Italie - Mantoue, à la cour des Gonzague
Mantoue, en Lombardie, est une ville
marquée par l’histoire d’une famille : les
Gonzague, qui dotèrent leur cité de
nombreux monuments prestigieux. Mais
son origine est bien plus ancienne, puisque
le nom même de Mantoue viendrait d’une
divinité Etrusque, un équivalent d’Hadès.
Son patrimoine, très riche, a valu à la ville
un classement en 2008 sur la liste du
patrimoine mondial de l’Unesco. Il ne faut
pas manquer la visite des deux palais les
plus imposants, le Te et le Palazzo Ducale,
ainsi que la basilique.
L’immense cour du palais du Te, de style maniériste. L’édifice renferme une succession de salles
richement décorées, dont la fameuse dite des « géants ».
Palais du Te
Mantoue était autrefois entourée par quatre lacs formés par le fleuve Mincio, et donnait l’impression d’une véritable île. Non
loin de cet emplacement se trouvait une autre île, appelée depuis l’époque médiévale Teieto, ou, plus court, Te.
L'entrée principale est conçue comme un atrium romain, comme le préconisait l’architecte
Vitruve. La voûte en berceau est ornée de caissons octogonaux et soutenue par quatre
colonnes, qui ont un aspect volontairement brut, comme si elles venaient de sortir de la
carrière de pierres. Cet effet, le bossage, a été réalisé en stuc et se retrouve dans tout le palais.
Pour l’origine de ce curieux nom, deux hypothèses existent : ou bien du mot Tiglieto, l’emplacement des tilleuls, ou bien Attegia, la
hutte. C’est sur cet îlot, quoi qu’il en soit, à plus de deux kilomètres du centre, que fut érigé le vaste palais que nous pouvons visiter
aujourd’hui. L’île du Te, verdoyante et paisible, est devenue un lieu de loisirs important pour toute la famille Gonzague, et ce depuis
le XIVème siècle. Dès les premières années de ce siècle en effet, Francesco Gonzague II, époux d’Isabelle d’Este, y fait construire de
vastes écuries, ainsi qu’une maison.
cour principale
En 1524, alors que le marquis de Mantoue Frédéric II est aux commandes, un architecte est amené à la cour : les Gonzague
souhaite édifier sur l’île un vaste palais résidentiel, une villa suburbaine. L’architecte sera Giulio Romano, un élève de Raphaël : en 18
mois il crée le corps du bâtiment, énorme quadrilatère avec succession d’atriums, de salles et de cours carrées. L’incorporation de
colonnes doit rappeler l’Antiquité, ainsi que les pilastres, la frise sommitale avec métopes et triglyphes.
Palais du Te – chambre des métamorphoses d’Ovide
Cette salle est nommée d’après les représentations mythologiques illustrées sur les murs, et tirées des Métamorphoses d’Ovide.
L’atmosphère y était feutrée et privée, comme en témoigne l’unique ouverture faisant pénétrer la lumière, ainsi que le choix des
illustrations : l'érotisme, la musique, l’ivresse. Chaque thème mythologique alterne avec des paysages, comme il était de coutume
dans les villas romaines. On voit une fois de plus la volonté pour le commanditaire de se rapprocher des grandes demeures
antiques, comme la Domus aurea du mont Palatin, à Rome. L’ensemble fut achevé en 1527.
Combat musical entre Apollon et Pan, et punition de Midas ; ivresse de Dionysos.
ménades tourmentant un satyre
Palais du Te – chambre des devises et loggia des Muses
De petite taille, la chambre est nommée d’après le thème de la frise, les devises de la famille Gonzague. C’était une véritable mode
de posséder une devise et un écusson que l’on se transmettait de génération en génération. Chacune est tenue par des putti, bras
tendus entre des volutes de feuilles d’acanthe (clin d’oeil à l’Antiquité où les angelots étaient des atlantes). L’ensemble date de 1530.
La loggia des Muses, salle à part entière ouverte sur l’extérieur, conduisait les visiteurs vers la salle aux chevaux. La culture antique
est omniprésente avec les bas-reliefs représentant les protectrices des arts. Sur les murs des côtés, on retrouve l’emblème de la
famille Gonzague, maintenu par deux angelots. Dans la lunette supérieure, la fresque représente une nymphe, personnification de la
ville de Mantoue, allongée près d’une fontaine d’où sort une tête couronnée de lauriers, Virgile. A l’arrière-plan, Apollon se tient
debout, tandis que divers objets symbolisant les arts sont posés au sol.
Palais du Te – salle des chevaux
Salle des chevaux
Plus vaste pièce du palais, c’est également la seule publique, lieu de rencontres, de fêtes, de soirées dansantes… L’empereur Charles
Quint est venu là lors de sa visite de Mantoue en 1530. On devine sans trop de peine l’origine du nom de la salle… Véritable passion
des Gonzague, les animaux sont représentés grandeur nature, sur fond de paysage lointain. Ce sont de véritables portraits, très
précis, et certains avaient même un nom. Ils ont tous été élevés par Frédéric, son père et ses ancêtres, dans les écuries familiales.
Offrir un cheval, comme ce fut le cas pour l’empereur Charles V ou l’architecte du palais Giulio Romano, était un geste qui n’avait,
pour les Gonzague, aucun autre équivalent. On comprendra dès lors qu’ils figurent en protagonistes dans ce salon d’apparat. Cinq
fenêtres apportent une forte lumière, éclairant les scènes en faux marbre, de style classique. Au-dessus de chaque équidé est figuré
un des douze travaux d’Hercule.
Palais du Te – salle des Géants
La salle des Géants est le point d’orgue de la visite. La photo de gauche n’est pas de nous, elle donne une idée de la salle dans son
ensemble qu’il est impossible d’obtenir sinon. C’est une expérience picturale incroyable qui fut réalisée ici, en offrant au visiteur une
sensation de réalisme poussée à l’extrême. Nous sommes happés par le combat des Géants qui détruisent tout sur leur passage. Le
décor interagit avec son visiteur, qui devient catapulté des siècles en arrière…
C’est Ovide, encore lui, qui relate cet effroyable combat entre les Géants et les dieux olympiens. Ces derniers réagissent à
l’attaque, emmenés par Jupiter et Junon. Le roi des dieux tient la foudre entre ses mains, et précipite les Géants dans un fracas innommable, parmi les colonnes en ruines, les roches, les montagnes écroulées… On peut lire la scène comme une allégorie de la
victoire de Charles Quint sur les Français.
Palais du Te – chambre d’Amour et de Psyché
Il s’agit de la plus fastueuse salle du palais, dédiée aux clients les plus distingués pour les banquets et les dîners. La salle doit son
nom aux aventures de Cupidon et de Psyché, peintes sur la voûte et les lunettes. Les vingt-deux étapes sont tirées des
Métamorphoses d’Apulée. C’est donc un immense tribut au plus puissant des dieux, Amour, auquel même Jupiter ne peut échapper.
Les murs, quant à eux, abritent de nombreuses scènes amoureuses, contrariées, illégales, tragiques… entre dieux et mortels (Venus
et Adonis, Bacchus et Ariane), entre dieux et Déesses (Mars et Venus, Acis et Galatée) ou entre humains et animaux (Pasiphaé et le
taureau).
L’immense Polyphème, le célèbre cyclope, domine tout le mur de sa stature impressionnante. Il
regarde le couple d’amoureux en contrebas, plein d’envie et de jalousie : c’est Acis et Galatée.
Les deux scènes rectangulaires qui l’encadrent parlent encore d’amour : Jupiter transformé en
serpent s’unit à Olympia (à gauche du cyclope) et, à droite, Dédale aidant Pasiphaé à pénétrer
dans la vache de bois.
2 - les murs sud et ouest font participer le
spectateur aux somptueux préparatifs
d’une grande fête, un banquet dédié à
Venus, sur l’île de Cithère. Une gloire à
l’Amour.
3 - détail
Palais du Te – chambres des Vents et des Aigles
La chambre des Vents tire son nom des figures dans les médaillons symbolisant plusieurs vents. Chaque masque a une qualification particulière et l’ensemble peut être vu comme une anthologie de caricatures. Les vents sont censés séparer le Ciel en deux parties
bien distinctes, le monde des Dieux, et le monde ordinaire, celui des Hommes. Au plafond sont donc représentés l’Olympe et ses
douze dieux principaux, qui gèrent la vie des humains en maîtrisant les astres et les signes du zodiaque. En haut des murs, on trouve
la partie humaine, avec, pour chaque mois, les activités, les travaux de tous les jours.
chambre des Vents
La chambre des aigles doit son nom aux quatre grands aigles qui décorent les angles. On l’appelle aussi chambre de Phaeton, le thème
central de la peinture octogonale au centre. C’était la pièce où dormait Frédéric Gonzague, toute petite, mais richement décorée de
fresques, stucs recouverts d’or, de marbre. Au plafond donc, l’imprudent Phaeton, lancé dans le ciel sur le char de son père Apollon,
est précipité dans la mer par Jupiter. Tout autour, huit lunettes décorées de putti, puis les quatre coquilles dorées qui abritent les
aigles.
chambre des Aigles
Rotonde de San Lorenzo
La rotonde de San Lorenzo, sur la plazza del Erbe, fut érigée en 1083 comme une évocation du Saint-Sépulcre de Jérusalem. De
style roman, son plan parfaitement circulaire, en briques, donne une impression d’espace une fois à l’intérieur.
Basilique Saint-André
La célèbre basilique mineure de Saint-André est un des plus impressionnants exemples architecturaux de l’Italie de la
Renaissance du XVème siècle. Commandée par Ludovic II, l’église est commencée en 1462 d’après les plans de l’architecte Leon
Battista Alberti sur un site occupé par un monastère bénédictin, dont il ne reste que le clocher de 1414. Il a fallu plus de trois
siècles pour achever l’ensemble. L’ensemble est surmonté d’un fronton, lui-même dominé par une structure voûtée dont le but
n’est pas exactement connu, mais qui donne à l’édifice un aspect reconnaissable entre mille.
C'est la façade qui a valu à la basilique sa renommée. Voulue
comme un arc de triomphe, comme celui de Titus à Rome, c’est
une imposante structure de briques et stuc, défini par un grand
arc central flanqué de pilastres corinthiens. Il y a des
ouvertures plus petites à droite et à gauche de l’arc.
3 - La même structure en arcs de triomphe
se retrouve à l’intérieur, depuis la nef (non visible le jour de notre visite pour
cause de restauration) jusqu’aux
transepts. Partout ces mêmes voûtes à
berceau, dans chaque recoin. Il s’agit du
premier édifice de toute la Renaissance
qui emploie à une telle échelle cette
marque de fabrique de l’Antiquité.
4 - intérieur
Cathédrale San Pietro
La cathédrale de Mantoue, de style gothique, fut construite en lieu et place d’un ancien édifice détruit en 894, dont il ne
subsiste que le campanile roman visible à l’arrière-plan. L’intérieur fut entièrement refait au XVIème siècle suite à un violent
incendie, et la façade, elle, fut transformée encore plus tardivement en style baroque, avec marbre de Carrare.
détail de la coupole |
Tour de l’Horloge
La tour de l’Horloge, attenante au Palais de la Raison, sur la piazza delle Erbe, et construite en 1472, fut conçue par Luca
Fancelli, et reçut son horloge mécanique l’année suivante. La niche, ajout du XVIIème siècle, abrite une Vierge Immaculée.
Palais ducal
Le palais ducal, gigantesque labyrinthe de pièces et de cours, était la résidence principale de la famille Gonzague. Ce complexe
comprend 500 chambres et s’étend sur 3,5 hectares, en faisant un des plus grands au monde. Il est célèbre pour ses
nombreuses réalisations d’Andrea Mantegna, notamment la chambre des époux, premier exemple de trompe-l’oeil de
l’histoire de la peinture. Malheureusement, au moment de notre visite, la quasi-totalité du palais était fermé à la visite à cause des
restaurations ayant suivi le tremblement de terre de mai 2012 qui mit à mal nombre d’édifices… On ne verra donc pas grand chose
et c’est très rageant !
La famille Gonzague vécut là de 1328 à 1707, date à laquelle la dynastie s’éteignit.
Façade principale du palais avec son sommet en créneaux, sur la place Sordello, le palais du
Capitaine remonte au XIIIème siècle. Il est aujourd’hui attenant à la Domus magna, autre
édifice que l’on voit sur la gauche, sans les créneaux, mais en était à l’époque séparé par une
ruelle.
Une des nombreuses pièces (une des rares qui nous fut visible) des appartements d’Isabelle
d’Este, célèbre femme cultivée et amoureuse des arts de la Renaissance.
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1 - Le jardin des Simples (les premiers jardins botaniques s’appelaient jardins
des simples, car on cultivait des plantes
médicinales qui en ce temps-là servaient
à confectionner naturellement, de
manière simple donc, les médicaments).
2 - Le cortile della Cavallerizza, conçu en style maniériste au XVIème siècle, afin d’accueillir les chevaux des Gonzague qui étaient mis en vente.
2 - Le cortile della Cavallerizza, conçu en style maniériste au XVIème siècle, afin d’accueillir les chevaux des Gonzague qui étaient mis en vente.
3 et 4 Appartements della Mostra.
5 -Piazza Santa Barbara.
6 - Piazza Castello
7 - Clocher inhabituel en brique surmonté
d’un temple rond, et façade de l’église
Santa Barbara.
8 - jardin
Italie - Mantoue, à la cour des Gonzague
Reviewed by RENOULT
on
05 février
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