger, met en garde ses compatriotes. Virgile, dans l’Enéide, lui met dans la bouche cette phrase culte : « Timeo Danos, et dona ferentes » (je crains les grecs, même lorsqu’ils apportent des cadeaux). Il lance même un javelot dans le flanc du cheval, qui sonne creux. Mais qu’importe, on ne le croit pas, d’autant qu’un esclave grec capturé affirme avoir été laissé sur la plage aux côtés du cheval en offrande au Dieu. Laocoon veut alors offrir un sacrifice à Poséidon, mais à ce moment précis surgit un serpent des eaux, et commence à étouffer ses deux fils. Laocoon tente, en vain, de s’interposer, et meurt avec ses enfants. Ceci est vu comme un signe d’outrage des Dieux, et l’offrande n’est pas brûlée, mais amenée à l’intérieur des remparts : on connaît la suite, la supercherie permettra aux grecs de détruire Troie, ce qui sera l’occasion pour Enée de s’enfuir pour un long voyage au terme duquel il fondera… Rome.
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A gauche : toujours dans la cour octogonale, voici l’Antinoüs du Belvédère, aujourd’hui considéré comme un Hermès. Datant de l’époque romaine, il fut découverte au début du XVIème siècle près du château Saint-Ange, ancien mausolée de l’empereur Hadrien, et prise pour une représentation d’Antinoüs, le favori de ce dernier. Comme d’autres oeuvres du musée Pio-Clementino, cet Antinoüs connaît bien vite une notoriété méritée : Nicolas Poussin le considère comme un canon parfait aux proportions idéales. De nombreuses copies seront réalisées et disséminées dans des collections à travers le monde. Hermès, car l’homme est depuis fort longtemps considéré comme une divinité, est représenté nu et porte un manteau sur son épaule gauche et son avant-bras. On sait que cette statue est un type répandu dans l’Antiquité et qu’un serpent grimpait autour de l’arbre qui maintient le personnage sur sa droite, ce qui est un attribut du Dieu Hermès, dans son rôle de « conducteur des Ames ». Signalons enfin que la statue mesure 1,95 mètre.
A droite : le célèbre Torse du Belvédère est un torse fragmentaire en marbre, d’époque grecque, retrouvé au XVIème siècle en
l’état. Il rejoint d’ailleurs les Musées dès 1530 et exercera une fascination importante sur bon nombre d’artistes, parmi lesquels
Michel-Ange, tellement impressionné par la musculature et les proportions de la statue qu’il lui servira de modèles pour plusieurs
ignudi de son plafond, dans la chapelle Sixtine. Ce buste est signé, on devine d’ailleurs sur la photo les lettres gravées sur le socle,
entre les deux jambes : "Oeuvre d’Apollonios, fils de Nestor, d’Athènes" . L’homme est assis sur une peau de bête, elle même
posée sur un rocher. Son identification est quasiment impossible, la statue étant trop mutilée : s’agit-il d’Héraclès assis sur la peau
du lion de Némée ? Les hypothèses vont bon train.
1 - Un Antinöus représenté en Bacchus, retrouvé dans la villa Adriana de Tivoli.
2 - Immense baignoire en
porphyre rouge d’un
diamètre de cinq mètres,
dite « de Néron ».
3 - Hercule en bronze du
IIIème siècle après JC,
trouvé près du théâtre de
Pompée.
4 - détail de la mosaïque
5 - magnifique mosaïque du
IIIème siècle
représentant Athéna
6 - La salle en Croix grecque
possède deux immenses
sarcophages en porphyre
rouge se faisant face, l’un
de Sainte Hélène, mère
de Constantin, l’autre de
Constantine, fille de
l’empereur.
Musées du Vatican – Pinacothèque
Parmi les onze musées du Vatican figure une riche Pinacothèque, présentant en quelques salles seulement des trésors
inestimables. Ce n’est qu’au XXème siècle, sous Pie IX, que la Pinacothèque est créée afin de rassembler et présenter au public
la collection de toiles ayant appartenu à différents papes. La plupart de ces peintures rejoignirent le Louvre avec Napoléon,
mais furent restituées après le Congrès de Vienne en 1815.
A gauche et à droite : les deux faces du Triptyque Stefaneschi, Giotto di Bondone, 1315 – 1320. Magnifiquement conservé, ce
tableau du maître absolu de la peinture au Moyen-Ange, Giotto, tient son nom de son commanditaire, le cardinal Stefaneschi, qui
voulait orner l’ancienne basilique Saint-Pierre. Peint des deux côtés, il pouvait donc être vu aussi bien des fidèles que du prêtre :
- sur la face avant (photo de gauche) est représenté le Christ entouré d’Anges et du cardinal, avec sur la gauche la Crucifixion de
Saint Pierre, tête en bas, et, sur la droite, le martyre de Saint Paul. Sur la prédelle en-dessous, la Vierge Marie est accompagnée de
deux anges et des douze apôtres.
- sur la face arrière (photo de droite) il s’agit de Saint Pierre en chaire, tenant les clefs du Paradis, accompagné du cardinal portant la
maquette du triptyque que l’on a sous les yeux. Le pape Célestin Ier est agenouillé de l’autre côté. Sur les panneaux latéraux, Saint
Jacques et Saint Paul sont à gauche, Saint Jean et Saint André à droite, tandis que la prédelle, incomplète, montre trois Saints.
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A gauche : Vierge et quatre Saints, le Perugin (1495). Dans un décor en arcades, la Vierge est assise sur un trône monumental, avec l’Enfant sur ses genoux et entourée de Saint Laurent, Saint Ludovic de Toulouse, Saint Herculanus et Saint Constant, le protecteur de la ville de Pérouse pour qui était destiné ce retable. Le Pérugin fut très apprécié de son vivant, grâce à une grande clarté de perspective, une composition équilibrée et une harmonie parfaite entre les personnages et le paysage, qualités que l’on retrouve dans cette Vierge aux quatre Saints.
A droite : le Couronnement de la Vierge, Raphaël (1502 – 1504). Peint pour l’autel de l’église Saint François au Prato de Pérouse, ce
retable représente deux scènes bien distinctes, une assomption et un couronnement ; dans la partie supérieure, le Christ, entre des
Anges musiciens, couronne la Vierge. Dans la partie inférieure, les apôtres, dont Saint Thomas avec sa ceinture reçue en don de la
Vierge, sont debout autour de la tombe désormais vide, dont le corps a été remplacé par des fleurs. C’est une oeuvre de jeunesse du
maître de la Renaissance, avec un style qui ressemble encore beaucoup à son mentor le Perugin.
A gauche : la madone de Foligno, Raphaël (1513 – 1514). Cette toile fut commandée pour le maître-autel de l’église Santa-Maria in
Aracoeli, près du Capitole, à Rome, afin de remercier la Vierge d’avoir épargné la maison du commanditaire, dans le village de
Foligno, après un orage particulièrement violent. Il s’agit d’une Sacra conversazione, une « conversation sacrée », thème pictural
introduit dans l’Art par Fra Angelico, et qui représente des personnages saints, en général la Vierge en majesté trônant avec l’enfant
Jésus sur les genoux, accompagnés du donateur ou du commanditaire ; tous ces personnages semblent bavarder en partageant un
même espace, bien que ne partageant pas la même époque, ce qui est mis en évidence par les habits contemporains du
commanditaire. Ici, Raphaël a placé la Vierge et l’Enfant sur un nuage, entourés d’angelots s’enlaçant dans les reliefs nébuleux. Sur
terre, en bas à gauche, Saint Jean Baptiste, revêtu d’une peau de bête, indique la vision divine à Saint François qui se met à genoux.
Sur la droite, Saint Jérôme, en habits de cardinal, recommande le commanditaire de l’oeuvre en le tenant par la tête. Au centre, un
putto (ange nourrisson) tient une plaque. La foudre, qui a épargné le village représenté au-dessus du putto, a la forme d’un arc de
cercle et ne s’approche pas, grâce à la Vierge, de l’église.
A droite : la transfiguration, Raphaël (1516 – 1520). Le cardinal Jules de Médicis commanda deux toiles pour la décoration de la
cathédrale Saint Just de Narbonne, dont une fut confiée à Raphaël. Mais la toile ne fut jamais envoyée en France, le cardinal la
conservant en Italie. Le retable met en scène deux épisodes relatés l’un après l’autre dans l’Evangile selon Saint Matthieu :
– la transfiguration en haut, avec le Christ en gloire entouré des prophètes Moïse et Elie. Il flotte devant des nuages illuminés, au-dessus
de Pierre, Jacques et Jean, habillé de vêtements d’un blanc éclatant. Ce passage célèbre de la Bible prend place après la
multiplication des pains, lorsque les disciples reconnaissent en lui le Messie. Sur le Mont Thabor, il change d’apparence physique,
révélant cette nature divine. Le Christ est en totale lévitation, rendant la scène surnaturelle, et Raphaël a bien su rendre ce moment,
créant même un vent étrange, traduit par les drapés des deux prophètes.
– dans la partie inférieure, la rencontre des apôtres avec l’enfant possédé, soutenu par son père habillé de vert, que Jésus guérira
après son retour du Mont Thabor. Les yeux révulsés, l’enfant lève un bras au ciel et tend l’autre vers le sol. C’est la dernière toile
peinte par le maître Raphaël, et le style aux couleurs fortes et aux poses exagérées annonce le maniérisme.
A gauche : Saint-Jérôme, Leonard de Vinci (1482). Cette oeuvre, à l’état d’ébauche, est la plus énigmatique du plus énigmatique et
célèbre des peintres, le grand Leonard qui, décidément, aimait bien passer d’une toile à l’autre sans les terminer. Le peintre
toscan met en scène la pénitence dans le désert de Jérôme, occupant le milieu de la toile, le corps légèrement penché en avant. Le
lion, attribut du Saint, occupe la partie inférieure de la toile. Le paysage désertique et rocailleux n’est qu’esquissé.
A droite : Martyre de Saint Erasme, Nicolas Poussin (1628-29). C’est la toute première oeuvre publique de Poussin, qui venait de
s’installer à Rome quatre ans plus tôt. Sa peinture était destinée au transept droit de la Basilique Saint-Pierre, où elle resta aux côtés
des reliques du Saint jusqu’au XVIIIème siècle. Les persécutions d’Erasme eurent lieu sous le règne de Dioclétien (303 de notre ère).
Le martyr est représenté couché sur le dos au premier plan, avec au-dessus de lui un prêtre habillé de blanc lui montrant du doigt la
statue d’Hercule que le chrétien refusa d’adorer, ce qui lui valut son supplice en place publique. Un soldat romain, à cheval, surveille
la scène à l’arrière-plan, cependant qu’un bourreau retire les intestins du corps du malheureux pour les enrouler au treuil derrière
lui. Des Anges descendent vers Erasme, portant des symboles du martyre, la palme et la couronne.
Musées du Vatican – Stanze de Raphael et salle de l’Immaculée Conception
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1 - jouxtant les salles de Raphaël, voici tout d’abord la salle de l’Immaculée Conception. Elle est parée de fresques de Francesco Podesti, qui les réalisa à l’occasion de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, en 1854, par suite d’une bulle papale. C’est lors de ce discours qu’il fut assuré que la Vierge Marie avait mis au monde l’Enfant sans avoir été marquée par le péché originel. La cérémonie est représentée sur le mur principal, sur la droite, avec le pape Pie IX au premier plan promulguant le nouveau dogme sous un dais tendu dans la Basilique Saint-Pierre. Sur la partie supérieure de la fresque, au Ciel, la Vierge Marie reçoit une vénération au milieu de Saints. A gauche de la pièce, sur l’autre pan de mur, on peut voir la bénédiction de l’Immaculée Conception par le pape.
2 - les quatre chambres de Raphaël forment un somptueux ensemble de salles de réception dans la partie publique des
anciens appartements des papes. Avec la chapelle Sixtine, ces stanze sont un chef-d’oeuvre de la Renaissance. C’est Jules II, en 1506,
qui demande au tout jeune artiste, originaire d’Urbino, de s’attaquer à la redécoration des appartements. Il lui faudra, à lui et ses
élèves, 16 ans pour surpasser tout ce qui avait été fait jusqu’alors, et notamment les fresques des appartements Borgia situés juste
en-dessous.
A droite, voici la chambre de l’incendie du Borgo, et la fresque éponyme. Sur les quatre murs sont dépeints des événements de la vie des papes Léon III et IV, dont le dernier a éteint un incendie faisant rage dans le quartier du Borgo, près du Vatican, d’un simple
signe de croix. La scène se déroulait en 847.
Vue d’ensemble de la chambre de l’incendie du Borgo. Sur la partie gauche, la fresque déjà évoquée plus haut
l’incendie du Borgo. Sur le mur de droite, le Couronnement de Charlemagne, par les élèves de Raphaël (1515-16).
L’empereur fut couronné en 800 par le pape Leon III le soir de Noël.
La chambre la plus célèbre est la salle de la Signature, la toute première réalisée par Raphaël, dont on voit ici le
plafond. C’est ici que le pape signait et scellait les documents importants. La décoration, mettant en scène
sages et philosophes, était donc de circonstance, d’autant plus qu’une belle bibliothèque remplissait aussi les
quatre côtés sous les fresques.
Voici la fresque la plus célèbre des stanze : l’Ecole d’Athènes, Raphaël (1509-10), dans la chambre de la Signature. Sur plus de 7
mètres de longueur sont représentés de grands philosophes grecs antiques. L’utilisation des ombres est une particularité nouvelle
à l’époque. Raphaël place, dans un même espace, dans une sorte de Temple idéal, les représentants majeurs de la pensée antique,
mêlant aussi quelques personnages illustres (dont lui même) de son temps. Ce qui lui permet d’établir un parallèle entre Rome
moderne et Grèce antique.
1 Epicure - 2 Frédéric II de Mantoue - 3 Anaximandre ou Empédocle - 4 Averroès - 5 Pythagore - 6 Alcibiade ou Alexandre le Grand - 7 Xénophon - 8 Hypatie - 9 Eschine - 10 Parménide - 11 Socrate - 12 Héraclite (sous les traits de Michel-Ange) - 13 Platon (sous les traits de Leonard de Vinci) - 14 Aristote - 15 Diogène - 16 Plotin - 17 Euclide ou Archimède - 18 Strabon ou Zoroastre - 19 Ptolémée - 20 Raphaël.
Il est amusant de retrouver sur cette immense fresques les philosophes antiques, d’autant que la peinture regorge de détails quant aux différentes
théories. Ainsi, l’ensemble peut se voir comme un voyage à travers les différentes pensées.
A gauche : 17 Euclide (ou Archimède), sous les traits de l’architecte Bramante, opère une démonstration sous les yeux intéressés de plusieurs disciples. 19 Ptolémée, vêtu d’un habit orange et de dos, tient un globe terrestre, symbole de la Géographie tandis que son interlocuteur 18 Zoroastre tient, lui, une sphère céleste, symbole de l’Astronomie. 20 Raphaël en profite pour faire son autoportrait, écoutant attentivement la leçon.
A droite : assis dans une position négligée au milieu des marches, on reconnaît 15 Diogène, le philosophe cynique qui voulait se
détacher de tout monde matériel pour vivre dehors, dans son tonneau, comme un chien. Devant lui, à sa droite, est posée une
écuelle et dans la main gauche une feuille vide : la faim intellectuelle est moins importante dans la vie que la faim physique. Il est
isolé des autres, comme il le faisait dans la vie. On connaît sa réponse fameuse lancée au roi de Macédoine Alexandre, venu en
personne le voir dans son tonneau et lui demander s’il souhaitait quelque chose : « Oui, ôte-toi de mon soleil ! », car le Roi lui faisait
de l’ombre… Sacré personnage !
A gauche : 12 – Héraclite (VIème siècle av. JC) est représenté au premier plan, seul, écrivant sur un socle de marbre. Philosophe
pessimiste, il était réputé pour son mauvais caractère, d’où les traits de Michel-Ange, qui travaillait à l’époque à la Sixtine, et qui lui aussi était connu pour ses emportements ; 10 Parmédide regarde 5 Pythagore et semble contester sa démonstration. Ce dernier est
entouré de plusieurs personnages dont 4 Averroès que l’on reconnaît à son ruban blanc : c’est lui qui a ouvert en occident la
connaissance sur le monde arabe.
A droite : A l’arrière-plan sont représentés les deux plus importants philosophes de la pensée occidentale, côte à côte, 13 Platon,
tenant son Timée, et 14 Aristote, tenant son Ethique à Nicomaque. Les gestes des deux savants sont une représentation de leurs
deux théories philosophiques : Platon pointe l’index vers le ciel, expliquant sa théorie des Idées et la création du monde, tandis
qu’Aristote montre le sol, selon sa théorie empirique et rationaliste.
A gauche : dans la chambre de la Signature toujours, en face de l’Ecole d’Athènes, la dispute du Saint-Sacrement, Raphaël (1508-
09). Le Ciel et la Terre se partagent la fresque monumentale : en haut, le Christ est entouré de la Vierge Marie et de divers
personnages bibliques comme Moïse ou Jacob. Dieu le père trône au-dessus. Sous le ciel, le Christ est représenté par l’eucharistie et
plusieurs théologiens discutent.
A droite : voici la chambre d’Heliodore, avec des fresques beaucoup plus en mouvements que la chambre de la Signature, dédiée à
la réflexion et aux personnages statiques. La célèbre fresque en photo est l’expulsion d’Heliodore du Temple, Raphaël (1511) :
Seleucos IV charge Heliodore de s’emparer du trésor du Temple de Jérusalem, mais Dieu envoie un cavalier et deux jeunes hommes
le chasser du sanctuaire. Raphaël a placé le pape Jules II sur la gauche comme spectateur de la scène, juché sur une chaise à
porteur. Le message voulu par cette fresque est clair : les trésors de l’Eglise sont inviolables.
La plus grande des salles est la chambre de Constantin. Mais là, il ne s’agit plus d’oeuvres de Raphaël, l’artiste étant déjà mort
lorsque le pape demande la décoration, consacrée à la victoire du christianisme sur le paganisme.
A gauche : vue d’ensemble de la Bataille du pont Milvius, Giulio Romano (1520 -24). L’immense fresque relate la bataille qui eut
lieu en 312 entre l’empereur Constantin et Maxence. Une légende raconte qu’ayant vu une Croix en rêve, Constantin l’utilisa comme
étendard et remporta la bataille : il devait ensuite se convertir au christianisme.
A droite : la vision de la Croix, élèves de Raphaël (1520-24) : scène précédant la bataille du pont Milvius, Constantin aperçoit la
croix.
Musées du Vatican – double escalier
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Vatican - un état-musée, de Saint-Pierre à la chapelle Sixtine
Reviewed by RENOULT
on
13 février
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