Bolivie - Sucre, sa ville, ses dinos, sa cordillère
Sucre est la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Abritant 250 000 habitants, elle se situe dans la partie centre-sud du pays, à une altitude de 2750 mètres. C’est une belle ville coloniale, fondée au XVIème siècle par les Espagnols, aux nombreux bâtiments baroques qui l’ont faite classer au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1991. Pour nous, après les journées éprouvantes dans le nord-Chili et avant une magnifique épopée dans le Lipez, ce fut surtout l’occasion de nous
reposer en flânant dans les larges avenues aux pavés lisses, et aussi de faire deux excursions très différentes mais toutes deux captivantes : un bond de millions d’années au temps des dinosaures, car Sucre possède des vestiges de traces mondialement réputées ; et une belle randonnée de deux jours au coeur d’une cordillère qui se trouve à quelques heures de trajet : Frailes.
sur le chemin du cratère de Maragua, dans la Cordillera de los Frailes
Sucre
C’est en 1538 que la ville fut fondée, avec au début le nom de « Charcas », le nom d’un peuple qui habitait la région. Un siècle plus tard, on la rebaptise « la Plata » et devient le centre judiciaire, religieux et économique de cette partie du pays. Ce n’est qu’en 1839, année où elle devient capitale de la Bolivie, qu’elle prend son nom actuel de « Sucre », en l’honneur d’un homme, Antonio José de Sucre, grand ami de Simon Bolivar, le libérateur du pays. Après le déclin économique de la toute proche Potosi, dont tout l’argent des mines avait de plus en plus de mal à s’écouler, Sucre, trop isolée dans cette partie de la Bolivie, perdit de son importance, laissant à la Paz le privilège d’accueillir le siège du gouvernement.
vue des toits de la ville depuis la terrasse de notre petit hôtel. Sucre a conservé de splendides monuments et est surnommée « la ville blanche ». L’impression qui s’en dégage est très agréable : aérée, propre (on est loin de La Paz…), bien planifiée au niveau architectural, avec de nombreuses églises et couvents disséminés dans la ville.
Voici maintenant un fait moins connu concernant Sucre, mais qui en fait pourtant un lieu unique au monde : à 6 kilomètres seulement de la ville, dans une vaste cimenterie, des travailleurs sont tombés par hasard en 1994 sur d’étranges traces de pas dans la roche… ils venaient de mettre à jour le plus grand site mondial de traces de dinosaures ! Sur une vaste falaise quasi-verticale (horizontale bien évidemment lors du passage des reptiles mais relevée ensuite par la tectonique), ce sont pas moins de 5000 traces de pas de 250 individus ! Un vrai témoignage datant d’au moins 65 millions d’années, avant la surrection des Andes !
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1 - en route pour la cimenterie
2 - vue de la désormais célèbre falaise de la cimenterie qui accueille les milliers de traces. D’une hauteur de cent mètres et d’une superficie de 25 000 m², ce livre ouvert est exaltant. Si, de loin, on a simplement l’impression de voir une paroi couverte de trous, un examen attentif en s’approchant laisse une toute autre image : on voit clairement la forme des pattes, des orteils etc… et de différentes tailles. Tous ces pas se croisent, filent en ligne droite, font demi-tour… on s’y croirait ! Les paléontologues ont même repéré des scènes de chasses. Les trois espèces les plus représentées sont du genre Tyrannosaurus, Brontosaurus et Triceratops.
vue rapprochée de centaines de traces. Quand on est au pied, c’est franchement impressionnant de se dire qu’ici-même se trouvaient des dinos !
Les scientifiques estiment qu’il y avait là un lac entouré d’une forêt que les dinosaures sillonnaient. Par chance, ces traces furent recouvertes par un sédiment, qui fixa la boue dans laquelle les pas étaient désormais gravés à tout jamais…
Cordillera de los Frailes
A une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Sucre s’élève une sauvage cordillère peu connue mais à découvrir absolument. En son sein se trouve une vaste caldeira de 8 km², Maragua. Pour s’y rendre, nous avons pris un camion depuis la ville et avalé les kilomètres dans la poussière, jusqu’au petit village de Chaunaca, avec sa petite église.
1 - vue générale de la Cordillera de los Frailes
2 - petit village de Chaunaca à la confluence de deux rivières
3 - scène de vie dans le village
jeune fille du village de Chaunaca
Paysage superbe de collines séparées par de profondes gorges. Beaucoup d’oiseaux, dont colibris, perruches et perroquets, Julien est tout fou. Longue descente en lacets que parfois nous coupons jusqu’à Chaunaca, vers 3000 mètres. Petit village au bord d’une belle rivière, nous achetons des « denrées de première nécessité » comme dit le Lonely, c’est-à-dire boissons et gâteaux, il n’y a que ça. Au village, nous descendons vers l’église et l’école, où plusieurs gamins apprennent à hurler dans le dictaphone d’Hervé. Ensuite ils nous montrent la carte de la Bolivie sur une grande mappemonde peinte sur le mur. J’avais fait le pari avec Julien que du village c’était bien le cratère de Maragua que nous distinguions au loin, mais en fait je me suis planté, il faut suivre la rivière avec plein des zoizos, puis rapidement s’élever. Superbe chaîne de montagnes, nommée Los Frailes, celle que nous avons dégringolé de 700 mètres depuis la descente du camion. Personne n’est d’accord sur le temps qu’il nous reste à marcher : 1h ? 2h ? 2h30 ? La nuit tombe assez vite, et un petit père avec ses ânes nous rassure : trente minutes. Nous arriverons 45 minutes plus tard en haut du cratère. Ce n’est pas le Vésuve, mais un vaste cercle peu profond tapissé de champs cultivés et dont le fond est étoilé de hameaux. La nuit tombant très vite, nous décidons de bivouaquer en contrebas de la route, dans un micro canyon où l’on sera très bien. Je décide de ne pas dormir dans le duvet, jugeant la température satisfaisante. Nous mangeons les gâteaux secs (le festin ! ) puis nous couchons comme les poules à 19 heures.
petite rivière dans la Cordillera de los Frailes
le fameux cratère au soleil couchant…
préparatifs pour Uyuni
Nous rentrons sur Sucre pour préparer une belle épopée de 10 jours dans le sud Lipez. Nous louons une voiture, achetons beaucoup de denrées et plusieurs bidons d’essence. C’est parti sur des routes variées mais assez cassantes.
On récupère donc le 4X4, un Toyota Land Cruiser. Plutôt petit, mais c’est de la bonne bagnole. La galerie permet de mettre tous les sacs. Ca fait vraiment petite expédition avec deux gros bidons de 50 litres d’essence sur le toit. Hervé accroche tout bien sur la galerie, et nous partons. Temps splendide, route goudronnée entre Sucre et Potosi. Le paysage est assez monotone. Nous mettrons trois heures, soit le même temps qu’en bus, mais nous avons fait des arrêts photos. Dans Potosi, on cherche un peu la route pour Uyuni, rien n’est indiqué, et on commence déjà à beaucoup s’inquiéter pour l’essence, car le 4X4 consomme plus que prévu. Route poussiéreuse. La folie, on est recouverts de poussière, on en avale, on en mange. Arrêt près d’un cours d’eau avec de très belles formes d’érosion sur les flancs de la montagne. Puis autre arrêt pour photographier des cactus, un champ entier de piquants. Enfin, vaste plaine avec pozzines et oiseaux, dont beaucoup d’ibis des Andes et aussi des lamas. La route est pourrie et on ne voit pas les obstacles.Hervé freine brusquement pour s’engager dans un passage de gué. On abîme une plaquette de freins à droite, car dès qu’on freine fort la voiture vire à gauche. Ca commence les problèmes !! Moi qui vantait les mérites du Land Cruiser… On fait le plein d’essence : heureusement elle n’est pas chère, 3,3 bolivianos le litre, MAIS le réservoir du 4X4 fait 84 litres et nous l’avons vidé en 400 kilomètres…. Soit du 20 litres aux cents en position normale !!!! Ensuite nous commençons à remplir un gros bidon de 50 litres qui se trouve être percé au fond !! Nous sommes obligés d’aller acheter deux bidons neufs en ville. Bref, en une journée, nous relevons les problèmes suivants sur la voiture : consommation EXORBITANTE (20litres/100), problème de freins, autoradio ne rejette pas les cassettes, phare avant droit défectueux, bruit bizarre du volant, pas de joint au bidon 1, bidon 2 percé, fuite au niveau du joint du réservoir de la voiture, rétroviseur droit cassé. Avec nos deux bidons, on retourne à la station essence et c’est le sketch qui continue. Le bidon neuf fuit aussi, et ça c’est proprement merveilleux !!
Bolivie - Sucre, sa ville, ses dinos, sa cordillère
Reviewed by RENOULT
on
18 novembre
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