Espagne - Ronda, sa sierra, ses villages
Occupant une position stratégique au sommet d’un plateau, et entourée d’une belle chaîne de montagnes, la Sierra de Ronda, Ronda est une attraction à ne pas manquer, avec sa spectaculaire gorge qui cisaille en deux la ville. La vue sur les maisons au bord du précipice est des plus typiques, et constitue un des grands moments d’un séjour en Andalousie. Il faut profiter de Ronda pour découvrir les petits villages de la région, tels Setenil de las Bodegas et ses incroyables maisons troglodytiques, Zahara de la Sierra, véritable nid d’aigle au pied de sa tour, Grazalema au coeur d’une montagne magnifique ou Arcos de la Frontera la haut perchée.
l’emblème de Ronda, c’est sa profonde gorge que traverse un immense pont
Ronda
Il est possible de rejoindre Ronda par son côté oriental, ce qui permet de traverser les splendides paysages de la Sierra de las Nieves, écosystème d’une grande richesse, classé comme zone de biosphère par l’Unesco. Cette Sierra, dont on aperçoit quelques sommets sur les photos ci-dessous, tire son nom des arabes qui exploitaient à l’époque la neige pour pouvoir conserver les aliments ou rafraîchir les boissons. A gauche, le petit village blanc d’El Burgo est au coeur de la réserve, mais c’est à pied qu’il faut partir découvrir les richesses des montagnes.
2 - paysage vers Ronda
3 - la Ronda moderne s’étend dans le vert des collines
4 - une des nombreuses églises de Ronda, Santa Maria
petite histoire de Ronda... Comme tant de villes andalouses, Ronda a une longue histoire. Ce sont les Celtes qui fondèrent ici une première cité qu’ils nommèrent Arunda, avant que les Grecs ne la rebaptisent Runda. Mais c’est finalement aux Romains que l’on doit la structure actuelle, car Scipion l’Africain, lors de la deuxième guerre punique opposant romains et carthaginois, se servit de l’endroit pour édifier une place-forte. Ronda devint ville sous Jules César. Quelques vestiges de l’époque romaine sont d’ailleurs encore visibles. A la chute de l’empire romain, elle tombe aux mains des Wisigoths, puis, en 713, des arabes, qui la surnomment « ville au château ». Lorsque le califat de Cordoue se désintègre, elle est gérée par des berbères et reçoit un grand héritage architectural. Dernier grand tournant, bien évidemment, à la Reconquista, les Espagnols repoussent les Arabes et transforment à nouveau la ville, détruisant ou aménageant les monuments. La population fut forcée ou bien de partir ou bien de se convertir, ce que la plupart firent à contrecoeur, en continuant à pratiquer leur religion en cachette. D’autres se réfugièrent dans des villages plus reculés de la montagne. On appelle Moriscos ces arabes convertis de force au christianisme. Ce n’est pas fini : la ville connut un autre coup dur au XIXème siècle lors des campagnes napoléoniennes, avec une population qui chuta de 15000 à 5000 habitants en trois ans ! Ronda devint le coeur de la guerilla, et de nombreux bandits sillonnaient les rues.
Il se dégage un calme et une sensation de propreté dans toutes les ruelles blanches rehaussées des grilles en fer forgé et des liserés jaune ! Nous avons adoré nous balader dans Ronda !
Le fameux Puente Nuevo (pont neuf) est un des trois édifices permettant de franchir la profonde entaille. Il fut réalisé en 1751 après des travaux qui durèrent quarante ans ! La hauteur totale est de 100 mètres et ce pont constitue l’attraction principale de la ville. A noter qu’un petit local au sommet de l’arche centrale servit autrefois de prison.
Setenil de las Bodegas
A quelques kilomètres au nord de Ronda, voici un village qui ne paie pas de mine quand on le voit au loin, mais qui réserve une énorme surprise quand on y pénètre : Setenil de las Bodegas. Le village est en effet construit au bord d’une étroite gorge et les habitants ont réussi à s’installer dans la roche, sous d’énormes surplombs… Setenil doit sa fondation aux Maures, durant le XIIème siècle, à la période Almohade. Néanmoins, et étant donné l’existence toute proche d’autres cavités à l’occupation humaine très ancienne (25 000 ans), les historiens pensent que le lieu n’a jamais cessé d’être utilisé.
Quant au nom « Setenil », il provient d’une phrase latine, « septem nihil », qui veut dire « sept fois rien », et fait référence à la lutte acharnée des Arabes contre les Chrétiens lors de la Reconquista, puisque le village ne serait tombé qu’au bout du huitième assaut, en 1484. Au XVème siècle, les chrétiens rajoutèrent « bodegas » lorsqu’ils introduisirent la culture de la vigne dans la région (une bodega est un établissement dans lequel on gôute le vin).
un sacré surplomb…
Setenil, ou l’art de la construction en abris sous roche poussé à son paroxysme : ce ne sont pas des maisons troglodytiques mais semi-enterrées car les habitants ont profité des immenses surplombs de la falaise pour fermer la façade et s’installer bien à l’abri. Cela donne des ruelles typiques et impressionnantes, comme on peut le voir sur les deux photos ci-dessus, au niveau de la Calle de las Cuevas del Sol.
vue d’ensemble du village avec sa partie haute et basse, et les falaises du petit torrent
Deux habitants des falaises rencontrés dans le village : à gauche, un Faucon crécélerette (Falco naumanni) et à droite, une Hirondelle de fenêtres (Delichon urbicum).
Zahara de la Sierra
Zahara de la Sierra, splendide village d’origine arabe, est admirablement situé sur son piton rocheux dominée par une tour défensive, au-dessus d’un vaste lac. On ne sait pas exactement d’où vient le nom Zahara : il pourrait signifier « fleur » car la région était couverte d’orangers à l’époque, ou bien avoir un rapport avec la même femme nommée Zahara pour laquelle Abd al Rahman III fit construire une ville aux environs de Cordoue (medina AlZahara). Encore une fois, plusieurs civilisations se sont succédé à Zahara, depuis les Romains qui ont donné leur forme actuelle à de nombreuses ruelles jusqu’aux Wisigoths puis les Maures et enfin les Chrétiens.
2 - vue sur une partie du village
3 - Eglise de Santa Maria de la Mesa
4 - vers le château
Le village est dominé par une tour massive du XIIIème siècle, la tour de l’Hommage. Sa construction fut ordonnée par les nasrides pour un but défensif : massivement carrée, avec les angles arrondis afin de mieux résister aux impacts, on ne pouvait y accéder que par une porte située en hauteur et reliée par une échelle (on l’aperçoit sur la photo de droite). Les gardes pouvaient, de son sommet, apercevoir d’autres tours et, par conséquent, communiquer.
2 - lac artificiel de Zahara
3 - tour de l’Hommage
4 - chapelle Saint-Jean de Latran
5 - paysage typique de la Sierra de Grazalema
vue sur les toits depuis la tour
Grazalema
Situé au fond d’une vallée et dominé par les montagnes de la Sierra de Grazalema, le petit village éponyme étire langoureusement ses maisons blanches aux balcons en fer forgé. Cette barrière rocheuse que l’on aperçoit en arrière-plan bloque les nuages venus de la mer, faisant de cette micro-région la plus arrosée d’Espagne ! Grazalema fut fondée par les berbères maures qui introduisirent également de nombreux troupeaux dans les pâturages. La laine a longtemps servi à se confectionner des vêtements chauds pour combattre le rude climat. En 1485, le comte d’Arcos mena une expédition de reconquête dans le village, mais laissa en place les manufactures de laine, qui connurent leur apogée durant les XVII, XVIII et XIXème siècles. L’argent récupéré permit entre autres l’édification de nombreux monuments.
2 - petite fontaine aux quatre visages sur la place d’Espagne
3 - petite ruelle pleine de calme
4 - un mirador permet de jouir d’une belle vue
5 et 6 - deux exemples des nombreux panneaux en céramique
Arcos de la Frontera
Comme tant de villes de la région, Arcos de la Frontera fut occupée depuis la Préhistoire. De plus, son emplacement stratégique privilégié au sommet d’une falaise a favorisé son développement. Elle fut fortifiée et prit son nom durant l’occupation arabe, avant d’être reprise au XIIIème siècle par le roi Alphonse X de Castille.
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1 - village accroché
2 - tour de l’église Santa Maria Assunta
2 - tour de l’église Santa Maria Assunta
4 et 5 - petite ruelle
les petites ruelles blanches d’Arcos
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Espagne - Ronda, sa sierra, ses villages
Reviewed by RENOULT
on
12 décembre
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