Italie - Pise, le miracle
Non loin de l’embouchure de
l’Arno, Pise est mondialement
connue pour sa tour
penchée, clocher de la
cathédrale, point central de la
somptueuse place des
Miracles. D’origine étrusque,
la cité possède une très
longue histoire. Et sa
notoriété, elle l’a surtout due
à sa position stratégique le
long de la mer Tyrrhénienne,
étant le seul port entre Gênes
et Ostie. Ainsi, c’est de Pise
que partirent les expéditions
romaines contre les Ligures,
les Gaulois et les
Carthaginois. Mais c’est au
XIème siècle que la ville
connut ses heures de gloire,
en tant que République
maritime, asseyant sa
puissance dans une bonne
partie de la Méditerranée (voir encadré plus bas). Le voyageur qui vient aujourd’hui à Pise ne se contente souvent que d’un bref
passage aux alentours de la tour. C’est magnifique, évidemment, mais le reste de la ville mérite un tour approfondi, sur le long de
l’Arno par exemple.
La place des Miracles à la tombée de la nuit, avec sa fameuse tour et la cathédrale. L’ensemble est classé au
patrimoine mondial de l’Humanité.
Campo dei Miracoli et Baptistère
Le baptistère Saint-Jean, face à la cathédrale, est un magnifique exemple d’harmonie entre deux styles architecturaux : la
base, romane pisane et lombarde, est surmontée d’un étage gothique. Cette différence témoigne de l’histoire du monument, commencé en 1153, puis repris après interruption par Nicola Pisano en 1260, dont il confiera la décoration extérieure à son fils
Giovanni. Avec ses 55 mètres de hauteur, il s’agit du plus haut baptistère de tout le pays. Le portail principal, en marbre comme
tout le reste, est encadré de deux colonnes classiques. Le linteau, richement décoré, met en scène, pour le bas, plusieurs épisodes de
la vie de Saint Jean Baptiste, tandis que la partie supérieure montre le Christ entouré de la Vierge et du Saint, entouré d’anges et
d’évangélistes.
2 et 3 - intérieur baptistère
L’intérieur, immense, est sobre et la décoration réduite à sa plus simple expression. Les fonts baptismaux, de
forme octogonale, remontent au XIIIème siècle. Ils possèdent en leur centre une statue en bronze de St Jean
Baptiste. On voit en arrière-plan la célèbre chaire sculptée de Nicola Pisano. Le tout est baigné par une lumière
arrivant des vingt fenêtres autour de la coupole, dont le diamètre à la base est de 35 mètres.
L'apogée de Pise... Au XIème siècle, la puissance de Pise atteint son maximum. Centre commercial déjà très important, carrefour indiscutable de la Méditerranée, elle élargit considérablement ses pouvoir dès 1005 avec des victoires importantes contre les Sarrasins, qui avaient leurs bases en Corse et en Sardaigne. Au début soutenue par l’autre grande République, Gênes, les deux cités vont vite devenir de puissants ennemis. Après la Corse, ce fut la Sicile qui tomba sous le joug pisan, et les richesses pillées à Palerme aux Sarrasins permirent entre autres d’édifier les somptueux monuments que l’on visite aujourd’hui place des Miracles. Après une première grosse victoire contre les Génois en 1060, ils contribuent à la prise de Jérusalem en 1099, établissant au passage de petites colonies : Antioche, Jaffa, Tripoli, Tyr… Il y a même au XIIème siècle, en plein coeur de Constantinople, un important quartier pisan ! Pise était parvenue en quelques années à devenir le principal allié des byzantins, surpassant même Venise. Au XIIème siècle, la ville était devenue trop gênante pour Gênes, dont les affaires dans des villes comme Fos, Antibes ou Marseille étaient contrariées par leur avancée inexorable. La guerre débute en 1119, sur terre et sur mer. Durant plus d’un siècle, on assiste à une succession de batailles, qui auront comme conséquence la victoire définitive des génois, qui récupéreront de nombreux territoires.
Tour penchée
L'histoire de la tour commence au XIIème siècle, en 1173, alors que Pise est à
l’apogée de sa puissance. On attaque le rez-de-chaussée avec un beau marbre
blanc, en jouant avec des arcades aveugles et des colonnes corinthiennes. Après cinq
années de travaux, et une fois le deuxième étage atteint, les choses ont commencé à se
gâter puisque la tour commençait déjà à s’enfoncer dans le sol trop meuble. Ce fut
alors un an d’interruption, non pas à cause de ce problème d’ailleurs, mais parce que
Pise était engagée dans de nombreux conflits, contre Lucques, Gênes et Florence. En
1198, après avoir tenté de solidifier le sol, on installa les cloches au sommet du
troisième étage inachevé. Dès 1272, on reprit la construction des étages supérieurs en
tentant de compenser l’inclination avec des étages plus hauts d’un côté que de l’autre.
La tour est donc incurvée.
Si Pise est mondialement connue, c’est pour sa fameuse tour, le campanile de la cathédrale en réalité, involontairement penchée. Cette inclinaison a débuté durant les travaux, mettant en évidence des fondations bâclées sur un sol trop mou pour supporter le poids de l’édifice. Ce n’est qu’à la fin du XXème siècle, après toute une série d’interventions, que la tour a cessé d’augmenter l’angle d’inclinaison. Aujourd’hui l’édifice est stable. Par conséquent, la hauteur du campanile varie entre son point de plus haut, 56,7 mètres, et son point le plus bas, 55,9 mètres. Elle penche de 4°, alors que le maximum, en 2001, était de plus de 5°.
Finalement, c’est en 1319 que le septième et dernier étage fut achevé, et les sept cloches placées (une pour chaque note de la gamme
majeure).
Plusieurs anecdotes célèbres sont associées à la tour. La plus connue est
certainement celle mettant en scène l’astronome Galilée qui aurait du
sommet lancé deux boulets de masse différente afin de démontrer que la
vitesse de chute était indépendante de cette masse. Beaucoup plus tard,
durant la seconde guerre mondiale, les alliés ont découvert que les
Allemands se servaient de la tour comme point d’observation. Un soldat
américain, envoyé sur place pour vérifier l’information, est revenu
tellement émerveillé par les monuments qu’il venait de voir que l’armée
refusa de bombarder la tour afin de préserver ce patrimoine exceptionnel.
Ouf…
le Duomo
La magnifique cathédrale complète idéalement l’ensemble. Large vaisseau médiéval de cinq nefs, elle est
dédiée à Santa Maria Assunta, et sa construction débuta en 1064, témoignant, avec ses mosaïques intérieures,
d’une forte empreinte byzantine. La façade en marbre blanc et gris est agrémentée de disques polychromes.
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1 - vue du Duomo
2 - Une Vierge à l’enfant trône au
sommet de l’édifice, et les
quatre évangélistes plus bas.
3 - Quatre rangées de galeries
ouvertes surmontent les portes
en bronze qui, elles, ont été
refaites au XVIIème siècle après
un important incendie qui
anéantit les originales.
L'intérieur est une longue nef de cent mètres de long agrémentée d’un plafond à caissons du XVIIème siècle. Les colonnes en
granit, de style corinthien, ont été ramenées de Palerme, pillées lors de l’expédition de 1063. Elles appartenaient à l’ancienne
mosquée de la ville. Les deux éléments les plus célèbres de la cathédrale sont la chaire de Giovanni Pisano, reposant sur six
colonnes de porphyre, et la grande mosaïque de l’abside mettant en scène un Christ en majesté, achevé par Cimabue en 1302, et
qui survécut miraculeusement à un immense incendie au XVIème siècle. Dans les faits, seule la tête du Christ est de la main du
maître, mort la même année ici-même, à Pise.
nef Duomo
Camposanto Monumentale
Le Campo santo, ou cimetière monumental, est un large édifice situé au nord de la place, tout près de la cathédrale. Ce lieu
serait sacré d’après une légende qui veut que tout l’édifice fut érigé autour d’un peu de terre ramenée du mont Golgotha lors
de la quatrième croisade, au XIIème siècle. Une autre légende prétend que les corps ensevelis dans ce cimetière se décomposent en
24 heures seulement. C’est en 1278 que la première pierre fut posée : le monument est voulu comme un vaste cloître gothique. La
belle cour intérieure, en pelouse, est entourée d’arcs en plein cintre avec fenêtres à meneaux.
Camposanto Monumentale
3 - La plupart des tombes sont situées le long du
mur intérieur.
4 - Galerie intérieure du monument, avec ses
sarcophages et ses
fresques.
5 - Une des trois chapelles du cimetière.
6 - Une autre vaste fresque, dans la même pièce, est
le Jugement dernier,
attribué au peintre
Orcagna au milieu du
XIVème siècle.
En cours de restauration, voici l’immense fresque du triomphe de la Mort, de Buonamico Buffalmacco. C’est
une partie d’un gigantesque triptyque autour de la Mort, et une commande pour le Campo Santo après que la
grande peste se soit abattue sur la Toscane en 1348. Une grande partie de la population périt, et les survivants
souffrirent de famines, d’épidémies ou de guerres. Un groupe d’une dizaine de cavaliers dont quelques femmes
regarde trois cercueils ouverts, chacun montrant une réaction différente face à la mort : effroi, stupeur,
étonnement, indifférence. Dans la partie supérieure droite, le peintre a mis en scène un combat entre anges et
démons.
Vue d’ensemble de l’édifice avec sa vaste cour intérieure.
sur le bord de l’Arno
La piazza dei Cavalieri, deuxième plus vaste place de la ville, possède aussi quelques monuments prestigieux, comme le
Palazzo della Carovana. La place était autrefois le centre politique de Pise et c’est à Cosme Ier de Medicis, sous la
Renaissance, que l’on doit son aménagement tel qu’on l’admire aujourd’hui. Les travaux furent dirigés par le célèbre
architecte Giorgio Vasari. Tous les monuments harmonieux entourant la place appartiennent depuis le XIXème siècle à l’Ecole
Normale Supérieure de la ville, fondée par Napoléon. Sur la photo miniature ci-dessous, on voit deux monuments : le Palazzo della
Carovana sur la gauche, et l’église San Stefano en marbre blanc de Carrare. Ce palais fut édifié en 1562 et doit sa renommée à sa façade, réalisée avec la technique très courante durant la Renaissance du Sgraffito (style griffé) : le mortier est décoré de dessins
gravés sur plusieurs couches et couleurs
1 - La ville de Pise est située non loin de l’embouchure de l’Arno, ce même fleuve qui traverse Florence.
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1 - La ville de Pise est située non loin de l’embouchure de l’Arno, ce même fleuve qui traverse Florence.
2 - Palazzo della Carovana
3 - La minuscule église gothique
Santa Maria della Spina est
adossée contre le fleuve. Elle
tire son nom d’une épine de la
couronne de Christ qui y aurait
été apportée en 1333.
Si l’église de San Michele in Borgo remonte au Xème siècle, sa façade, elle,
ne date que du XIVème, avec ses trois niveaux de colonnades de style
gothique pisan. Les inscriptions sur les deux cotés du portail principal sont
du XVIIème siècle, à l’occasion d’élections importantes dans la ville.
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2 - intérieur sobre de l’église
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Italie - Pise, le miracle
Reviewed by RENOULT
on
06 février
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