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Espagne - Grenade, le dernier bastion


Admirablement située au pied de la Sierra Nevada, Grenade fut le dernier bastion musulman de la péninsule ibérique. Mondialement connue pour son incroyable palais de l’Alhambra, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville vaut aussi pour ses vieux quartiers aux étroites ruelles juchés sur des collines. C’est une ville au long passé historique, depuis une époque pré-romaine jusqu’à sa reprise par les Espagnols lors de la Reconquista. L’art arabe des XIV et XVème siècles y est, plus qu’ailleurs, porté à un raffinement extrême.

détail du plafond en mocarabe (stalactites) du salon des Abencérages, coeur du palais de l’Alhambra



quartier de l’Albaicin


Débutons la visite de la ville par un de ses quartiers les plus célèbres : l’Albaicin. Etalé sur la colline qui domine la rive droite du torrent Darro, l’Albaicin, classé à l’Unesco, est plus ancien que l’Alhambra qui lui fait face. C’est ici en effet que les peuples pré-romains, puis les romains eux-mêmes, choisirent de s’installer, en érigeant une forteresse. Quelques siècles plus tard, les Nasrides maures reprirent l’endroit pour en faire le coeur de leur cité. Les tribus arabes qui suivirent, tels les Almohades, finirent d’emprunter cette forteresse, qui tomba progressivement dans l’oubli lorsque fut décidé, au XIIIème siècle, d’ériger un autre palais-forteresse bien plus vaste, sur la colline lui faisant face : l’Alhambra.

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1 - petite ruelle de l’Albaicin
2 - coeur de la vieille ville, la plaza Larga
3 - balcons en fer forgé que l’on trouve partout en Andalousie
4 - église San Nicolas domine le quartier et le belvédère du même nom


Les ruelles de l’Albaicin sont toutes en pente et plongent vers le torrent et le bas de la ville, quartier de la cathédrale. Les archéologues ont une petite idée sur l’origine du nom ‘Albaicin‘ : après la reconquête chrétienne, au XIIIème siècle, de la ville andalouse de Baeza, un peu au nord de Grenade, les habitants s’enfuirent vers le sud pour se réfugier ici, dans un quartier qu’ils auraient surnommé «Al-Bayazzin» : le lieu des gens de Baeza.

L’ensemble de la colline était un dédale de ruelles qui surprit beaucoup les chrétiens. Beaucoup parmi ces derniers utilisèrent d’ailleurs la main-d’oeuvre maure pour se faire construire de beaux palais particuliers, avec jardin, en conservant le style d’architecture mauresque. On peut encore observer plusieurs de ces belles demeures.

ruelle de l’Albaicin

   
 
 


la cathédrale


La cathédrale de l’Incarnation de Grenade est un vaste édifice construit au XVIème siècle : de fait, c’est le premier édifice religieux de style Renaissance de toute l’Espagne. Dès 1492, les Rois Catholiques, ayant regagné la ville, décident, en lieu et place de l’ancienne mosquée nasride, d’ériger une cathédrale. Les travaux débuteront en 1528. En réalité, et comme c’est bien souvent le cas pour des constructions qui s’étalent sur de nombreuses années (plus de 200 ans dans le cas présent), plusieurs styles se côtoient : Renaissance donc, mais aussi gothique pour les voûtes et baroque pour la façade.

La façade a été concue comme un arc de triomphe romain. Les trois arcs, dont le central est plus large et plus élevé, correspondent aux trois nefs intérieures. Des piliers avec pilastres les séparent. Deux tours étaient originellement prévues pour encadrer la façade, mais une seule achevée, d’une hauteur modeste de 50 mètres.


Cette dernière (photo ci-dessous) est l’élément le plus marquant de la cathédrale (qui semble d’ailleurs un peu trop enfermée dans ce quartier aux hautes maisons, avec un parvis relativement petit).

cathédrale de l’Incarnation



l’Alhambra



L’Alhambra ! l’Alhambra ! Palais que les génies
Ont doré comme un rêve et rempli d’harmonies.
Forteresse aux créneaux festonnés et croulants
Où l’on entend la nuit de magiques syllabes,
Quand la lune, à travers les mille arceaux arabes,
Sème les murs de trèfles blancs.

Victor Hugo, les Orientales


Alhambra ! « la Rouge » en arabe, est un palais mythique, le plus beau assurément d’Espagne, un témoignage du savoir-faire et du raffinement de ces derniers maures réfugiés dans leur bastion final, Grenade, lors de la Reconquista. Un dernier sursaut d’orgueil des souverains nasrides qui livrent ici une acropole médiévale unique…

Coucher du soleil sur l’Alhambra avec en toile de fond les sommets enneigés de la Sierra Nevada. Ce panorama est pris depuis la colline de l’Albaicin, sur le belvédère San Nicolas. L’ensemble monumental s’élève sur la colline de Sabika, en face de celle de l’Albaicin. Plusieurs styles se superposent, comme bien souvent : le chef d’oeuvre est bien entendu le palais mauresque. Le palais de Charles Quint et l’église qui le jouxte (en lieu et place d’une ancienne mosquée) sont des ajouts catholiques. Sur la droite, l’Alcazaba est la forteresse principale. Mais l’Alhambra, c’est aussi le Generalife et ses jardins, non visibles sur ce cliché. Immense, donc ! Son édification commença en 1238 mais les perles du palais datent du XIIIème siècle. En fait, chaque souverain cherchait à améliorer le monument dont il héritait, et on parle donc, au pluriel, des palais nasrides.


Jetons avant de commencer la visite un coup d’oeil au plan : on distingue aisément plusieurs grands ensembles.
– sur la gauche, c’est l’Alcazaba, la citadelle primitive située sur le point le plus haut de l’acropole : c’est la forteresse des hommes de guerre
au centre, le palais rond de Charles Quint s’est implanté comme une verrue catholique au coeur du palais mauresque ; il jouxte les fameux palais nasrides aux cours raffinées
à droite, l’Alhambra supérieur, en ruines, était la medina, donc la ville, car l’Alhambra est plus qu’un palais, c’est un lieu de vie.
à l’extrême droite, en dehors de l’enceinte fortifiée, le Generalife et ses jardins, palais d’été des princes nasrides.



les murs d’enceinte et l’aqueduc



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1 - Le Ponte Nuovo fait le lien entre deux mondes : l’Alhambra et le Generalife. Il est de construction récente (1870) car à l’époque des Maures, il fallait traverser le ravin à pied ou à cheval.
2 - Vestiges de l’aqueduc construit au XIIIème siècle par le sultan fondateur Alhamar pour approvisionner le Generalife et l’Alhambra en eau. On distingue sur la droite les restes de la Torre del Agua.



Monastère de San Francisco et église Santa Maria



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1 - le monastère de San Francisco est situé au coeur de la medina, la ville où habitait la population. A l’époque nasride, il s’agissait d’un palais privé et c’est Isabelle de Castille qui, une fois la ville en mains, le détruisit pour en faire un monastère qu’elle dédia à son ami Saint François. Les Rois furent longtemps enterrés ici avant leur transfert vers la Chapelle Royale, dans la ville basse. Le bâtiment fut reconstruit dans un style classique au XVIIIème siècle.

2 - l’église de Santa Maria fut construite à l’emplacement même de la mosquée maure (d’ailleurs les bains arabes – voir plus bas – sont situés juste à côté). La colonne de marbre sur le parvis est surmontée d’une plaque relatant la vie de deux moines ayant réussi à évangéliser les hérétiques maures…



Les bains


Les bains arabes (hammam) suivent le modèle des thermes antiques romains (bain chaud – caldarium, tiède – tepidarium et froid – frigidarium). Un système de chauffage hypocauste (sous le sol) permettait de réguler la température. Le sultan avait sa propre pièce où il pouvait venir se reposer.


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1 - bains de l’Alhambra
2 - voûte des bains



le palais de Charles Quint


Le palais de Charles Quint  est un ajout, bien entendu, il vient faire tache au milieu des édifices arabes. Il n’est pourtant pas vilain, étant même un des premiers édifices de style Renaissance à être construit hors Italie (son architecte a même travaillé avec Michel-Ange à Rome), mais il n’en reste pas moins un bâtiment incongru. Il est adossé aux palais nasrides, et cette signification est clairement politique : il s’agissait pour l’ empereur de montrer la suprématie des catholiques sur les maures vaincus. Il en fit la commande pour être sa résidence grenadine.

Pour autant, et même si l’on peut être outré de trouver un tel monument ici (comme on peut l’être en voyant la cathédrale au coeur de la forêt de colonnes de la Mezquita de Cordoue), il faut aussi reconnaître que l’Alhambra a profondément impressionné les espagnols, à tel point qu’ils ne le détruisirent pas ! (à cette époque, beaucoup de monuments ennemis étaient rayés de la carte). Donc, profitons de ce bonheur de pouvoir arpenter les palais nasrides tout proches.


A gauche : l’extérieur, massif, est un carré de 63 mètres de côtés, qui vient trancher avec l’harmonie de la forme ronde du patio intérieur. De style maniériste, c’était une première, et un pari osé, en Espagne. Les deux niveaux sont également différents : le rez-de-chaussée est de style toscan, avec des pilastres où sont insérés des anneaux de bronze (photo de droite). L’étage supérieur est d’ordre ionique avec pilastres surmontés de frontons.

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1 - façade du palais
2 - détail de la façade

La partie intérieure du palais est un vaste patio circulaire à deux niveaux : l’inférieur est très classique, avec sa colonnade surmontée d’une alternance de triglyphes et de métopes. Rien de bien nouveau donc, du pur classicisme, mais très élégant.

Le niveau supérieur est ionique, avec la légèreté des colonnes à volutes. L’architecte maîtrisait parfaitement les canons impériaux grecs, et le visiteur se devait d’être surpris en entrant dans le massif palais carré pour arriver dans cette cour élégante aux formes harmonieuses.



l’Alcazaba


L’Alcazaba est la citadelle primitive, défensive, de l’Alhambra, érigée au point le plus élevé de la colline, afin de pouvoir observer toute la plaine de Grenade. Avant même l’arrivée des musulmans dans cette zone, l’endroit devait être occupé. Les soldats y logeaient. On peut encore déambuler sur les chemins de ronde et grimper au sommet de la Tour Vela d’où la vue sur l’Albaicin est imprenable.


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1 - la porte du Vin, construite sous Muhammad II, le deuxième souverain nasride, donne accès à la citadelle. C’est le seul vestige d’un ensemble de portes médiévales qui enserraient la place des citernes. C’est une des constructions les plus anciennes de l’Alhambra, et elle tire son nom du vin qui était déposé par les habitants à son pied car il était libre d’impôts.
2 - enceinte fortifiée de l’Alcazaba, au niveau de la tour de l’hommage


L’Alcazaba fut la résidence principale du premier monarque arabe, Muhammad Ier, avant que les palais nasrides ne soient achevés et occupés par Muhammad II. Les bâtiments n’eurent plus alors qu’un rôle défensif. L’histoire du lieu ne s’arrête pas là, et il connaîtra d’autres fonctions : après la reconquista, les espagnols s’en servent comme prison, même sous l’occupation française. L’Alcazaba fut ensuite laissé à l’abandon et quelque peu oublié avant de voir les premiers travaux de restauration se faire au début XXème siècle.

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1 - Vue depuis les remparts de la Place d’Armes, accès originel à l’Alcazaba. On y trouve de nombreux vestiges, comme une grande citerne pour l’eau de pluie, puis l’eau du torrent Dorro lorsque l’aqueduc que nous avons vu plus haut fut fonctionnel. On a également retrouvé au centre de la place les fondations de nombreuses maisons, habitées par les villageois qui travaillaient pour le souverain. Pour finir, les archéologues trouvèrent des oubliettes.

2 - Vue plongeante sur la partie basse de la ville et sur la colline qui fait face à l’Alhambra, l’Albaicin, avec son mirador où nous étions le matin même.


A gauche : la plus haute tour de l’Alhambra est la Torre Vela (tour de la voile) avec sa cloche au sommet. Avec ses 28 mètres de hauteur sur quatre niveaux, elle offre un remarquable panorama sur toute la ville et la plaine (photo de droite avec la cathédrale) mais aussi la Sierra Nevada. La cloche, apportée par les catholiques depuis la Castille pour saluer la victoire sur les Maures, devait prévenir toute attaque, mais servait aussi pour marquer les moments importants de la journée, comme les périodes d’arrosage des champs pour les agriculteurs.

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1 - Torre Vela
2 - vue sur la cathédrale



les palais nasrides – le Mexuar


Le Mexuar des palais Nasrides est la première salle dans laquelle on pénétrait : c’est ici, dans cette salle de réception publique, que le sultan et les vizirs recevaient la population. Il a été profondément remanié au fil des siècles, jusqu’à servir de chapelle baroque pour célébrer la visite du roi Philippe IV, ce qui explique la présence de deux couronnes royales en relief sur le mur (on en distingue une sur la photo ci-dessous). Cette longue salle servait aussi de salle d’attente lorsque le sultan dictait les sentences judiciaires. A l’origine, ce dernier pouvait, d’un premier étage aujourd’hui disparu, voir la foule sans être vu.

Mexuar



palais de Comares – Salle de la chambre dorée et son patio


Ce patio doit son nom aux mocarabe dorés peints durant l’époque des rois catholiques. Il donne sur un des plus beaux des palais nasrides, celui de Comares (qui a donné son nom à une des tours de l’Alhambra). Ci-dessous voici la somptueuse façade du palais, construite en 1369 par Muhammed V après sa victoire sur Algeciras. La porte de gauche, strictement privée, était l’entrée principale de sa résidence ; c’est une porte somme toute modeste lorsque l’on voit la richesse intérieure qui se cache derrière, mais cela représente une caractéristique de l’architecture arabe, avec des entrées souvent petites et dissimulées, renfermant des trésors insoupçonnables. Celle de droite était pour le service. Quant aux petites fenêtres avec moucharabiehs de l’étage supérieur, elles étaient destinées aux femmes.

façade palais de Comares

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1 - entrée palais de Comares
2 - cour principale
3 - le beau portique et ses trois arcs soutenus par des colonnes aux chapiteaux finement travaillés
4 - détail d’une des parois de la chambre dorée du palais de Comares
5 - cette alcôve aux nombreuses stalactites (mocarabe) donne sur le patio principal du palais de Comares

Vero dans le patio avec une petite fontaine en marbre au centre. C’est ici que le sultan recevait les gens ayant obtenu une audience. Il se tenait assis entre les deux portes, entouré de ses gardes.

splendide plafond à caissons mudéjare de la chambre dorée (Cuarto dorado)



palais de Comares – patio des Myrtes (Arrayanes)


Au coeur du palais de Comares, au pied de la haute tour du même nom, voici le beau patio des Myrtes, ou patio Arrayanes (myrte en arabe hispanisé). Le bassin est dominé, outre la tour, par le haut bâtiment (photo de gauche) qui abritait le sultan et ses quatre femmes officielles. Malheureusement il ne subsiste que la façade, tout le reste des habitations ayant été rasé pour permettre l’édification du palais de Charles Quint dont on aperçoit les murs au-dessus. D’ailleurs l’empereur chrétien fit même creuser un passage (aujourd’hui scellé) entre son palais et le patio arabe pour s’en servir de lieu de détente. Il fut achevé par Muhammed V en 1370, et pensé comme le coeur de son pouvoir : salon des Ambassadeurs au nord, dans la tour de Comares, habitations des concubines au sud, chambres du sultan et de ses femmes à l’est et à l’ouest. Signalons aussi que le nom du patio a plusieurs fois changé au fil des siècles : s’il se nomme aujourd’hui patio des Myrtes parce que bordé de buissons de myrte, on l’a appelé aussi patio de l’Etang (on devine pourquoi, avec un tel bassin de 34 mètres de longueur), patio du Bassin. Les colonnes cubiques que l’on voit au premier plan sur la photo de droite portent des inscriptions de louange à Dieu.

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1 - patio des Myrtes
2 - patio des Myrtes détail



les femmes du sultan... Un sultan, d’après le coran, ne pouvait pas avoir plus de quatre femmes : ce sont les officielles, dont certaines peuvent se remarier à la mort du monarque mais d’autres non. Ensuite viennent toutes les autres non officielles, qui sont des esclaves, donc des femmes non musulmanes, car une musulmane ne peut être réduite à l’esclavage. Parmi ces dernières notons  les concubines, qui peuvent devenir épouses si elles ont un enfant avec le sultan, ainsi que les eunuques. Le harem, interdit aux hommes, était donc très hiérarchisé.


palais de Comares – salle de la Barque et salon des Ambassadeurs


Le plafond (récent – 1964 – en remplacement de l’ancien consumé lors d’un incendie) en forme de nef qui a donné son nom à la salle (ou plutôt antichambre – 4 mètres seulement de largeur pour 24 mètres de long) précédant, dans la tour de Comares, le somptueux salon des Ambassadeurs. L’appellation de Salle de la Barque est d’ailleurs une erreur de traduction faite par les espagnols, qui ont confondu le mot arabe « bénédiction » – qui se prononce « baraka » avec le mot « barca ». C’est donc la salle des Bénédictions, car ses murs sont couverts de louanges à Dieu ; on y trouve aussi la devise de la famille nasride : « seul Dieu est Vainqueur ». Aux deux extrémités se trouvent deux petites chambres.

plafond salle de la barque

L’incroyable plafond du salon des Ambassadeurs. Cette grande salle de 18 mètres de hauteur, carrée, se trouve dans la tour de Comares. C’est la salle la plus richement décorée du palais, pour impressionner les visiteurs lors des réceptions officielles autour du trône du sultan qui était là. A l’époque, le sol était recouvert de marbre. Ce plafond symbolise l’univers avec les sept cieux du Paradis islamique. La partie centrale de la coupole symbolise le huitième ciel, celui du trône de Dieu. Véritable chef-d’oeuvre de marqueterie islamique, ce plafond est en bois de cèdre incrusté de nacre, d’argent et d’ivoire pour représenter les étoiles.


la marqueterie... A l’origine de la marqueterie, il y a l'incrustation, dont les Arabes sont passés maîtres : le bois est creusé pour y insérer d’autres éléments d’un matériau différent. Plus les ajouts sont nobles, plus la pièce prend de la valeur
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1 - Le salon des Ambassadeurs et son raffinement incomparable. Des niches ouvertes dans le mur conduisent à de petites chambres à balcons. Le sultan et les vizirs pouvaient s’y tenir, auréolés de la lumière venant taper sur des vitraux multicolores (les panneaux de bois sont plus tardifs, venant en remplacement du verre brisé lors de l’explosion d’une poudrière au XVIème siècle). Les petites fenêtres supérieures, finement sculptées, imitent une broderie de tapis et ajoutent au jeu de lumière sur les murs.

2 - tous les murs sont recouverts d’éléments décoratifs, mais aussi de poèmes, de louanges à Dieu, de textes du Coran…

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1 - détail d’une des alcôves du salon des Ambassadeurs
2 - le bassin de la cour des Myrtes depuis la salle de la Barque

Jeux de reflets dans le bassin du patio des Myrtes, surmonté de la tour de Comares qui abrite le salon des Ambassadeurs.



Palais des Lions – cour des Lions


La fameuse cour des Lions  a donné son nom au deuxième palais nasride le mieux conservé, accolé à celui de Comares : le palais des Lions. Le Coran interdisant toute représentation d’humains et d’animaux afin d’éviter l’idolâtrie, la célèbre fontaine ne peut être mauresque ! En réalité, elle est très ancienne, XIème siècle, et de style juif : les 12 lions représenteraient les 12 tribus d’Israël, chacun des fronts des animaux étant estampillé d’une étoile de David. Mais les Arabes, lors de leur conquête de la péninsule, récupérèrent ces lions et supprimèrent les étoiles. C’est ainsi que, ramenés à Grenade, ils constituent un des plus fameux décors architecturaux qui soient.

Les espagnols furent stupéfaits devant la beauté de cet endroit lorsqu’ils découvrirent le palais mauresque en 1492. Nous, lors de notre visite de 2011, le fûmes un peu moins devant les travaux de restauration (nécessaires certes) de la cour, avec les fameux lions bien nettoyés placés dans une pièce attenante… Il est bien curieux en tout cas de voir qu’un des symboles les plus forts de l’Alhambra ne soit pas du tout arabe.

 

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1 - détail des lions
2 - on aperçoit au fond un des deux pavillons s’avançant dans le patio
3 - Cette cour symbolise le jardin du Paradis avec sa fontaine-oasis entourée de colonnes-palmiers.
4 - détail de la décoration


Si « palais des Lions » est donc une appellation des espagnols, c’est bien le palais de Muhammed V dont il s’agit. Ce dernier, grand ami de Pierre Ier le Cruel qui deviendra plus tard roi des Chrétiens, impose un nouveau style mêlant l’architecture arabe florissante et l’architecture chrétienne naissante à Grenade : le style mudejar. On remarquera ainsi la cour des Lions entourée de colonnes qui ne sont pas sans rappeler la disposition d’un cloître. Le patio permet d’accéder aux différentes salles de la famille royale : salle des Mocarabe à l’ouest, salle des Rois à l’est, salle des Deux Soeurs au nord, et des Abencérages au sud. Cette cour des Lions a subi des transformations, comme bien souvent, et était à l’origine un jardin. Aujourd’hui, quatre canaux conduisent l’eau vers la fameuse fontaine centrale.

décoration de la cour des lions



palais des Lions – salle des Abencérages


La fastueuse salle des Abencérages doit son nom à une légende voulant que des chevaliers abencérages (peuple arabe) furent égorgés ici. Sa fonction première était salle de réception et de banquet durant l’hiver, car des braseros permettaient de la chauffer plus facilement qu’une autre, ne possédant aucune ouverture vers l’extérieur. Elle servit aussi de chambre au sultan. Le clou de la pièce est bien sûr sa coupole en mocarabe avec ses fenêtres laissant entrer les rayons du soleil.

dôme des Abencérages


les Abencérages... Les Abencérages étaient une puissante tribu maure du royaume de Grenade, opposée aux Zégris, une autre tribu. D’après la légende, le roi Boabdil, dernier émir nasride de la ville, fit massacrer dans l’Alhambra 36 Abencérages, et la fontaine de la salle fit couler non plus de l’eau mais du sang. Le massacre aurait peut-être comme origine un soupçon de l’émir sur une relation amoureuse entre la sultane et un Abencérage. L’écrivain Chateaubriand s’est emparé de la légende dans son roman les aventures du dernier Abencérage.

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1 - salle des Abencérages
2 - détail de la plinthe d’azulejos de Seville datant du XVIème siècle



palais des Lions – salle des Deux Soeurs


Cette somptueuse salle des Deux Soeurs occupe la même fonction que le mexuar : hall de réception et salle de trône. Son nom ne provient aucunement d’une légende familiale mais de la présence sur le sol de deux grandes dalles jumelles en marbre. La salle des Deux Soeurs était le centre de la résidence de la sultane, mère de Boabdil, qui y habitait avec ses enfants. Sa construction par Muhammed V remonte au milieu du XIVème siècle, à une époque ou ni le palais ni le patio des Lions n’étaient encore édifiés. Une porte permettait également d’accéder aux jardins du Partal (ci-dessous). Encore une fois, c’est en levant la tête que l’on voit le summum de l’art arabe : l’incroyable coupole en mocarabe avec son éclairage parfaitement étudié.

coupole de la salle des Deux Soeurs

ensemble de la salle des deux soeurs



les jardins du Partal


« Partal » vient de l’arabe et signifie « portique » : de la vaste demeure du sultan Yussuf III, il ne subsiste en effet qu’un petit portique au nord des autres palais nasrides. Les autres demeures furent malheureusement rasées par les espagnols car trop éloignées du palais de Charles Quint qui ne pouvaient les utiliser pour ses loisirs. En fait, les quelques terrasses qui rendent pittoresques les jardins du Partal sont les fondations de ces anciennes maisons. Ce portique à cinq arches s’ouvrant sur un vaste bassin, avec son unique tour (la tour des Dames) représente un des bâtiments les plus anciens de tout l’Alhambra ; il est placé sur la ligne de murailles qui entourent le site. On distingue à gauche du palais trois petites maisons arabes postérieures au portique.

 



le Generalife


Le palais du Generalife est à l’écart des autres palais nasrides, sur une petite colline au nord, et il servait de lieu de retraite et de repos pour les sultans voulant fuir l’agitation de l’Alhambra. L’ensemble fut profondément remanié après la Reconquista : ajout de fontaines pour créer des jets d’eau, ouverture d’arcades tout au long du mur surplombant la colline de l’Alhambra, ajout d’un étage au palais… On voit parfaitement ces changements sur la photo ci-dessous au niveau du patio des Cyprès. Pour les Maures, un jardin intérieur doit être absolument fermé (il suffit de voir plus haut le patio des Myrtes ou celui des Lions), et il n’aurait pas été imaginable d’ouvrir des arcades, qui offrent, du coup, une belle vue sur l’Alhambra.

patio du Generalife




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Espagne - Grenade, le dernier bastion Espagne - Grenade, le dernier bastion Reviewed by RENOULT on 09 décembre Rating: 5

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