Italie - Orvieto, un Duomo sans égal
Orvieto est une spectaculaire
cité d’Ombrie perchée au
sommet d’une colline
naturelle de tuf volcanique.
Centre majeur de la
civilisation étrusque, elle fut
annexée par Rome dès le
IIIème siècle avant notre ère.
Mais son âge d’or fut le
Moyen-Age, très bien placée
sur son rocher inexpugnable
sur la route entre Florence et
Rome. Aujourd’hui, on y vient
pour voir son incroyable site
naturel, et, en ce qui
concerne son patrimoine
culturel, pour son
unique cathédrale, une des
plus belles, sinon la plus
belle, d’Italie. Allez, égalité
avec le Duomo de Florence !
Le Duomo d’Orvieto, grandiose vaisseau médiéval du XIIIème siècle, et sa remarquable façade en triptyque
gothique. Un chef-d’oeuvre de proportions !
le Duomo – extérieur
La construction de la cathédrale, dédiée à l’Assomption de Marie, a duré trois siècles, de 1290 à 1591, du style roman au gothique,
donc. La façade à trois frontons en est son chef-d’oeuvre, inspiré de celles de Florence et de Sienne. Les bas-reliefs de la partie
inférieure font partie des plus beaux de l’histoire de l’architecture. On en verra des détails plus bas. De
magnifiques mosaïques complètent l’ensemble, donnant un éclat incroyable à l’édifice, surtout lorsque les rayons du soleil viennent
se refléter dessus. Elles relatent la vie de la Vierge. La grande rosace d’Orcagna est surmontée des statues des douze apôtres.
Les quatre pilastres de la façade sont entièrement décorés de bas-reliefs ! Plusieurs ateliers des XIV et XVème siècles ont travaillé
à illustrer des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Sur le panneau à l’extrême gauche de la façade, les artistes ont
représenté la Genèse. Vient ensuite l’arbre de Jessé. Puis des scènes du Nouveau Testament avec vie de Jésus. Enfin, à l’extrême
droite, le Jugement dernier du livre de l’Apocalypse.
Détails du quatrième pilastre illustrant le Jugement dernier : la Résurrection des morts, les Justes conduits au
Paradis où ils sont admis à contempler la gloire de Dieu, tandis que figurent en bas à droite, à hauteur de vue
des fidèles donc, les damnés et les réprouvés conduits en Enfer. Il faut admirer les détails réalistes incroyables
des ces sculptures, les têtes grimaçantes sous l’effet de la souffrance, qui devaient effrayer tout visiteur de la
cathédrale à l’époque, et donc remettre dans le droit chemin…
le Duomo – intérieur et chapelle San Brizio
Grande nef à six travées, avec alternance de travertin blanc et d’un basalte sombre. L’abside avec son grand vitrail du XIVème
siècle possède une série de fresques gothiques dédiées à la Vierge Marie, datées de 1370.
Ajout du XVème siècle, la chapelle Saint-Brice (San Brizio) de la cathédrale est un
trésor de peintures. Fra Angelico pour le Christ de la voûte mais
surtout Signorelli pour tout le reste et ses scènes incroyables. Elle est dédiée à l’évêque
de Spolète qui évangélisa les habitants d’Orvieto. C’est Fra Angelico qui débute en
1447, mais qui stoppera vite les travaux, appelé par le pape à Rome pour décorer la
chapelle Niccoline. En 1499, Luca Signoralli prend le relai.
Aidé de ses disciples, Signorelli a passé deux ans à créer une série de fresques concernant l’Apocalypse et le Jugement Dernier, en débutant par la prédication de l’Antéchrist. Suivent la fin du monde et la résurrection de la chair. Un ensemble impressionnant donc, magnifiquement préservé, qui étonne, émerveille, et laisse sans voix. D’autant qu’il s’agit de la seule représentation de l’Antéchrist dans l’art italien.
Vue d’ensemble d’un mur de la chapelle, montrant, sur la lunette de gauche, la prédication de l’Antéchrist et,
sur celle de droite, les Elus au Paradis.
Sur le mur en face, un tout autre spectacle avec, sur la lunette de gauche, les Damnés à l’Enfer sont reçus par
les démons et, sur celle de droite, la résurrection de la chair.
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1 - La première grande scène est donc la prédication de l’Antéchrist, réalisée peu de temps après que Savonarole ait été
exécuté à Florence en 1498, accusé d’hérésie pour avoir prêché la venue de l’Antéchrist, imposteur maléfique tentant de se
substituer au Christ mais guidé par le démon. Signorelli a peint une foule compacte écoutant le discours, et parmi les oreilles
attentives, on peut reconnaître Raphaël, Dante, Boccace ou encore Christophe Colomb ! Il s’est même représenté, en compagnie de
Fra Angelico, sur la partie gauche de la fresque. Le Diable susurre ses instructions à l’Antéchrist. A l’arrière-plan, l’Archange
Michel chasse l’Antéchrist du Paradis, faisant également abattre une pluie de feu sur ses acolytes. Sur la partie droite est
représenté un vaste temple de facture classique, surmonté d’une coupole de style Renaissance.
2 - Les Elus au Paradis montre les Elus en extase, regardant au-dessus d’eux des anges-musiciens. On a retrouvé des dessins
préparatifs pour cette fresque, conservés aux Offices, et montrant les personnages dans diverses positions, ce qui indique que
Signorelli a travaillé avec de vrais modèles nus.
Les Damnés à l’Enfer sont reçus par les Démons ; jamais un peintre n’est allé aussi loin dans l’évocation des
souffrances et de l’horrible sort qui attendent les damnés. Sa vision est cataclysmique, les humains sont à
l’agonie, les corps nus sont tordus et mêlés les uns aux autres, fusionnés en une seule et même masse. Ces
humains sont mis à mal par des démons anthropomorphes, aux corps verdâtres et à la chair décomposée. Au-dessus
du groupe, un démon transporte une femme, probablement la Grande Prostituée mystérieuse de
l’Apocalypse de Jean, une allégorie de Rome peut-être, preuve du règne de Satan sur Terre.
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1 - Détail du plafond, la partie la plus ancienne de la chapelle, avec le jugement du Christ par Fra Angelico (1447).
2 - La fin du monde est peinte sur le mur de l’entrée de la chapelle ; c’est une succession de scènes effrayantes : villes en ruines, gens fuyant les cieux obscurcis. En bas à droite, la Sibylle et son livre de prophéties, et le Roi David, main levée pour prédire la fin du monde.
La Résurrection de la chair est une immense étude du corps nu ; les humains ramenés à la vie s’extirpent du
sous-sol, se mettent debout, et sont accueillis par deux immenses Anges jouant de la trompette.
Pozzo San Patrizio
Au sommet de cette colline de tuf, voilà une bien curieuse visite à effectuer : le pozzo San Patrizio, un immense puits construit
sous les ordres d’Antonio da Sangallo entre 1527 et 1537, par volonté du pape Clément VII qui voulait fournir à la ville un accès à
l’eau potable en cas de siège prolongé. C’est un véritable chef-d’oeuvre d’ingénierie que ce puits à double rampes autonomes, une
pour la descente, l’autre pour la remontée, ce qui permettait aux mules de ne jamais se croiser. En tout, 53 mètres et 248 marches
pour transpercer la couche de tuf et atteindre la nappe phréatique ! Les 70 ouvertures apportent un peu de lumière. Quel exploit et
quelle vision lorsque l’on se trouve tout au fond !
Pozzo San Patrizio vu du bas.
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Italie - Orvieto, un Duomo sans égal
Reviewed by RENOULT
on
06 février
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