Croatie - Dubrovnik, la perle dalmate
Dubrovnik, ancienne Raguse (les habitants s’appellent toujours les ragusins), est une splendide ville-musée enserrée dans de hauts remparts, donnant sur le bleu intense de l’Adriatique. Celle qui rivalisa avec Venise pour la maîtrise des routes commerciales est aujourd’hui, avec le lourd passé que l’on connaît, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, et une étape obligatoire d’une visite de la Croatie. Car c’est bien une vraie perle que Dubrovnik, située au sud du pays, dans la partie croate la mieux préservée et la plus sauvage, non loin de tout un chapelet d’îles remarquables. Quand on est là d’ailleurs, il ne faut pas hésiter à pousser plus au sud, pour visiter les bouches de Kotor, au Monténégro, également patrimoine de l’humanité. Bref, si on ajoute à Dubrovnik un petit saut sur l’île toute proche de Lokrum pour souffler après la visite des splendides pierres, on aura compris que cette ville a été pour nous un véritable coup de coeur…
vue saisissante des toits aux tuiles rouges (que la ville de Toulouse offrit après les bombardements de la guerre yougoslave) depuis les remparts. Le regard porte jusqu’à la boisée île de Lokrum à l’arrière-plan.
une ville de remparts…
La vieille ville de Dubrovnik est intra-muros : c’est une des villes au monde qui a gardé les plus belles fortifications. Et c’est un premier coup de coeur lorsque l’on vient de la route principale surplombant la ville, avec tous ces toits rouges serrés les uns aux autres, se détachant sur le bleu de la mer. Ces incroyables remparts, inviolés durant tout le Moyen-Age, furent édifiés entre le XIIème et le XVIIème siècle. Ils ont une hauteur variable, atteignant 25 mètres au plus haut, pour une longueur totale de presque deux kilomètres. Quatorze tours, cinq bastions, et la forteresse Saint-Jean viennent compléter l’ensemble.
vue plongeante sur Dubrovnik
la ville possède quatre portes, deux donnant côté mer sur le port, deux côté terre. Mais là encore toutes les précautions ont été prises car aucune porte ne donne directement sur les ruelles de la ville : il fallait encore franchir une sorte de zigzag sinueux qui permettait aux habitants de ne pas être pris au dépourvu. La porte Pila fonctionne donc sur le principe d’une double porte avec un pont-levis (qui était à l’époque hissé chaque nuit) et un passage sinueux en pente. Au-dessus de l’arc principal se trouve une statue du saint protecteur de la ville, Saint Blaise.
une histoire bien mouvementée... Les archéologues, depuis les fouilles répétées des dernières années, notamment au fond du port, sont de plus en plus unanimes : la ville de Raguse remonte à plusieurs siècles avant notre ère, certainement fondée par des grecs, qui auraient été attirés par l’endroit, une vaste plage de sable, rare dans les environs. Les bases de la future puissance maritime étaient posées. Durant le Moyen Age, la ville passa sous influence byzantine à la chute des ostrogoths puis, après les croisades, sous la souveraineté de Venise (XIIIème siècle). L’âge d’or de la ville se situe plus tard, durant le XVIème siècle, lorsque sa puissance maritime atteint son apogée, grâce à son alliance solide avec Ancône, autre port de l’Adriatique situé sur la côte opposée, en Italie. Cette union pouvait leur permettre de contrecarrer les projets vénitiens de maîtriser l’ensemble de la mer. Ayant toujours prôné la Liberté (« la liberté ne se vend pas même pour tout l’or du monde » étant d’ailleurs sa devise), Raguse fut le premier Etat européen à abolir l’esclavage en 1416. Mais les choses vont se gâter ensuite avec la domination ottomane dans cette partie de la Méditerranée : vaincues, les autorités de Raguse doivent abandonner deux portions de territoire, qui sont aujourd’hui encore les seuls accès de la Bosnie à la mer. Au XIXème siècle, la ville est envahie par les troupes napoléoniennes. C’est en 1918 que Raguse devient Dubrovnik, incorporée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis à la Yougoslavie. Et c’est l’année 1991 que tout le monde retient : lors de la guerre d’indépendance croate, la ville est encerclée par l’armée populaire yougoslave et fait l’objet de tirs nourris de l’armée serbo-monténégrine durant de nombreux mois. 60% de la ville furent endommagés. Aujourd’hui, les traces du passé ont disparu et l’on peut à nouveau admirer la fantastique Raguse…
depuis les remparts, vue sur la rue principale de la ville, Stradun, ou Placa. Sur 300 mètres de longueur entièrement dédiés aux piétons, la Placa suit un ancien canal comblé qui coupait autrefois la ville en deux. Cette rue très ancienne remonte au XIIème siècle, et reçut ses pavés au XIVème. En calcaire d’une blancheur éclatante, ils sont polis par le temps et terriblement glissants. C’est une sensation agréable de remonter la rue en patinant le long des façades ! Toutes les maisons de la rue -et même de la ville- sont d’une incroyable unité architecturale, avec la même conception.
vue plongeante sur la jolie fontaine d’Onofrio. Elle délivre de l’eau potable bien rafraîchissante en été de ses 16 côtés. Elle date de 1444 et fait partie du vaste et complexe système d’alimentation en eau créé à l’époque : l’eau que l’on boit ici a été amenée par des canalisations depuis un puits situé à plus de 20 kilomètres de la ville ! Sur la gauche, on voit la façade de l’église Saint Spas (XVIème siècle)
En dehors de la vieille ville, fut construite la forteresse de Saint-Laurent, à 37 mètres de hauteur au dessus de la grande bleue. L’édifice est bâti sur trois niveaux différents, autour de trois cours, ce que l’on devine bien en la voyant de l’extérieur. Les murs exposés au feu ennemi font 12 mètres d’épaisseur ! Comme c’était un lieu stratégique de la plus haute importance, une sorte de verrou qui ne devait absolument pas sauter, les autorités avaient décidé de changer le corps de garde de la forteresse tous les 30 jours afin de s’assurer de leur loyauté : et ils n’avaient pas le choix car les rations de nourriture dans l’enceinte étaient calculées pour durer ces trente journées, pas une de plus.
3 - Les murailles côté mer sont bien moins épaisses que celles donnant côté terre, pour une raison d’accessibilité évidente : il était plus important de construire d’épais murs face aux zones les plus susceptibles de voir l’ennemi arriver.
4 - murailles
retour au niveau du sol…
L'église Saint-Blaise est une église baroque construite au début du XVIIIème siècle pour remplacer un ancien édifice ravagé par les flammes. La riche façade avec ses quatre colonnes corinthiennes, un portail travaillé et de nombreuses statues, contraste avec la sobriété des édifices aux alentours. L‘intérieur, de forme rectangulaire, possède un dôme central.
1 - intérieur de l’église Saint-Blaise
2 - cette statue de Saint Blaise montre le Saint tenant dans sa main gauche une maquette de Dubrovnik d’avant le séisme de 1667 qui la détruisit presque entièrement, et constitue donc un instantané d’une ville à jamais perdue. La statue est vénérée car, miracle, elle sortit indemme du violent incendie qui ravagea l’ancienne église dans laquelle elle se trouvait.
2 - cette statue de Saint Blaise montre le Saint tenant dans sa main gauche une maquette de Dubrovnik d’avant le séisme de 1667 qui la détruisit presque entièrement, et constitue donc un instantané d’une ville à jamais perdue. La statue est vénérée car, miracle, elle sortit indemme du violent incendie qui ravagea l’ancienne église dans laquelle elle se trouvait.
3 - la statue de Roland (1418) se trouve entre le palais Sponza et l’église Saint- Blaise. Il symbolise le désir de liberté de la République de Dubrovnik. Le neveu de Charlemagne brandit une grande épée, et la longueur de son avant-bras, 51,1 cm, servait d’étalonnage pour la coudée, l’unité de mesure alors en vigueur dans la ville.
le palais Sponza a de tous temps été le monument public le plus important de la ville ; bel exemple d’harmonie Renaissance pour les arcades du rez-de-chaussée et gothique pour les fenêtres du premier étage, il servit aussi bien de maison que d’entrepôt. Au deuxième étage, on retrouve le style renaissance, et sur le toit, encore le gothique. Le palais abrite aujourd’hui des expositions
1 - la tour de l’horloge est un édifice emblématique ; sa structure remonte au XVème siècle. Deux soldats en bronze viennent frapper les heures sur une énorme cloche de deux tonnes.
2 - alignement de la belle rue de Placa ; au premier plan sur la droite, la galerie à colonnes du palais Sponza
2 - alignement de la belle rue de Placa ; au premier plan sur la droite, la galerie à colonnes du palais Sponza
3 - le palais du Recteur. Les colonnes et quatre des chapiteaux sont gothiques. La loggia voûtée est parfaitement harmonieuse.
4 - la cathédrale de la ville, une fois encore, remplaça un ancien monument détruit par le tremblement de terre déjà évoqué. Elle est de style baroque (XVIIème siècle)
5 - même endroit que plus haut, mais vu du plancher des vaches, la fontaine d’Onofrio et l’église Saint Spas
monastère dominicain
Dubrovnik possède deux beaux monastères, l’un franciscain, l’autre dominicain, celui que nous avons visité. Mélange de styles gothique et renaissance, il possède un somptueux escalier permettant d’arriver au monastère proprement dit.
monastère dominicain
notez que les délicates ouvertures dans le parapet ne sont pas découpées jusqu’en bas, afin que les passants ne puissent observer les mollets nus des femmes qui se dirigeaient vers le haut des marches…
Le monastère possède un très joli cloître arboré (orangers), de style gothique flamboyant.
3 - la tour de l’Horloge est un étonnant mélange de styles : roman, gothique et baroque !
4 - Le monastère possède également plusieurs toiles importantes, et parmi celles-ci deux chefs-d’oeuvres de maîtres : Marie Madeleine avec Saint Blaise et l’archange Gabriel, retable du Titien (1554)
5 - Crucifixion de Paolo Veneziano (XIVème)
L’intérieur de l’église consiste en une simple nef à triple ouverture gothique surmontée de la Crucifixion de Paolo Veneziano.
en route pour Lokrum
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1 - port
2 - la forteresse de Saint-Jean, ou Mulo, ferme le port au sud. C’est un complexe monumental qui permettait de contrôler l’accès au port. Les habitants avaient pris pour habitude de jeter de lourdes chaînes entre ce bâtiment et la jetée qui lui fait face afin de renforcer encore la sécurité de la ville
A quelques encablures de la furia citadine, voici l’île de Lokrum. Un petit quart d’heure de bateau seulement depuis le port. Et une assurance de beaux paysages. Il subsiste quelques monuments sur l’île, du temps où l’archiduc d’Autriche Maximilien y possédait une demeure, avec de beaux jardins, ainsi qu’un fort au point culminant de l’île (96 mètres) édifié par les français.
île de Lokrum
Le nom Lokrum vient du latin « acrumen », fruit aigre, car on y cultivait, depuis le XIème siècle avec l’installation de bénédictins, des fruits exotiques. Une légende veut que, de retour de ses campagnes de Croisades, Richard Coeur de Lion ait fait naufrage dans les parages de l’île avant d’être rejeté sur ses côtes par les courants.
Aujourd’hui l’île est protégée et classée réserve naturelle. On peut y croiser de nombreux paons qui circulent là en totale liberté, rapportés des îles Canaries par Maximilien lui-même. Une des curiosités de Lokrum est sa « mer morte », petit bassin d’eau salée de dix mètres de profondeur communiquant avec la mer.
en quittant Lokrum
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Croatie - Dubrovnik, la perle dalmate
Reviewed by RENOULT
on
28 novembre
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