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Etats-Unis - Death Valley National Park, Californie


Hottest, driest, lowest… Trois records pour un endroit hors norme. Endroit le plus chaud de la planète avec 57°C à Furnace Creek, au coeur du parc, endroit le plus sec et le plus bas (86 mètres sous le niveau de la mer) de l’Amérique du Nord. Le tout sur 13000 km², soit une fois et demie la Corse, ce qui là aussi est le record du plus grand parc américain hors Alaska. Death Valley est un parc absolument magnifique qui restera un temps fort de votre visite dans le grand Ouest. Sa diversité de paysages est remarquable : montagnes, canyons, étendues de sel, dunes de sable… Jamais nous n’avions ressenti une telle impression de chaleur (52°C pour nous), et rien que pour ce sentiment de mettre la tête devant un four, la visite restera gravée. Il faut donc se lever TRES tôt si l’on veut partir à la découverte de trésors cachés. De Zabriskie Point à Badwater, en passant par Dantes’s view ou Devil’s Golf course, tout est marqué par le Diable… La Vallée de la Mort porte bien son nom… mais de nombreux animaux y ont élu domicile en utilisant des techniques adaptatives remarquables.

La dent de Zabriskie Point s’élève dans le soleil levant comme un symbole du parc et un hymne à la géologie de Death Valley.


Bon on discute on discute mais… comment diable (pour rester dans la métaphore de la mort) a-t-on fait pour nous retrouver 86 mètres sous le niveau de la mer et avoir si chaud ?? Là, un peu de géologie s’impose, car plus qu’ailleurs peut-être (même si tous les parcs américains sont riches d’une histoire de roches), Death Valley existe grâce à des circonstances très précises. Il y a en réalité deux grandes vallées parallèles globalement orientées nord-sud : Death et Paramint Valley. Et quand on arrive dessus, on ne peut pas les manquer : la route plonge et on la voit remonter de l’autre côté, après une interminable ligne droite (quant au thermomètre de la voiture, c’est inversement proportionnel, il augmente quand ça plonge et plonge pas tant que ça – quand ça augmente…). Pour faire bref, deux systèmes coexistent et s’opposent : tandis que les chaînes de montagnes autour continuent à grandir rapidement, les vallées, elles, s’affaissent.

Plongée et lointaine remontée : nous voici à l’attaque de Paramint Valley, dont on aperçoit le fond au centre de la photo (couleur claire).

La région a tout connu ou presque dans son histoire : des épanchements de lave suite à des éruptions volcaniques, des périodes de sédimentation, des déformations tectoniques et même des glaciations ! Un vrai bazar ! Les grandes dépressions du bassin ont été remplies par des dépôts d’alluvions, car il y a bien longtemps, il y avait un lac ici, le lac Manly (peu l’ont connu…). Il faisait tout de même 70 kilomètres de longueur pour 200 mètres de profondeur. Le lac n’est plus, à cause du réchauffement général du climat depuis les dernières glaciations, mais le sol est resté plat car il y a un jeu d’équilibre entre, d’une part l’apport de matériaux par érosion des chaînes de montagnes et, d’autre part, par l’effondrement continu du sol qui permet de compenser son gain d’altitude. A noter qu’il existe encore de l’eau sous le sol, sous la forme de nappes aquifères : elle affleure même à Badwater (voir plus bas).

Une vue générale de Death Valley depuis Dante’s View : on distingue parfaitement la dépression parfaitement plate et les hautes chaînes de montagnes parallèles qui la bordent. La couleur blanche est due aux dépôts de sel.

Oui mais pourquoi fait-il si chaud ? (car même en étant sur place à 6 heures du matin, il faisait déjà 40°C… ce qui paraissait « frais » et supportable par rapport aux 52 de la veille…). Death Valley possède un record implacable : 57 °C à Furnace Creek en 1913, soit le record mondial depuis que les relevés existent (quant à la température au sol, elle atteint l’été entre 80 et 90°C…). Un autre record qui donne le vertige : en 1994, durant 31 jours consécutifs, la température, même la nuit donc, n’est JAMAIS descendue sous la barre des 49°C !! Certaines années, la vallée ne reçoit pas une seule goutte d’eau. En moyenne, il tombe 50 mm par an, surtout l’hiver entre décembre et mars, mais les chaleurs insoutenables ont vite fait de provoquer leur évaporation. Les orages sont possibles et sont alors très violents, remplissant les canyons. C’est sa situation géographique qui rend la vallée si aride, esseulée au nord du désert mojave, protégée des précipitations par la haute barrière de la Sierra Nevada à l’ouest. En revanche, l’air déchargé d’humidité arrive en soufflant (effet de foehn) et assèche encore plus l’environnement. On confirme que le vent peut être fort et brûlant ! Après la Sierra, il y a encore deux autres chaînes de 2500 mètres à franchir, dont la Paramint : autant dire qu’au bout du compte, il ne reste plus beaucoup de gouttes à se mettre sous la roche pour la vallée !

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1 - les abords arides de la vallée
2 - un canyon s’ouvre sur la dépression de Paramint


Partons donc après cette introduction à la découverte des sites immanquables de ce parc : les dunes de Mesquite flat, la ville fantôme de Rhyolite, Zabriskie Point, Badwater, Natural Bridge, Devil’s Golf Course, Artist’s palette, Golden Canyon, Twenty Mule Team Canyon et Dante’s view.


Dunes de Mesquite Flat


Les belles dunes de Mesquite sont localisées tout au nord de la vallée, à quelques mètres de la route. Jamais nous n’avions ressenti cette impression de chaleur implacable, brûlante : 52°C avec du vent, l’impression de mettre la tête devant un four porte ouverte. D’ailleurs, impossible de sortir de la voiture plus de quelques minutes. Et les panneaux mettant en garde sont nombreux. Deux semaines avant notre venue, un acteur américain était retrouvé mort de déshydratation non loin de Zabriskie. On ne rigole pas avec les déserts ! Les dunes se sont formées ici précisément car c’est un point de jonction des vents, qui amènent un à un les grains de sable. La plus grande dune est relativement stable au fil du temps, c’est Star Dune. Quelques rares buissons poussent dans le sable et la boue séchée. Plusieurs films ont été tournés ici, dont les scènes de Star Wars dans le désert.

la grande dune centrale de Mesquite Flat : des airs de Sahara…






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1 - 52 °C !!! record battu pour nous…


Ville fantôme de Rhyolite




Nous ne sommes plus en Californie mais au Nevada, qui possède quelques km² du parc. Cette ville fantôme près de Beatty fut fondée en 1904 lors de la ruée vers l’or. Après la découverte d’un filon dans les montagnes environnantes, des milliers de personnes ont accouru. On pense qu’en 1907 vivaient ici 5000 habitants ! Sauf que tout est tombé dans l’oubli aussi vite qu’il n’a fallu de temps pour la voir prospérer. Le tremblement de terre de San Francisco en 1906 a rendu la levée de fonds pour continuer la prospection difficile. En 1910 la mine fonctionnait à perte et elle ferma l’année suivante. En 1920 il ne restait plus une seule âme… Une histoire éclair en quelque sorte. Beaucoup de bâtiments ont été pillés pour réutiliser les matériaux. Seuls quelques bâtisses restent, et ont servi de décor à quelques films.

Le General Store, un des rares bâtiments de la ville fantôme, n’est plus ! la foudre l’a enflammé en septembre 2014 et il ne reste plus rien que de la cendre…

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1 - un wagon qui servit de station essence
2 - environs de Rhyolite


Zabriskie Point


Zabriskie Point est un des lieux les plus célèbres de la Vallée de la Mort, quelques kilomètres au sud de Furnace Creek. Il faut y venir admirer le lever de soleil, qui vient enflammer le livre de géologie que l’on a sous les yeux. Le point de vue tire son nom de Zabriskie, le directeur d’une entreprise d’extraction de borax au début du XXème siècle. Le cinéaste Antonioni l’a rendu célèbre avec son film éponyme.

Les couleurs sur Zabriskie : on voit bien la dent Manly Beacon surgir au soleil.



Bien avant l’existence du lac Manly dont on parlait plus haut, il en existait un autre, dans la zone de Zabriskie. Durant plusieurs années, des sédiments se sont déposés au fond, sous la forme de boues, de graviers et de pluies de cendres. Les géologues appellent cette couche la formation Furnace Creek. Le climat sur les bords du lac était sec, mais moins qu’aujourd’hui. On a retrouvé non loin des traces de pas de chevaux, mastodontes, chameaux et oiseaux. Rhyolite et borax s’y sont aussi retrouvés, et ont été altérés par l’action de l’eau : tout ces éléments expliquent toutes les couleurs que l’on voit sur les roches depuis le point de vue. Le lac s’est ensuite asséché et l’érosion a pris la relève, mais à des degrés divers : certains bouchons de lave dure l’ont retardée, ce qui explique la présence du célèbre éperon de Manly qui surgit telle une dent du paysage.

La montagne s’embrase devant nous, offrant toute une gamme d’ocres.

   
 


Badwater


En atteignant Badwater, c’est un autre lieu mythique que l’on foule, puisque l’on se trouve au point le plus bas du continent nord-américain : – 86 m ! Et le mont Whitney avec ses 4400 mètres, plus haut sommet des USA hors Alaska, est à seulement 130 kilomètres à vol d’oiseau ! La « mauvaise eau » (bad water) vient du fait que le liquide était inutilisable pour les muletiers afin d’abreuver leurs bêtes. Elle est effectivement très salée, même si quelques organismes y vivent, comme un escargot endémique. Tout autour du petit bassin d’eau on trouve une couche de sel avec des hexagones dus au cycle répété du gel / dégel. Après de forts orages, un lac temporaire se forme par-dessus la croûte. Mais il ne restera pas longtemps car Badwater possède un des potentiels d’évaporation les plus importants de la planète : un lac de 4 mètres de profondeur disparaîtrait en… une année !

Petit bassin d’eau salée impropre à la consommation, d’où le surnom de « mauvaise eau ».



Durant l’Holocène, le climat était relativement humide et l’eau des ruisseaux a vite formé un lac au niveau de Badwater, sur une profondeur de quelques mètres, le lac Manly. Les minéraux laissés sur place par des lacs encore plus anciens ont été dissous dans la nouvelle eau pour créer une solution saumâtre. Le climat humide a cessé, le lac s’est asséché et les minéraux sont devenus de plus en plus concentrés. Finalement seule une soupe saumâtre est restée, formant des piscines salées sur les parties les plus basses du sol de la vallée. Les sels ont cristallisé, créant la couche que l’on voit aujourd’hui, épaisse de 8 cm à plus d’un mètre en fonction des endroits.

promenade matinale sur la couche de sel


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1 - le niveau de la mer est indiqué par un petit panneau sur la paroi : c’est évocateur !


Natural Bridge




Faire la promenade tôt le matin et apporter beaucoup d’eau ! Marche facile, compter 30 minutes AR pour l’arche naturelle qui barre le petit canyon, un des rares du parc à être balisé officiellement. Le canyon conserve même la trace d’une cascade juste après l’arche, preuve de la puissance de l’eau après un orage.

l’arche naturelle s’ouvre au milieu du canyon

redescente vers la voiture sur fond de Badwater






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1 - trace de cascade au fond du canyon



Devil’s Golf course


Ce « terrain de golf du Diable », situé à l’écart de la route menant à Badwater, mettrait effectivement en furie tout joueur de golf amateur de belles pelouses bien lisses… le Diable s’est plu à torturer le sol, proposant une couche de sel de plus de 300 mètres de profondeur à son maximum ! Il est très dangereux de s’y aventurer tant le sol est abrasif et coupant. Bien entendu, comme pour Badwater, la couche de sel remonte à l’existence de l’ancien lac Manly.

seul le Diable pourrait jouer au golf…


Artist’s Palette



Artist drive est une boucle à effectuer en voiture, en sens unique. Vous y verrez de belles couleurs de roches, culminant à Artist’s palette, qu’il est préférable de faire le soir pour la lumière (nous ce n’était pas bon, mais rien n’est évident sur Death Valley, certains sites devant se faire le matin, d’autres le soir… il faudrait rester plusieurs jours !). Cette palette se situe au sommet d’un cône de déjection alimenté par les canyons dévalant de la Montagne Noire. Les différentes couleurs sont causées par l’oxydation de différents métaux, comme le fer (rouge, rose, jaune), le mica (vert) ou le manganèse (pourpre). Cette pente sur la montagne constitue la preuve d’une des plus fortes explosions volcaniques qu’a connue la région durant le Miocène.

Une vue de la Palette de l’Artiste avec toutes ses couleurs.

 
 



Golden Canyon


Voilà une autre chouette promenade dans un canyon, qui vous prendra une heure aller-retour d’une marche facile, mais là encore attention aux fortes chaleurs ! Vous noterez la présence dès le départ de gros blocs d’asphalte : il y avait une route qui s’aventurait là avant, emportée par trois jours continus d’un orage violent dans les années 1970. Remonter le Golden Canyon permet de trouver des indices de la géologie de Death Valley : agglomérats de rochers, dépôts de sel, couches autrefois déposées horizontalement qui ont subi un clivage important… même les rives du lac antique ont laissé des traces à certains endroits.

à l’intérieur du Golden Canyon

une marche géologique…






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1 - seuls quelques buissons peuvent survivre dans de telles conditions d’aridité


20 Mule Team Canyon


Ce canyon que l’on peut emprunter en voiture par une piste étroite qui sillonne dans les collines se prend quelques kilomètres après Zabriskie Point. Il tire son nom d’un attelage de 18 mules et 2 chevaux attachés à de grands wagons, dont un est conservé à Furnace Creek, afin de transporter le borax extrait des mines du secteur à la fin du XIXème siècle. Cela faisait une caravane de 55 mètres de longueur ! L’extraction dans Death Valley a duré six ans.

Paysage du canyon de 20 Mule

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1 - cette machine a remplacé en 1894 les mules et chevaux dans le canyon


Dante’s View


Le point de vue de Dante est situé au sommet de la Montagne Noire, une chaîne parallèle à celle de Paramint. La montée en voiture est longue mais vaut le coup. Le dernier kilomètre est éprouvant pour les moteurs avec un pourcentage très élevé. On domine de là-haut Death Valley de plus de 1700 mètres ! Vertigineux ! Et de l’autre côté de la vallée on peut apercevoir le point culminant de la Paramint, Telescope Peak et ses plus de 3000 mètres.

Dante’s View

une des milliers de libellules qui volaient au-dessus de Dante’s View… ici Sympetrum corruptum
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Etats-Unis - Death Valley National Park, Californie Etats-Unis - Death Valley National Park, Californie Reviewed by RENOULT on 13 janvier Rating: 5

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